Clytemnestre

C'était bien la première fois que je lisais quelque chose concernant la mythologie grecque sous forme de roman ! Et QUELLE ODYSSÉE ! J'avoue avoir été très attirée par la couverture, en boutique, tandis que je passais simplement devant. Celle-ci a tout de suite capté mon attention, suivie de la quatrième, encore plus alléchante, et dès lors, curiosité oblige, n'ai pu m'empêcher de venir consulter en diagonale quelques avis ici sur Babelio.

Ce choix de lecture n'aura définitivement pas été une erreur !
Quel dépaysement que de se retrouver catapulté chez les rois et princesses de Sparte, puis dans les palais de Mycènes. D'assister aux combats - à mains nues ou à bout de lance - entre femmes, dans le but de se pratiquer à savoir défendre la cité en cas d'invasion, mais non sans blessures graves en le faisant. La vie était rude et impitoyable, personne ne pouvait se permettre d'être faible, même en pratique.

"Le lendemain, c'est le jour de la lutte. Tôt le matin, les serviteurs balaient et nivellent le sable du gymnase avant d'installer un siège à haut dossier sous les arbres. Les jeunes Spartiates se rassemblent dans un coin du terrain. Certaines ramassent fébrilement des poignées de sable ; d'autres, plus calmes, examinent leurs blessures. (...) Tyndare (...) pose sur les adolescentes son regard d'aigle, vif et perçant, puis s'éclaircit la voix.
'Vous vivez pour faire honneur à Sparte et à votre roi. Vous combattez pour avoir des enfants vigoureux, diriger un foyer, témoigner de votre fidélité à votre cité et en être dignes. La survie, la vaillance et la force sont vos devoirs.'
- La survie, la vaillance et la force sont nos devoirs, répètent en choeur les jeunes filles."

Un livre où les dieux et déesses sont présents dans les discours des uns, pas nécessairement dans le coeur ou les croyances des autres. Chaque royaume ayant ses coutumes, il sera très plaisant d'en découvrir chaque facette. Puis de les observer se livrer une guerre de trônes les uns contre les autres...

Clytemnestre, fille de Léda et de Tyndare, sera contrainte d'épouser en second mariage le cruel Agamemnon, frère du non moins cruel Ménélas. Dans les méandres de ce récit, nous côtoyons également Hélène de Troie, soeur de Clytemnestre (et épouse de Ménélas), leurs frères Castor et Pollux, leur cousine Pénélope, de même que le brillant et charismatique Ulysse, Égisthe, Achille, Cassandre et bien d'autres encore. Parce que les personnages foisonnent dans cette histoire, allant des plus importants à ceux qui ne font que passer.

Au début, il fait peur en voyant les arbres généalogiques des deux familles; on se demande comment on va bien pouvoir retenir tous ces noms bizarres mais finalement (et fort heureusement !), le récit est tellement bien fait que le lecteur n'en perd pas un bout ! Étonnant. Costanza Casati a su s'y prendre pour rendre tout ce joli monde vivant et réel. Un conte à la grecque tout en intrigues et en bassesses...

"Elle sait depuis longtemps qu'il y a deux sortes de guerres : celles où les héros combattent avec leur armure rutilante et leurs belles épées, et celles, faites de coups tordus et de messes basses, qui se livrent entre quatre murs. Les secondes n'ont rien de déshonorant et ne sont pas si différentes des premières."

J'y ai cru à cent pour cent et si je n'ai pas tellement trouvé la vengeance de Clytemnestre à la hauteur de mes attentes, j'ai ressenti toute sa haine, son amertume et sa douleur envers ses tortionnaires. J'ai compati avec elle. Les personnages, je les ai aimés, ou haïs.

Clytemnestre, même s'il se passe de nombreux événements, est un livre au rythme lent, assez condensé, qu'il fait bon de découvrir lentement, afin de n'en perdre aucune miette. Loin d'être ennuyeux, j'ai eu de la peine en le terminant parce qu'il fallait bien qu'il finisse un jour mais j'aurai grand plaisir à le relire quelque part dans le temps, lorsque les détails se seront estompés.

Merci @RAPHIKI de m'avoir convaincue sans le savoir, à travers ses mots, à lire ce roman. Une trouvaille délicieuse, qui sort de l'ordinaire cette année !
Bravo à cette jeune autrice, fort impressionnante d'ailleurs, pour ce premier roman ! Son travail de recherche est minutieux et elle ira loin, sans aucun doute !

N'hésitez pas à découvrir ce précieux...

