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249 pages
Editions Baudinière (25/04/1931)
3/5   1 notes
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Patriarche d'une famille fort influente qui compta des hauts-gradés de l'armée, des militaires et des politiciens, Jean Bouruet-Aubertot ne nous est connu que par deux ouvrages consacrés à l'histoire de la colonisation française à Madagascar, « Fleurs et Dieux à Nossi-Bé » (1928) et « Louis XIV Businessman » (1931), ce dernier dont le titre un poil racoleur et partiellement inexact, ne connut que peu de succès.
En fait, la plus grande erreur de Jean Bouruet-Aubertot ne fut peut-être que de signer chez les éditions Baudinière, maison très populaire durant les Années Folles mais qui était plus spécialisée dans les romans d'aventures balourds et exotiques dits "cosmopolites", emplis de frivolité, de lubricité, de racisme et d'anticommunisme primaire.
Jean Bouruet-Aubertot n'était ni un romancier, ni un historien. Ses deux livres témoignent de la rigueur très personnelle d'un érudit et d'un passionné, très au fait du sujet qu'il traite, mais qui ne va pas très loin dans la précision historique, cherchant avant tout à instruire superficiellement un lectorat avide d'exotisme.
Si « Fleurs et Dieux à Nossi-Bé » était une parfaite immersion dans une civilisation qui nous est, encore aujourd'hui , peu connue, « Louis XIV Businessman » se penche moins sur les Malgaches et bien plus sur les colons qui envisagèrent, malheureusement pour eux, d'ajouter cette île, au relief difficile et au climat torride, à l'Empire Colonial Français. Que les amateurs du Roi-Soleil se tempèrent, il n'est essentiellement question de Louis XIV que dans les 30 premières pages de l'ouvrage, où l'auteur prête au monarque la décision de créer, en 1664, la Compagnie des Indes Orientales, une entreprise qui semble pourtant historiquement plus volontiers imputable à Colbert.
La Compagnie des Indes Orientales parvient à exister difficilement jusqu'en 1719, où elle fut rachetée par une compagnie anglaise dirigée par John Law, mais cependant elle connut quelques beaux succès, notamment en s'implantant à l'Île de la Réunion et à l'Île Maurice. Néanmoins, Jean Bouruet-Aubertot ne s'intéresse ici qu'à sa débâcle concernant Madagascar, et qui devait, selon lui, endetter durablement la compagnie.
Il est vrai que toute colonie se devait d'être accompagnée d'un commerce d'import-export lui permettant de s'implanter, de s'agrandir et de combattre aussi les résistances locales. le choix de Madagascar, dont la position stratégique était idéale, fut cependant une mauvaise idée, tant, selon l'auteur, les colons français n'étaient nullement préparés aux difficiles conditions de vie de cette île, sur laquelle ils s'installèrent d'abord à la pointe sud, qui est la plus aride, avant de créer plusieurs autres villages coloniaux tout au long des côtes de l'île...
Selon Jean Bouruet-Aubertot, l'échec cuisant des français à Madagascar reposait principalement sur cette stratégie d'occupation des côtes, pourtant nécessaire dans une perspective de commerce de matières premières. L'île étant dominée par un massif montagneux central haut de 1500 mètres, il était aisé pour les Malgaches de s'y réfugier en journée, puis de descendre plusieurs nuits par semaines pour attaquer ou incendier les villages coloniaux des côtes. Ayant cru au premier abord avoir affaire à un peuple de primitifs apeurés, les colons furent lents à s'organiser pour transformer leurs bases en forteresses. La position de l'île empêchait également toute arrivée rapide de renforts, en cas d'attaque générale. de plus, toujours selon l'auteur, le roi Louis XIV procéda à de biens mauvais choix d'administrateurs coloniaux, aucun ne se révélant suffisamment bon stratège pour écraser durablement la résistance malgache. Ils furent finalement tous tués les uns après les autres, et la conquête de Madagascar fit long feu et causa bien des désillusions, jusqu'à l'établissement diplomatique d'un protectorat français en 1883.
C'est donc avant tout à ces douloureuses tentatives d'implantation, sous le règne de Louis XIV, que ce livre est consacré, tout en digressant ponctuellement sur l'économie coloniale et le degré de rentabilité des commerces qui en dépendaient. Fatalement, l'ouvrage balance entre l'historique d'une aventure coloniale malheureuse, et un rapport un peu trop administratif et désincarné sur les pratiques commerciales sous le règne de Louis XIV, allant même jusqu'à détailler toutes les étapes de la création juridique et administrative de la Compagnie des Indes Orientales. Tout cela donne une narration déséquilibrée, tantôt historique, tantôt purement économique, et donc fatalement un peu décousue et souvent ennuyeuse. Qui plus est, en se concentrant exclusivement sur les aventures de la Compagnie des Indes à Madagascar, et en ne faisant aucune allusion aux autres implantations coloniales plus réussies réalisées par la compagnie, Jean Bouruet-Aubertot donne l'impression que Louis XIV fut un bien malheureux "businessman" et que la Compagnie des Indes n'a pas survécu au désastre de Madagascar, ce qui est inexact.
Tout cela fait de ce deuxième ouvrage une oeuvre bancale, rédigée par un passionné de Madagascar, qui a certes fait de louables efforts pour endosser son costume d'historien, mais à qui il manquait sans doute la formation initiale et l'expérience irremplaçable de la rédaction d'ouvrages historiques. Malgré un certain sens de la méthode, son livre pèche en de nombreux endroits par des imprécisions, et par l'absence d'une ligne directrice claire. Ceci étant associé à un assez mauvais choix de titre, qui dut bien décevoir les adorateurs du Roi-Soleil et indifférer le lectorat habituel des récits coloniaux, on comprend que cet ouvrage bien trop amateur signa la fin de la carrière littéraire de Jean Bouruet-Aubertot.
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