C’était vrai, son mari vivait…
Elle était veuve d’un vivant. Ne trouvant pas la force d’interroger, elle dit :
— Et ?…
— Et… voilà tout… Très comme il faut…, qui payait régulièrement… Des gens tranquilles ; jamais on ne voyait personne chez eux…
— Il était seul ?
— Dame, ça, je comprends, vous voulez me demander si la femme qui vit avec lui est sa femme ?
Cette fois, il fallut à la jeune femme une dépense énorme de volonté pour ne pas tomber ; elle n’eut pas la force de répondre, et il continua :
— Je ne sais pas si c’est sa femme, ou sa maîtresse, ou sa parente… Ce que je sais, c’est qu’ils se parlent comme des étrangers.
— Aujourd’hui, par ton contrat, tu es riche… Pour être riche et libre…, libre, entends-tu bien…, ton rêve…, il faut que tu reprennes à ton mari la somme qu’il a et qui t’appartient de droit, et il faut que ton mari disparaisse.
— Oui, affirma Iza : c’est cela surtout qu’il faut.
— Voici sa situation : il a fait des faux… Il est en faillite… Cette faillite va se transformer, dès l’examen des livres, en banqueroute frauduleuse… Maintenant il a engagé tes bijoux…
— Il me les a volés…, exclama Iza.
— Oui, c’est cela, et c’est avec cet accent qu’il faut le dire au commissaire.
Tout rouge, moite de sueur, les cheveux sur les yeux, le petit entra dans la chambre aux cris de sa mère… De ses petites mains il écarta sa chevelure blonde et dit crânement au vieil-lard :
— Pourquoi que tu fais pleurer maman, puisqu’on dit que c’est toi mon grand-père ?
Le père Coutaud lâcha Jeanne, et, les yeux écarquillés, il regarda l’enfant, muet, immobile, ne se rendant pas compte des sentiments nouveaux qui l’envahissaient ; puis il voulut parler, mais il balbutia ; des larmes emplirent ses