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Fille de Sparte
Il y a des périodes comme ça où le hasard nous fait accoster sur des rivages semblables : c'est mon cas, en ce moment, j'ai l'impression d'être irrésistiblement attirée vers ceux de la mythologie grecque ! Je reconnais que c'est un thème qui m'a toujours intéressée et il y a de plus en plus de romans qui mettent en avant des personnages qui en sont issus.
Cette fois, c'est l'histoire de Clytemnestre qui est contée par Costanza Casati.
Je l'avais totalement oubliée Clytemnestre… Pourtant, quel destin !
Elle est née princesse de Sparte, fille de Tyndare et de Léda. Elle a deux frères, Castor et Pollux, et quatre soeurs, dont Hélène, que la légende dit être née du viol de Léda par Zeus lui-même. Lorsque sera venu le temps de convoler, Hélène, la belle Hélène, choisit Ménelas, tandis que Clytemnestre épouse, par amour, Tantale, Roi de Méonie, dont elle aura un petit garçon. Mais le bonheur de Clytemnestre n'est que de courte durée : Tantale est assassiné par Agamemnon, frère de Ménelas. Pour faire bonne mesure, il tue aussi le bébé, laissant Clytemnestre inconsolable. Pourtant, son père a scellé son destin et elle devra épouser Agamemnon et partir à Mycènes, royaume sur lequel elle va désormais régner et où son destin prendra une dimension tragique avec la guerre de Troie.
Les deux premières parties sont centrées sur l'enfance et l'adolescence des princesses de Sparte (elles étaient élevées pour combattre et pour être libres… sous certaines conditions toutefois !) et sur leurs mariages. C'est à partir de la troisième partie que la dramaturgie s'installe et que la tension monte inexorablement. La prophétie faite à Sparte par la prêtresse va se réaliser « Les filles de Léda se marieront une deuxième et une troisième fois et délaisseront leurs époux légitimes »… Hélène va s'enfuir à Troie avec Pâris, provoquant la guerre qu'on connaît. Et Clytemnestre ? Agamemnon, son deuxième mari, est le commandant suprême de la flotte grecque. A Aulis, tous les grecs attendent désespérément que les vents soient favorables pour embarquer vers Troie. Quoi de plus approprié qu'un sacrifice pour amadouer les Dieux et obtenir un vent favorable ? Agamemnon informe Clytemnestre qu'il vient de conclure le mariage de leur fille Iphigénie (l'aînée de leurs quatre enfants et la préférée de Clytemnestre) avec Achille. Les voici toutes deux à Aulis mais point de mariage pour Iphigénie : c'est elle qui sera sacrifiée, égorgée par son propre père… On ne peut qu'imaginer le chagrin incoercible de Clytemnestre et sa soif de vengeance inextinguible… Elle va attendre patiemment le retour de son mari de la guerre, pendant près de dix ans, au cours desquels un événement d'une importance capitale va se produire. A Mycènes, Egisthe, cousin d'Agamemnon, est de retour, lui le prince régicide (il avait tué Atrée le père d'Agamemnon et de Ménélas, un très sale type, les chiens ne font pas des chats…) le prince déchu, le prince exilé, avide lui aussi de vengeance, il sera l'instrument de Clytemnestre…
J'ai beaucoup aimé ce roman, et le personnage de Clytemnestre, à la fois actrice de l'Histoire, et jouet des Dieux de l'Olympe, beaucoup moins connue que sa soeur Hélène. Costanza Casati retrace magnifiquement cette femme exceptionnelle sans occulter ses failles et ses aspects les plus sombres.
Ce roman est violent, sanglant même, reflétant une période tragique. Les personnages masculins ne sont pas à leur avantage, c'est le moins qu'on puisse dire (à part Tantale) : les Atrées, cruels et sanguinaires, Ulysse rusé et perfide… Ce sont les femmes qui mènent la danse de ce monde antique à mi -chemin entre l'Histoire et le Mythe mais elles en paieront le prix fort.
Très belle découverte, passionnante et passionnée.

Ces derniers jours, j'ai décidé d'alterner mythologie et autres lectures et cette fois-ci, c'est au tour de Clytemnestre de me conter sa bouleversante et palpitante épopée grâce à la captivante et entraînante plume de Costanza Casati.

