Le journal d'Adèle (1914-1918)

24 septembre
15 ans aujourd'hui. Et mes espoirs envolés. Ou plutôt cachés comme par un gros nuage. La guerre, c'est le temps de la vie qui s'arrête. Et quand il reprendra ce sera peut-être trop tard.

Tu sais , Adèle, quand tu seras institutrice, il faudra leur dire, aux enfants : la guerre ça ne sert à rien. Ca ne sert qu'à ceux qui nous gouvernent

Tu sais, quand tu seras institutrice, il faudra leur dire, aux enfants : la guerre ça ne sert à rien. Ça ne sert qu'à ceux qui nous gouvernent. Mais nous, les soldats, qu'on soit français ou allemand, on n'est jamais que de la chair à canon. Et si jamais on s'en sort vivant, qu'est ce qu'on aura gagné ? Rien. Il faudra toujours reprendre la charrue, tu vois, et se remettre au travail.

La guerre ça ne sert à rien. Ca ne sert qu'à ceux qui nous gouvernent. Mais nous, les soldats, qu'on soit français ou allemand, on n'est jamais que de la chair à canon. Et si jamais on s'en sort vivant, quest-ce qu'on aura gagné? Rien.

Je ne sais pas pourquoi il y a la guerre. Tout le monde est excité. On chante, on s'embrasse, on dirait une fête.

Louise qui a dix-sept ans et qui est la fiancée de Paul , et la mère Gervaise.
On ne peut pas s''empêcher , de se dire que, peut -être, ceux qu'on aime s'y trouvent, Paul,Eugène... On ne sait jamais combien de temps le train va rester.
Alors il faut se précipiter. Parfois, les wagons sont ouvert, on voit des hommes couchés dans la paille ou immobiles sur le plancher sanglant.

Comme elles sont douloureuses, ces séparations! Douloureuses au point de maudire ces permissions tant désirées...

Cette inquiétude est très lourde et, justement il faut être fort, garder ses soucis pour soi, pour ne pas augmenter l'inquiétude des autres.

Je hais cette guerre. Je hais ceux qui l'ont décidée. Je hais les Allemands. Je hais les Français.
Un jour, je déchirerai ce journal.

Je vais fermer ce cahier maintenant. Le fermer pour toujours, pour longtemps. Je vais tourner la dernière page de mon enfance. Je ne pensais pas que l'on pouvait quitter son enfance comme on ferme un cahier. Et pourtant...Le soleil est là. J'ai ouvert grand ma fenêtre. Le papillon s'est envolé. Tout à l'heure je me marie.