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Critique de ninamarijo


Publié en 1994 par les éditions l'Age d'Homme les « Récits d'un jeune Médecin » Mikhaïl Boulgakov sont suivis de « Morphine » et « Les aventures singulières d'un docteur » réunis ici par la même thématique.

Ces « Récits d'un jeune médecin » sont autobiographique entre 1916 et 1917 Boulgakov exerça son métier de médecin dans une petite ville de Nikolskoïe (gouvernement de Smolensk)
Pour rejoindre son poste, en 1917, il parcourt nous dit-il 40 verstes en 24 heures en voiture à cheval, par un froid glacial ! Sa description nous ramène au voyage en 1890 de Tchekhov à travers la Russie ou à celui de Michel Strogoff dans sa Tarantass.
Dès la première page Boulgakov écrit : « j'avoue que dans un accès de faiblesse, je maudis tout bas copieusement la médecine et ma demande d'inscription déposée cinq ans plus tôt … » ton badin ténor au ventre replet (p 8) « Salut à toi re-e-fuge sa-a-cré… » Adieu, adieu, pour longtemps, théâtre Bolchoï, théâtre rouge et or, adieu Moscou… » le ton est donné !

Boulgakov nous livre dans sa verve caractéristique qui dégage humour et émotion, ses deux années de jeune médecin, 24 ans à peine, et fraîchement diplômé ! Il est nommé dans un village perdu, au fond de la Russie profonde et froide, avec ses hivers où le ciel et la terre se confondent et où les tempêtes de neige font rage, sortir pour visiter ses patients l'hiver est « une expédition polaire » souvent risquée. Boulgakov raconte ces premières expériences « d'Esculape », il y a comme un hiatus entre ses connaissances livresques et l'exercice de son métier. Il nous parle de ses terreurs, ses doutes dans ses diagnostics, il force même la « dose » avec un humour grinçant, une autodérision. Il doit aussi lutter contre les préjugés, les croyances et ignorances de ces contrées reculées.
On retrouve et c'est comique, les clichés conventionnels du fonctionnement d'un hôpital, l'infirmière expérimentée, dévouée et admiratrice qui vient en aide au jeune médecin, la lenteur de l'administration à répondre aux demandes… autant de petits détails, sûrement véridiques, mais qui m'ont fait sourire ! Boulgakov est agréable à lire son style et fluide, dans ces récits il est profondément humain, médecin à l'écoute et plein de compassion.

Morphine
Dans « Morphine » Boulgakov nous parle de toxicomanie à la morphine et à la cocaïne, il s'agit de drogues entraînant addiction, dépendance et accoutumance avec tous leurs cortèges d'effets nocifs : « Non ce n'est pas un « état mélancolique », mais une véritable mort lente qui s'empare du morphinomane sitôt que vous le privez de morphine, ne serait-ce qu'une heure ou deux. L'air ne suffit plus à respirer, il devient impossible de l'avaler… il n'est plus une cellule du corps qui n'ait soif… de quoi ? C'est chose impossible à définir à expliquer. Il est mis hors circuit. C'est un cadavre qui bouge, souffre et se morfond. Il ne désire rien, il ne pense à rien, excepté à la morphine. La morphine ! » Mais faut-il prendre ce récit au premier degré ? Dehors la révolution gronde, l'espoir s'éveille… En parallèle Poliakov, lui, recherche « son paradis » ! Dans son hôpital de campagne il est face à ses solitudes : l'exercice de ses fonctions, sa fuite devant son amour perdu et sa dépendance à la morphine. Sa course vers la mort est d'autant plus tragique.
Beau récit, beau témoignage !
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