Quatre ans au bord du lac Léman. Quatre ans dans une « maison mal fichue », mais « visitée par le jour ».
Les dernières années de Gustave Courbet, exilé en Suisse pour une obscure histoire politique, tel est le sujet magnifique qu'évoque
David Bosc dans «
La claire fontaine ».
Rien de contemplatif dans ce récit que la truculence de Courbet et son énergie ont tiré du côté de la vie et de la liberté, alors qu'il aurait pu se perdre dans les brumes lacustres.
Courbet qui « joue à l'ogre » et qui aime se baigner dans les rivières et dans le lac. Courbet qui fait son marché où il achète « de la saucisse, du chou cuit, un beau morceau de gruyère et une brassée de fleurs d'avril ». Courbet dont les toiles vite faites sont vendues aux « bourgeois », « pour la cheminée du salon ».
Mais aussi Courbet l'inspiré, le peintre de la jouissance féminine, de l'eau, des vagues sombres du Léman qu'il comprendra mieux que personne.
David Bosc manie les mots comme Courbet le couteau à palette. Violence et profondeur.
Quelques accents ramuziens. Un style qui oscille entre le prosaïque, le langage parlé, les « alors quoi ? » et la sensualité la plus raffinée. Les odeurs de tabac, les odeurs de feuilles, « le paysage tout autour du ventre ».
Une vraie réussite.