Des feux apparurent ici et là et des collines se creusaient, se délitaient. Un bruit sourd au début, s’amplifiait de plus en plus. Dans les forêts au-dessous, des vagues d’arbres tombaient, le vert laissait place à des plaies béantes dans lesquelles des constructions apparaissaient un peu partout, des rivières changeaient de cours, des vallées disparaissaient sous les eaux. L’azur du ciel s’enfuyait de toutes parts devant le noir de fumées âcres qui s’élevaient de la planète. Nous respirions difficilement. Le bruit devenait insupportable, tressé d’une infinité de voix humaines hurlant de cupidité, de colère, de peur et de famine. La nature agonisait. La terre tremblait, se déchirait.
En même temps que ce regain de vitalité, une sensibilité semblait m’envahir. En déchiquetant les branchages des troènes, je me surpris à leur demander pardon, à les remercier, les réconforter en leur affirmant qu’ils allaient participer à une grande aventure. Je voyais la vie en toutes choses et en éprouvai un profond respect.