Les passagers du vent, tome 4 : L'heure du serpent

Un album qui s'éloigne de l'océan pour plonger au coeur de l'Afrique avec tous ses rites et ses mystères. le roi a convoqué les blancs pour qu'Isa s'explique au sujet de la mort de deux de ses guerriers. La partie n'est pas simple : il faut ménager la chèvre et le chou, et le plus important : sortir Hoel du mal dont il est l'objet.
La façon dont François Bourgeon construit son scénario me laisse toujours aussi admiratif, n'épargnant rien. Des dessins très réalistes au service d'une histoire très documentée. Des situations et des réflexions plus vraies que nature. Même si je suis convaincu que certains propos auraient eu du mal à être tenus à cette époque, ou certaines transparences ... Mais quand on aime ...

La guéguerre entre Isa et Estienne de Viaroux a causé un sacré bazar, suffisamment pour que le roi du Dahomey souhaite juger le cas de cette « femelle » qui ose tenir la dragée haute aux hommes qui l'accompagnent. Isa va mener sa barque avec habileté et diplomatie et gagner des points. Elle espère retrouver le magicien qui a participé à l'empoisonnement d'Hoel, son chéri, afin d'inverser le sort. Mais rien n'est simple dans ce royaume où les femmes sont maintenues dans leur statut de reproductrices, où les animaux sauvages peuvent vous sauter à la gorge à tout moment et où les sables mouvants peuvent vous avaler avant que vous ayez le temps de dire ouf.

On s'enfonce dans les terres sauvages d'Afrique dans ce tome, et l'air de la mer n'arrive plus à rafraîchir les esprits. L'histoire est toujours aussi envoutante mais malgré les nombreux traits d'humour gris on sent la sueur empoisser les comportements et nous les faire considérer plus cruels encore : des femmes africaines sont condamnées à être dévorées par des fourmis, un père s'apprête à mettre une balle dans la tête de son bébé, on parque les esclaves comme des poulets dans un élevage industriel, etc.

La palme va à Jasmin. Ce nouveau personnage français nous émeut car il a été abandonné par ses compatriotes et a passé huit ans de captivité au Dahomey. Physiquement c'est une épave mais sa verve a encore du ressort. Il va pouvoir repartir avec notre équipe. Pensez-vous que ses mésaventures aient gravé dans sa philosophie personnelle un sillon d'humanité ? Tu parles ! Sitôt libre, il affirme que les Noirs ne sont que des bêtes qui ne méritent que l'esclavage et cherche à violer tous les jupons qui passent. Une pourriture.

Ce tome est parfois dur à avaler. Bourgeon ne fait pas dans le Bisounours mais c'est toujours excellent. Je lui adresse une palme spéciale pour l'énorme travail de documentation qu'il a dû abattre sur l'Afrique Occidentale du 18ème siècle.

Hoël est souffrant, empoisonné pour mieux séduire Isa. Mais elle ne va pas tomber dans le piège et se battra bec et ongles pour faire éclater la vérité et obliger Viaroux à soigner son homme, quitte à attirer l'attention du roi qui peut se montrer aussi généreux que cruel.

L'ambiance tendue, chaude et brulante de ce coin d'Afrique est parfaitement rendue. de la magie vaudou à la folie des hommes, Isa et Mary doivent se montrer très prudentes dans leur amour.
Une histoire très intéressante à lire, dynamique et avec des retournement de situations qui fait que l'on ne s'ennuie pas. Les personnages sont bien construits et tout aussi intéressant, quoique peut être pas très réalistes pour des femmes du 18e siècle mais il est d'autant plus plaisant à suivre leur parcours.

C'est horrible, c'est macabre, les morts ne se comptent plus, essentiellement parce que ce ne sont des neg... c'est répugnant, on tremble,on pleure devant tant d'injustice, de préjugés ....
La précision des planches est toujours remarquable, le détail de chaque dessin est époustouflant .... les passionnés de marine peuvent admirer les plans de la Marie Caroline ... si on prend le temps de se rendre compte où se trouve le parc aux femmes (et enfants) séparé du parc aux hommes par la soute aux voiles, peut on imaginer les conditions de ce voyage !
C'était entre Juda et Abomey en août 1781 et il paraît que le pire n'est pas encore arrivé le voyage sera encore plus effroyable ... est ce possible ?
Le bois d'ébène nous le racontera !
Mais où donc est caché le tome 5 ?

Du dépaysement, de l'aventure, de la chaleur, de la tension, un tome plutôt réussi...

Décidément, Isa va devoir venir une nouvelle fois au secours de Hoel. Celui-ci est à l'article de la mort après un empoisonnement orchestré par Estienne de Viaroux. Notre Isa qui suscite toutes les convoitises va une nouvelle fois exceller dans l'art de se sortir des griffes du lion. Ah non pour le lion, ce sera Aouan, pardon !