En effet et grâce à cette dernière, j'ai eu l'honneur de rencontrer une femme forte, fière et indépendante malgré toute la dureté de son histoire de vie. À l'aide de cinq parties distinctes, l'auteure revient sur le trépident vécu de cette héroïne en devenir. Ainsi, le lecteur fera d'abord la rencontre d'une jeune fille aimante et attachante puis celle d'une jeune épouse dévouée et d'une tendre mère pour enfin faire place à une audacieuse vengeresse ainsi qu'une séduisante meurtrière. Il est vrai que la mythologie grecque est l'un des univers les plus complexe et cruel à découvrir et cette épopée de ne déroge nullement à la règle. Tandis que notre douce Clytemnestre coulait de paisible jour, le Roi légendaire Agamemnon sacrifia son premier époux ainsi que son fils pour la prendre pour épouse à son tour et faire de celle-ci reine de son royaume. S'en suivra alors une pertinente et sombre tragédie dans laquelle notre endeuillée demoiselle élaborera sa vengeance dans l'ombre des Hommes la malmenant bien plus que de raison. Résignée, cette dernière démontrera une conséquente évolution qui m'a, à la fois bousculé et bouleversé. Bien que très vite attaché à celle-ci, je n'ai cessé de faire preuve d'empathie et de compassion au cours de ma lecture.

Mieux encore et avec fascination, j'ai pu observer l'impressionnante toile des différents liens, plus ou moins intimement liées à ce mythe, minutieusement orchestrée par Costanza Casati. En une oeuvre pourtant assez courte au préalable, la romancière parvient à mettre en branle toute la complexité des relations composant ces précieuses légendes et autres superstitions. Ainsi et avec délice et malice, je me suis languis de la stratégie opérée par Clytemnestre qui n'a rien à envier aux prétendants au trône en plein conflit opposant les Grecs et les Troyens. Ainsi, l'auteure revient sur cette légendaire guerre et donne la voix à une femme des plus courageuse et ambitieuse dont l'envergure et la carrure m'a plus qu'impressionné. D'autant plus que derrière cette guerrière se cache un protagoniste des plus aimant et compatissant. D'autant plus que j'ai autant été séduit par la combattante que par la femme, magnifiquement esquissée par Costanza Casati. Tout comme j'ai été ravi d'en apprendre davantage sur certaines figures mythologiques que j'ai eu la chance de rencontrer cette fois-ci. Mon chemin a alors croisé celui des frères et soeurs tels que Castor et Pollux et tant d'autres encore. Ainsi et avec simplicité et efficacité, la romancière décortique et revisite quelques épisodes majeurs de cette intrigante et passionnante Iliade et ce, à travers un aguichante représentation.

Finalement et à travers ce portrait des plus complet, cette dernière dévoile une épopée aussi palpitante qu'émouvante à parcourir et durant laquelle j'ai oscillé entre mille et unes émotions. Je ne m'attendais pas être autant saisi par ce sinistre et passionnant destin et je suis plus que ravi et enchanté d'avoir pu faire la rencontre de l'attachante et courageuse Clytemnestre.
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Une année qui commence sous les meilleurs hospices avec cette petite pépite face à laquelle mon avidité livresque a succombé avec une rapidité presque navrante, pas fichue d'attendre les fêtes pour m'en emparer. Et quelle claque que ce premier roman signé Costanza CASATI !

Une auteure qui n'a pas froid aux yeux en s'infiltrant avec majesté, à l'instar de son héroïne, dans le monde littéraire. Costanza s'engage ici dans une entreprise périlleuse, la réinterprétation d'un pan de l'histoire mythologique grecque qui nous a tous marqués (si vous savez, ce fameux canasson en bois), à travers les yeux et le coeur de Clytemnestre, princesse de Sparte et « soeur » de la célèbre Hélène de Troie. Une figure féminine peu exploitée dans les lectures qui ont croisées ma route jusqu'alors, qui m'a séduite dès les premières lignes et qui n'est pas sans rappeler notre célèbre Aliénor à certains endroits.

Le récit, très cinématographique, démarre pied au plancher et nous cueille d'entrée de jeu en nous projetant, avec un certain empressement, si ce n'est avec violence, dans l'univers redoutable de la jeune Spartiate. Une épopée dans laquelle on oscille entre fascination, dégoût et révolte en finissant parfois par normaliser l'abomination au prix de l'équilibre social.

Mère…

Clytemnestre rayonne par cet élan maternel qui la caractérise depuis son plus jeune âge, preuve en est de cette relation plus que sororale qu'elle entretient avec Hélène, future promise de Ménélas, en se démenant pour la préserver de toutes les offenses et les affres que la vie lui réserve, telle une louve aux aguets.

Et c'est avec non moins de dévouement qu'elle veillera sur sa progéniture tout au long de l'intrigue, avec parfois la rudesse et la dureté qu'on lui connait, sans jamais rien sacrifier à l'écrin de douceur dont elle les enveloppera.

