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Critique de mfrance


Quel personnage complexe que ce Roman Kacew, rebaptisé Romain Gary, remarquablement évoqué par Dominique Bona.
Est-ce parce qu'il fut encensé par une mère adorante, que le jeune homme, lors des quatre années qu'il passa en Angleterre au sein de la Royal Air force, combattant sur plusieurs fronts de 1940 à 1944, se montra plein de morgue, poseur, cabotin, toujours prêt à la contestation et en outre indifférent à ses camarades ?
Mais qui dès 1944, put enfin se livrer tout entier à un rôle très différent, celui d'écrivain et bien sûr, de son point de vue, écrivain à succès !

A la fois loup solitaire, pour qui écrire est une nécessité vitale à laquelle il se livre quasi quotidiennement, et personnage magnifique, hâbleur, fantasque, exubérant, pratiquant le culte de l'apparence, soit fastueuse et grandiloquente avec chemises en soie et bagues voyantes, soit dans le style babacool, ou encore desperado avec sombrero et barbe hirsute, Romain Gary fascine, ou énerve, on l'adore ou on le déteste, c'est selon ...

Mais sous ses dehors séducteurs c'est aussi un être profondément pessimiste et sceptique, rêveur et idéaliste, angoissé et fragile, pour qui, seul l'homme, c'est à dire l'être humain sans distinction de différences de sexe ou de peau, vaut la peine d'un combat.

Romain Gary a judicieusement choisi son nom de plume. Roman est logiquement devenu Romain. Quant à Gary, le jeune homme qu'il était lors de cette renaissance s'est cherché un patronyme correspondant à sa nature profonde. En effet, Gary signifie "brûle" à l'impératif en russe. Ce jeune homme ardent et passionné a donc très bien su choisir ce nom qu'il a en effet remarquablement illustré.
Il en va de même lors de la mystification Ajar, ce pseudonyme qui, clin d'oeil de Gary signifie "braise" et qui va, à son corps défendant, l'entraîner beaucoup plus loin qu'il ne l'aurait souhaité !

Résistant et Compagnon de la Libération, apolitique mais sincère admirateur du général De Gaulle, diplomate, passionnément attaché à la construction de l'Europe, rôle dont il se lassera comme il fera de tous les postes diplomatiques qu'il va occuper, scénariste, mais avant tout écrivain et encore écrivain ....

Dans ses vagabondages à travers le monde, il ne s'intéresse ni à la culture ni aux monuments, mais il cherche uniquement à se délivrer de lui-même, car, seuls comptent pour lui le départ, les aventures et la recherche d'identités nouvelles qu'il fera vivre à travers un livre.

Il exprimera avec humour sa peur du temps qui passe et de la vieillesse dans un de ses derniers ouvrages "la nuit sera calme"
"la mort ? Très surfait, on devrait essayer de trouver autre chose."
Et s'il n'a pas trouvé autre chose, il a, du moins, choisi sa manière de disparaître en laissant à la postérité une oeuvre riche et remarquable, dont le sens pour lui se concentre entièrement dans cet extrait de "la promesse de l'aube" :
"Avec l'amour d'une mère, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais".
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