Dans un bourgeon qui se développait, il y avait cette chose folle, incroyable, des cellules minuscules qui allaient donner naissance à des feuilles et des fleurs de forme si diverses, que l'homme n'aurait jamais assez d’yeux pour les contempler, ni pour les admirer. En soulevant le moindre brin d'herbe, on découvrait l'infini. Le combat d'une araignée contre une chenille pouvait le tenir en haleine pendant une bonne demi-heure.
Ne plus se battre pour l'inessentiel : c'était là sa victoire.
Plus tard, bien plus tard, elle avait compris quelle part l'histoire personnelle de sa mère avait eue là-dedans. Elle en avait conservé, malgré tout, ce goût de la prudence, et l'idée qu'il était bon de se tenir en marge de la vie pour s'épargner la souffrance.