Citations sur Dictionnaire de la peinture par les peintres (21)
Il reste, devant une peinture, à accepter qu’Alberto Giacometti ait seul raison : « … il n’y a rien à comprendre, il suffit de regarder. » Et donc à apprendre à regarder. Et il reste encore à se le tenir pour dit une fois pour toutes et à avoir toujours en mémoire ce propos de Jules Renard noté dans son Journal le 8 janvier 1908 : « Quand je suis devant un tableau, il parle mieux que moi. »
Règle du jeu : une peinture n’est une peinture que lorsqu’elle « dit » autre chose que ce qu’elle « raconte ». Quant à savoir ce qu’elle « dit », c’est une autre histoire… La solution, s’il y en a une, est de méditer cette remarque du peintre Gérard Garouste : « J’aime l’idée qu’on représente une chose et qu’on en raconte une autre. »
En quelques siècles, on est passé du secret à des nuanciers qui énumérèrent les noms de couleurs fières de leur origine comme Terre de Sienne – brûlée ou non –, Bleu de Prusse, Violet d’Egypte, Rouge de Chine ou de Venise, Jaune de Naples, aux pigments chimiques et à des codes pareils à ceux des colorants mentionnés sur certains emballages du genre E 110 qui donne un jaune orangé ou E 124 à l’origine d’un rouge cochenille.
Face à une peinture – quelle que soit l’érudition de l’un ou l’inculture de l’autre –, l’émotion ressentie est et ne peut être que juste. Plus ou moins intense, subtile ou profonde peut-être, mais nécessairement juste.
Le spectateur s'arrête, la critique s'arrête : la poésie commence. Autrement dit, les mots s'arrêtent là où l'incommunicable est communiqué. Pierre Soulages
Sam Francis faisait ce commentaire encore :" Les musées devraient ressembler à la rue. Ils devraient être ouverts tout le temps. Pas de mystique, pas de mise en valeur. Rien qui proclame : ceci est un chef-d’œuvre. Les choses sont là, c'est tout."
Ni la gloire ni la célébrité ne sont les antichambres de la postérité. Celle-ci ne tient pas nécessairement compte des jugements que les contemporains d’un peintre ont pu porter sur son œuvre. On a adulé ceux-ci ? Elle s’en détourne. On a dédaigné tel ou tel ? Elle salue la valeur de son œuvre. Implacable, elle opère son tri.
Reste à se méfier des biographies d’artistes. Et à tenir compte de cet avertissement du peintre Bazaine : « La vie d’un peintre, c’est à rebours qu’elle se déroule : le peintre naît vieux. La jeunesse en peinture, se conquiert lentement : elle sera donnée en prime aux vieillards méritants. »
Ces –ismes, qui ne peuvent être que méprisables ou absurdes aux yeux des peintres, auront été conçus par l’engeance que sont les critiques. C’est l’avis de
- George Rouault qui écrit en 1931 : «Les critiques ont la rage de vous chercher un état civil pictural, de vous lier à tel mouvement »
- Mark Rothko qui affirme en 1957 à propos d’un article que « l’auteur devrait savoir que classer c’est embaumer ».
- Picabia : « Les classement ne sont que l’expression d’une communauté ou d’un troupeau, ce qui est la même chose ».
La peinture n'est jamais de la prose, c'est de la poésie, elle est écrite en vers avec des rimes plastiques. Pablo Picasso