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Citations sur Chanson pour Frédéric (11)

Non mais, sérieusement, sortirais-tu avec lui s'il finissait par se déniaiser ?
Elle doit m'avoir posé cette question au moins trois cent cinquante fois depuis que David se trouve dans notre classe, soit environ trois ans. Chaque fois, je lui donne la même réponse, mais on dirait qu'elle l'oublie toujours.
-Ça n'arrivera pas, Joëlle. David ne s'intéresse pas à moi en dehors du cours de maths. Point à la ligne.
-Mais…
-Pas de mais. Discussion close.
Elle commence à m'énerver, Joëlle. Elle commence à m'énerver parce qu'elle me met des idées dans la tête, des idées qui sont loin d'être désagréables même si j'essaie de me convaincre du contraire. Moi, je ne veux pas me faire d'idées. Les faux espoirs, non merci, ça ne m'intéresse pas.
Pourtant, j'avoue que David a de beaux yeux…
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Assise devant mon bol de céréales, je contemple rêveusement la mer. La nuit a été désespérément courte. Raison : Joëlle. Prétexte : Martin, dont elle m’a parlé jusqu’à deux heures et demie (elle a du souffle, celle-là, quand il s’agit des gars!). Conséquence : je dois être belle à voir, les yeux à moitié ouverts et les cheveux défaits. Frédéric et Martin ne se sont d’ailleurs pas gênés pour me le faire savoir.
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Elle commence à m’énerver, Joëlle. Elle commence à m’énerver parce qu’elle me met des idées dans la tête, des idées qui sont loin d’être désagréables même si j’essaie de me convaincre du contraire. Moi, je ne veux pas me faire d’idées. Les faux espoirs, non merci, ça ne m’intéresse pas.
Pourtant, j’avoue que David a de beaux yeux...
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Ouvre-toi les yeux, bon sang, fais quelque chose! Max, ce gars-là te veut!
Nous éclatons de rire. Joëlle a de ces manières d’exprimer les choses... David «me veut»!
— Non mais, sérieusement, sortirais-tu avec lui s’il finissait par se déniaiser?
Elle doit m’avoir posé cette question au moins trois cent cinquante fois depuis que David se trouve dans notre classe, soit environ trois ans. Chaque fois, je lui donne la même réponse, mais on dirait qu’elle l’oublie toujours.
— Ça n’arrivera pas, Joëlle. David ne s’intéresse pas à moi en dehors du cours de maths. Point à la ligne.
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Se décider à faire quoi, veux-tu bien me dire? David ne veut rien savoir de moi, même si tu penses le contraire. Tu aimes trop t’inventer des histoires, Joëlle. Si tu veux y croire à tout prix, moi, ça ne me dérange pas, sauf qu’il faudrait que tu t’arranges pour qu’elles soient réalistes, tes histoires.
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Son excitation ne m’atteint pas le moins du monde. D’un ton tout à fait neutre, je lui demande si le nom de JeanFrançois Lemieux lui dit quelque chose.
Elle se calme un peu.
— Quoi, Jean-François Lemieux?
— Jean-François, ton dernier grand amour, soi-disant l’homme de ta vie, qui t’a brisé le cœur si fort que tu disais que tu ne voulais plus rien savoir des gars...
— Tu ne m’as pas prise au sérieux, j’espère? De toute façon, ce n’est pas à quinze ans qu’on le trouve, l’homme de sa vie.
— Quand même, il y a tout juste deux semaines que c’est fini et tu commences déjà à t’emballer pour un autre!
— Oui, mais là... Martin, c’est pour vrai. Cette fois, je sens que ça va marcher, qu’il va se passer quelque chose. Je n’ai jamais eu autant de frissons juste à regarder un gars. Et puis, il a quelque chose de plus que les autres... Plus tranquille, plus sérieux...
Je me demande si elle se rend vraiment compte de la situation. Tomber amoureuse du meilleur ami de son frère pourrait amener certaines frictions.
— Attention, Jo! Je ne crois pas que Frédéric sauterait de joie à l’idée que tu viennes t’imposer. Martin passe tout son temps avec lui...
— Je sais, cette histoire-là me travaille. Mais un jour ou l’autre, il va bien falloir que Martin ait une blonde, alors moi ou une autre, quelle différence ça peut faire?
— Une grosse différence. Frédéric ne serait pas du genre un peu jaloux, par hasard?
— Oui, tu as raison. Il pourrait devenir jaloux. Mais...
