Projet Friendzone

"— Je rêve… Tu dois être le genre d’homme qui fait sauter ses PV avec un grand sourire à la secrétaire du bureau de police.
— Dit la fille qui pose ses seins sur le bar pour avoir un verre gratuit, répond-il en s’affalant sur le dossier du banc.
— Pure coïncidence. À l’origine c’était pour te montrer mes fesses.
Il se redresse, interloqué.
— La position de bombe sexuelle était pour moi ?
Petit garçon innocent… Trop chou !"

Prélude :
«…
— Heu… Samuel ? Je dis d’une voix qui vient de grimper de plusieurs octaves sans que je la contrôle, mais qu’est-ce que tu fais là ?
Il se fige à quelques centimètres de moi, une coupe de champagne dans la main droite, l’autre dans la poche de son pantalon.
— Je crois bien que ton... frère m’a invité.
Forcément. Un tel sens de la logique, c’est rageant. Je décide de lui sourire. Un sourire niais qui signifie «Je suis stupide mais je me soigne, ne t’en fais pas», tandis qu’il me sourit en retour, indulgent.
— Ah ben oui ! Bien sûr. Ça tombe sous le sens…
Tais-toi, cerveau…
— Qu’est-ce que tu deviens, baby Gracie ? Ça fait quoi… huit ans qu’on ne s’est pas vus .
— Neuf ans et dix mois.
Nom. De. Dieu. FERME LA, CERVEAU !
Il me sourit, visiblement peu perturbé par ma déficience mentale.
— Tant que ça ? Tu as ben grandi. La petite fille timide a laissé place à une jolie jeune femme.
D’un coup, c’est moi qui m’interroge sur sa déficience mentale, ou au moins visuelle...»

- Alors Fat Tannen? On se balade dans le coin? Oui, mon nom de famille est Tannen. Comme Biff Tannen dans Retour vers le futur. Le méchantvilain-pas-beau-et-pas-intelligent de la trilogie. Du coup Cameron s’était fait un plaisir de faire un amalgame entre mon poids, mon nom et ce personnage. Ça avait donné Fat Tannen. Et il en était très fier.

Pensée positive, Gracie, pensées positives !
Par exemple, la trace verdâtre qui est en train d'apparaître sur le fromage n'est pas la preuve d'une moisissure mais l'occasion de goûter enfin du fromage persillé.

- Mais qu'est-ce qu'il met dans ses céréales le matin? Des stéroïdes?
- Noooon, je réponds rêveuse, il met des coeurs et des arcs-en-ciel...

Je suis rarement soûle -au moins j'essaie- simplement parce que je sais qu'il me suffit de trois verres pour perdre toute contenance et j'évite de dépasser le compte. J'ai le rapport qualité/cuite assez économique.

Je fais face au plus beau sourire que la terre ait jamais vu. Un sourire kryptonite. Le genre de sourire qui vous enlève toutes vos fonctions cognitives. En tout cas, les miennes viennent de se carapater en Papouasie. Les traîtresses...

J’ai d’ailleurs très peur de l’intitulé « Cascade de poivrons et citrons confits en robe d’œufs mimosa ». Comment peut-on faire cascader des citrons ? Est-ce que le serveur va arriver en tyrolienne avec effet d’explosions en arrière fond et lâcher une punchline après une roulade avant ? « J’adore l’odeur du napalm au petit déjeuner ! Un blanc sec avec ça, mademoiselle ? » Enfin bref, je m’égare.

Moi? Je suis en plein monde des bisounours, en train de chevaucher une licorne qui pète des paillettes roses. Oui à ce point.

– Tu vas bien?
– Ça peut aller, merci.
Non je ne lui demanderai pas comment il va. Je suis fâchée. Je suis fâchée!
– Et toi?
Volonté : zéro.