La maternité et ses maux est d'ailleurs un point central du roman. Clytemnestre force l'admiration en parvenant, je ne sais par quel moyen, à se relever, du moins en apparence, après deux fins du monde. Une prouesse terrible et inenvisageable pour la mère que je suis. En public, elle tient debout, et se poste ici comme une figure de la résilience absolue, mais dans l'ombre, un autre jeu se trame : Clytemnestre ne tient pas, elle n'est déjà plus là, la vie l'a broyée de ses innombrables atrocités, ne laissant qu'une coquille vide bouillonnant de haine et un coeur décimé.

Monarque…

Juste, d'une grande noblesse d'âme et d'esprit libre, ce n'est pas un hasard si elle suscite l'intérêt et le respect des plus grands qui lui prêtent une oreille attentive face aux grands enjeux politiques et l'incluent, souvent par la contrainte et la ruse, dans leurs desseins. On entrevoit rapidement la reine sublime d'autorité et de charisme qu'elle deviendra. Un coeur brave, épris de liberté et non égotique.

Meurtrière…

Femme féline et vigoureuse, élevée dans la violence et les coups, Clytemnestre est une guerrière que le danger ne semble pas beaucoup effrayer, ni les convenances embarrasser lorsqu'il s'agit de protéger la vie et l'honneur des siens.
Criminelle, elle le devient par la force des choses et il est difficile de le lui reprocher. Son entièreté ne peut tolérer la rédemption. Elle n'est pas femme à se vouer au courroux des dieux et prendra rapidement son destin en mains.

Magnifique…

Clytemnestre est vive, combattante hors pair mais l'auteure ne la cantonne pas dans un rôle trop exigu, étroit et surfait d'héroïne que le jeu et les maux de l'amour qui animent les jeunes personnes de son âge laisseraient de marbre. Elle parvient brillamment à éviter cet écueil de marginalisation qui reviendrait à souligner le caractère encore plus exceptionnel de son personnage. Clytemnestre est une sensorielle, primitive, sans pour autant concéder une parcelle de son indépendance, elle est à l'écoute de son corps, passionnée, chasseresse que l'adrénaline et l'exaltation du sentiment amoureux ne laissent surtout pas indifférente.

De nombreux hommes croiseront sa route. Tantale, Roi de Méonie, au verbe délicat et à l'intelligence d'une élégance rare. Agammemon, un homme bestial et sanguinaire ravagé par un feu dévorant que mêmes les intempéries divines ne sauraient contenir. Une infamie qui aura le malheur de poser les yeux sur elle et de signer la chute de notre héroïne.

Mais Clytemnestre n'a pas dit son dernier mot et gare à ceux qui l'auraient mal jugée…

Clytrmnestre c'est l'injuste oubliée de la mythologie

Soeur de la légendaire Hélène de Troie, Clytemnestre n'est connu que pour avoir osé assassiner son mari à son retour de la guerre. Pauvre bougre tout ce qu'il avait fait c'est sacrifié leur fille aînée pour avoir des vents favorables apres l'avoir déjà délesté de son mari et nouveau né pour l'épouser, je vous jure ces nana alors toujours à en faire des tonnes. Grand classique du sexisme mythologique son fils finira par se venger de son geste en l'envoyant ad patres.

Depuis ma découverte ado de ce mythe je suis teamclytemnestre mais force est de constater que c'est un personnage encore mal jugé et oublié alors que son mythe est super féministe.

C'est chose faite avec mon 1er livre lu en 2024. C'est réellement SUPERBE avec un bon rythme dont il est difficile de sortir... Clytem est attachante mais souffre de personnage secondaire peu au niveau, coucou Hélène la bécasse, et alors que j'ai adoré les 3 premières parties et que je sentais venir une vraie furie vengeresse après la mort de son mari et bébé j'ai été passablement frustrée de la découvrir fade en suivant, n'essayant même pas de ruiner le royaume de son mari.

Les 2 dernières parties, pourtant les plus connues du mythe sont en deçà du début grandiose. Alors qu'elle a déjà tout perdu de sa main c'est la mort d' Iphigénie qui semble la rendre froide et vraiment en rage contre Agamemnon et j'ai trouvé que c'était une trahison du personnage.

Quant à sa vengeance c'est tellement rapide que l'on a tendance à se dire qu'elle aurait pu faire cela tout le temps de leur mariage et n'en avait juste pas le cran ce qui est en contradiction avec le personnage fort que l'on suit depuis la 1ere ligne.

Je trouve aussi dommage de s'arrêter avant sa fin car là on a du mal à comprendre pourquoi son fils se sentirait obligé de le faire tant il déteste son monstre de père.

Bref un livre passionnant qui malheureusement veut couvrir trop de chose et se perd dans ses sauts dans le temps mais qui met en scène en beauté la difficulté d'être une femme, et encore plus royale, dans l'antiquité patriarcale et sur la façon de trouver sa place quand les hommes, eux, sont toujours excusés.