Monsieur Ladmiral, quand Gonzague s'en allait, n'était pas très triste de le voir partir ; mais ce départ lui rappelait qu'Irène n'était pas venue depuis longtemps. Alors, dans son adieu à Gonzague, on sentait toujours un peu le regret que cette visite n'eût pas été celle d'Irène. Gonzague comprenait, et il avait des jours où, en redescendant l'escalier de son père, bouleversé, il manquait des marches, comme un amoureux éconduit ; tous les chagrins se ressemblent.
Les jeux de la lumière sous le feuillage de la tonnelle le ravissaient, le plongeaient dans une espèce de griserie apaisante.C'était si beau, cette lumière d'été, et cette buée sèche de couleurs éclatantes sur tout le jardin, ces verts et ces rouges et cet or, et ce soleil comme un liquide ou une poudre.
Monsieur Ladmiral peignait encore, mais seulement pour son plaisir, disait-il, comme s'il eût peint, jusqu'alors, pour celui des autres.
Gonzague comprenait, et il y avait des jours où, en redescendant l'escalier de son père, bouleversé, il manquait des marches, comme un amoureux éconduit; tous les chagrins se ressemblent.
Monsieur Ladmiral n’avait jamais beaucoup aimé Marie-Thérèse [sa bru], et d’abord parce qu’elle était une employée subalterne quand son fils l’avait connue ; épouser une femme qui travaille c’était, pour Monsieur Ladmiral, aussi fâcheux et, pour tout dire, aussi vulgaire que d’aller au bureau.
Mercedes ne tenait pas à quitter une si bonne place et elle aimait bien son vieux maître. Mais celui-ci cultivait avec soin la fausse crainte de se voir abandonné, dernier souvenir qui lui restât, peut-être, de rapports normaux avec les femmes.