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Critique de Aela


Aela
24 novembre 2020
Premier roman de Cathy Bonidan, institutrice de Vannes et déjà quel talent! Un sujet difficile pourtant, celui de l'internement en centre psychiatrique des jeunes "difficiles" dans les années cinquante. Un sujet que l'auteure maîtrise parfaitement, après un long travail de documentation.

Le titre vient de la fleur de l'hellébore, qu'on appelait "herbe aux fous" et censée soigner la folie dans l'Antiquité.

En effet le livre va nous entraîner dans les milieux psychiatriques et dans le vécu de plusieurs personnes qui seront soignants ou internés dans le centre psychiatrique Falret, centre avant-gardiste à l'époque. Un établissement qui sort de l'imagination de l'auteure mais qui reste réaliste compte tenu de la médecine de l'époque.

Dans ce centre, deux jeunes femmes au parcours différent a priori: Anne, qui vient de louper son bac, envoyée pour "aider" son oncle directeur du Centre, on comprend par la suite qu'elle a été envoyée là pour l'éloigner de certaines fréquentations, et Béatrice, jeune fille de quatorze ans, qui souffre d'anorexie.
Les deux jeunes filles vont sympathiser rapidement et observer le jeune Gilles, onze ans, au comportement étrange qui lui vaut le qualificatif de "débile" nom donné par les autres patients. Gilles souffre d'autisme et ne peut bénéficier de soins appropriés compte tenu des connaissances de l'époque.

Toutefois c'est seulement en présence du jardinier, Serge, que Gilles parvient à s'exprimer. Gilles est fasciné par les activités du jardinage. C'est le seul moment où Gilles arrive à communiquer avec le monde extérieur et cesse ses crises.


Nous découvrons le comportement de Gilles au travers des lettres que Anne envoie à son amie Lizzie, restée à Bordeaux. Béatrice, quant à elle, tient un journal et ce journal nous permet de comprendre comment elle vit sa maladie d'anorexie, on voit sa vision du monde. Elle ne se rend pas compte de ce qui lui arrive. Son besoin de contrôle est si grand qu'il la conduit à nier sa maladie et à la présenter comme un choix.

Soixante ans plus tard, Sophie, jeune étudiante en psychologie, tombe sur le journal de Béatrice et va mener une enquête pour découvrir ce que chacun de ces personnages est devenu.
Qu'est devenu Gilles? Est-il resté longtemps dans le Centre Falret? Pourquoi le journal de Béatrice s'arrête-t-il l'été de ses quatorze ans? Anne et le jardinier Serge réussiront-ils à sauver les deux jeunes?
Pour trouver la réponse à ces questions, Sophie va retrouver la trace de Lizzie qui était à l'époque l'amie et correspondante de Anne.
Sophie a du mal par ailleurs à mener sa vie de femme et son entrée dans la vie professionnelle.

Tous ces personnages sont des êtres en construction et nous entrainent au coeur de leurs doutes et de leurs aspirations parfois contradictoires...

Les destins de ces personnages vont se croiser et le dénouement, magnifique, va nous donner une lueur d'espoir.
J'ai été particulièrement sensible à la manière dont l'auteure parvient à réunir des êtres décalés qui tentent d'avancer malgré leur héritage génétique, leur passé familial, leur éducation et la manière dont ils arrivent à se créer leur parcours. Tout cela avec toujours de la justesse dans les émotions et les sentiments.
Sans doute mon roman préféré pour cette année...


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