Mon avis

Un tome très dépaysant, qui se déroule en Afrique. le contexte historique est certes difficile puisque l'esclavagisme est une nouvelle fois la toile de fond du récit, mais la restitution historique est remarquable. de plus la vivacité d'Isa, sa verve, son tempérament de feu, ses talents et son courage à toute épreuve en font un superbe personnage, une véritable icône féministe. Un personnage qui atteint son apogée et qui prend toute la place dans ce tome.
Il faudra attendre la fin de l'épisode pour comprendre le titre et retrouver la piquante Mary, que l'on voit sur la couverture.
En route pour le tome 5.....

Nouvel épisode des aventures d'Isa ,Hoel et Mary . L'ambiance se fait lourde au comptoir de Juda :Isa cherche à sauver Hoel ,empoisonné. La folie gagne peu à peu ,et la mort s'abat .Au coeur du propos il y a la condition des femmes guère plus enviable en Abomey qu'en Europe mais aussi les mécanismes du commerce des esclaves. Quand les héros quittent l'Afrique , une part de celle-ci ,hommes et femmes , gît dans les fers de la cale au « bois d'ébène »..Toujours une très grande qualité dans le dessin et la mise en scène.

Plus j'avance dans cette bande-dessinée et plus je suis sous son charme : je connais bien le sujet de la traite des nègres (ce qui est assez normal quand on a été à l'école dans LA ville négrière française) et j'apprécie d'autant plus que François Bourgeon en parle extrêmement bien.

On voit qu'il a beaucoup de connaissance sur le sujet et ça me plait, surtout que la vie des africains sur les négriers tout le monde la connait, pareil pour leur vie dans les champs de plantation. Mais c'est bien la première fois que j'ai l'occasion de lire une histoire sur leur vie en Afrique. C'est très plaisant.



De la même façon, j'aime de plus en plus Isabeau : tout lecteur de notre époque s'identifiera à elle, ou du moins à ses idées (enfin je l'espère) : on sent qu'elle tente de comprendre comment on en est arrivé- là et qu'elle n'a pas de préjugés sur les couleurs de peau. C'est très agréable de découvrir ses interrogations.

Hoël m'a un peu manqué dans ce tome : on ne le voit pas beaucoup. C'est dommage car j'aime bien la fraicheur qu'il apporte, ce marin breton, au milieu de l'aristocratie. Cela dit, je dois reconnaitre qu'on avait pas franchement besoin de le voir dans ce tome et que le rôle qu'il a est tout de même très important.



Pour finir, je dirais que j'apprécie vraiment de plus en plus les dessins de François Bourgeon : j'aime beaucoup la précision qu'il leur donne sans pour autant en faire trop.

Si vous avez l'occasion de découvrir Les passagers du vent, n'hésitez pas !
Lien : http://lunazione.over-blog.c..

Ce quatrième tome est pour moi le meilleur de la série, bien que très noir et pas particulièrement réjouissant : nos compères habituels ayant un peu trop la bougeotte, ils sont sommés par le roi du Dahomey de venir justifier ou purger leurs enfantillages...

Entre sorcellerie locale et jalousies masculines, Isa louvoie pour sauver celui qu'elle aime, tandis que le couple Mary/John bat de l'aile...Ce sont ici les personnages africains qui rehaussent le récit : le roi de Dahomey n'a rien à envier à ses confères occidentaux en matière de cynisme, de cruauté et de manipulation politique ; sous ses airs arrogants, Aouan n'en sait pas moins faire preuve de loyauté, tandis qu'Alihosi tient le rôle de cadeau empoisonné pour une jeune femme offusquée par l'esclavage mais ne pouvant refuser un cadeau du roi.

Une touche de complexité bienvenue dans les Passagers du vent, et qui a ravivé mon intérêt pour le cinquième tome.

Un tome réussi, dans la lignée des précédents : les dessins, même s'ils datent un peu, sont également réussis.

Dans ce tome, Isa va devoir user de finesse et aller voir le roi de l'ile, pour sauver Tragan qui a été ensorcelé. Au passage, on ne le voit quasiment jamais durant ce tome....
Les noirs de l'ile, même s'ils sont sous le jouc des blancs, agissent avec leurs règles, et ont de vrais pouvoirs.
Notre jeune anglaise, toujours aussi fougueuse, continue d'amener cette petite pointe de fraicheur à la série.
On clôture le tome, sur un départ de l'ile, sur la "Marie-Caroline"qui est pleine à craquer d'esclaves, mais on sent que l'histoire ne demande qu'à rebondir.....