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Je l’ai, moi, son prétexte, et je le lui sers sur un plateau d’argent quand l’auto s’arrête. Mine de rien, je lui annonce que j’ai apporté deux revues. Les articles sur des chanteurs à la mode doivent être le dernier de ses soucis pour le moment, mais elle saute sur l’occasion avec un enthousiasme un peu trop évident.
— Ah oui? J’ai envie de les regarder tout de suite... On devrait se rendre à notre coin secret.
Notre «coin» n’a pourtant de secret que le nom. C’est un rocher découvert et nu, ni grand ni petit mais d’où on a une vue magnifique sur la mer et les îles. C’est l’endroit idéal pour nos grandes conversations sérieuses, qui traitent toujours du même sujet : les gars, évidemment.
— Tu ne trouves pas qu’il est beau?
Complètement perdue, je la regarde qui suit rêveusement le vol d’un goéland.
— Qui ça?
— Eh bien, Martin.
Mais oui, voyons. L’évidence même... — Martin qui?
Martin Bouchard, dans notre cours de chimie? Martin Gingras, le joueur étoile de l’équipe de basket de l’école? Martin Delisle, le nouveau (et jeune) prof de français?
— Martin Dionne, voyons!
— L’ami de Frédéric?
— Bien sûr, l’ami de Frédéric, qui d’autre? Sors de la lune, Max!
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— Mon frère est un danger public.
— Ferme-la, Joëlle.
— Et toi, sois poli. Regarde-toi aller avant de me donner des ordres.
— On en reparlera quand tu auras tes seize ans et ton permis, sœurette.
— D’accord. Tu ne perds rien pour attendre.
Ces deux-là s’adorent. Personne ne le croirait, à les entendre se chamailler à cœur de jour, de semaine et d’année, mais une grande complicité les unit, Joëlle et Frédéric. Une complicité que j’envie, moi qui n’ai ni frère ni sœur. Ils sont pourtant si différents. Joëlle est exubérante, impulsive et un peu tête en l’air, Frédéric est calme, posé et réfléchi. Joëlle aime le soleil, Frédéric adore les tempêtes. Joëlle parle tout le temps, Frédéric écoute beaucoup. Joëlle est rêveuse, Frédéric rationnel. Le jour et la nuit, même au physique : Joëlle a le regard d’un gris lumineux alors que Frédéric se cache derrière le mystère de ses yeux noirs. Ce n’est que par leurs cheveux châtains (indomptables chez Joëlle, toujours en place chez Frédéric) qu’on peut croire qu’ils appartiennent à la même famille.
Depuis que nous avons quitté le village, Joëlle cherche un prétexte pour m’entraîner loin des garçons à notre arrivée au chalet. Cela crève les yeux.
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Je vois d’ici ma mère au bord de la crise de nerfs, qui m’accueille en accusant David d’avoir complètement gâché son après-midi en faisant sonner le téléphone toutes les cinq minutes.
— Non, je vais t’appeler, moi. Arrête donc de t’inquiéter. Est-ce que je t’ai déjà oublié?
— Non, mais...
— Pas de mais. À demain. Et ne te couche pas trop tard ce soir.
— Oui, maman.
Il ne changera jamais, ce David.
Je cours presque pour me rendre chez Joëlle. Elle m’avait dit d’être là à neuf heures et demie. Ma montre indique neuf heures vingt-huit quand j’arrive devant la maison.
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Il y a de grosses chances, en effet. Mais il reste encore un petit espoir. Ce gars-là n’est quand même pas idiot! J’essaie de le convaincre que la matière est facile et que ça va bien aller s’il y met un peu du sien, il ne veut rien entendre. Malheureusement, j’ai promis à Joëlle, ma meilleure amie, d’aller passer la fin de semaine avec elle à son chalet. Monsieur David n’aime pas se faire dire non. Il ne se gêne pas pour me le montrer. Sa mauvaise humeur se lit sur son visage. Très cher David. Toujours aussi agréable à vivre. Je soupire.
— Écoute, on revient demain vers trois heures. Si ça fait ton affaire, on pourrait se rencontrer après le souper.
Son large sourire vaut à lui seul tous les mercis du monde.
— Je t’adore, Max.
C’est ça, c’est ça, il m’adore. Si seulement il pouvait voir en moi autre chose qu’une calculatrice vivante, peut-être qu’il m’adorerait un peu moins et qu’il m’aimerait un peu plus...
Plongée dans mes réflexions, je prends deux revues sans trop regarder ce qu’elles contiennent. J’espère que Joëlle les trouvera de son goût.
Je paie en promettant au moins trois fois à David de lui téléphoner dès mon retour.
— Tu ne m’oublieras pas? Peut-être que je devrais t’appeler moi-même?
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