retouche à l'épuisement
le silence en pénombre
après l'effort garde ta pose, amour
ton image glisse de ma mémoire ouverte
les fleurs ferment leurs jeux de cartes
les buis leurs poings
la pluie tombe sur ma peine
Retouche à la chaleur
celle qui se dénude
entre les miroirs
le jour aux grands yeux la dévore
d’autres mains que les siennes
sauront franchir les gaves les collines
leur mettre un peu de nuit
Deuxième retouche à la chaleur
dans le jardin pris de syncope
l'été dort bouche ouverte
et la lumière gonfle
piquée par une abeille
retouche à passe-passe
cercles du ciel et de l'eau
le regard vous sépare et vous lie
ainsi la maison noire et la lumière
ton visage et mes yeux, double amour,
de mains étranges douces miennes
Retouche aux noces d'or
Dans la haute après-midi d'arrière-saison
la petite gare avec ses rideaux blancs
attend le couple
qui n'a pas d'heure pas de mots
nul espoir nul hiver
mais l'enchantement d'un moment après l'autre
l'orchestre des tilleuls accompagne
en sourdine
le duo des rails déserts
Retouche à l'homme
Il se fait des contes et ne peut les suivre,
la terre à sa cheville.
Alors, il redevient l’enfant inconsolable
et mains au dos
brise le jouet du temps
retouche au soleil
le jardin cerné par les trompettes
livre sa dernière ombre
la vasque où l'eau reprend son bruit de clés
à la victoire aveugle entrouvre ses trésors
retouche à la sagesse
silences aux ailes étendues
ton ombre tourne ronde et nue
lente ainsi qu'une fille aime à se faire aimer
retouche au reflet
d'un trait
l'eau coupe le paysage sans épaisseur
qui se demande qu'elle moitié vit son rêve
retouche à l'instant
l'éphémère posé sur l'étang
au cœur de cercles qui s'épuisent
devient la poignée de couvercle du monde