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Critique de Corboland78


Emmanuel Bove, de son vrai nom Emmanuel Bobovnikoff par son père russe, est un écrivain français (1898-1945) qui ne rechercha jamais les honneurs malgré les encouragements de Colette et le succès de son premier roman Mes amis paru en 1924. Ecrivain tombé dans l'oubli, son oeuvre retrouve un regain de faveur depuis quelques années et ce roman le pressentiment a été adapté pour le cinéma en 2006 par Jean-Pierre Darroussin.
Ce bouquin n'est pas le plus connu de l'auteur mais c'est un merveilleux petit livre qui mérite d'être lu. le héros, Charles Benesteau, la cinquantaine, avocat parisien marié et père de famille est un représentant typique de la bourgeoisie dont la vie semble établie et l'avenir tout écrit. Pourtant son humeur va changer, il devient sombre et coléreux ce qui alarme sa famille « On l'interrogea, on se fit si persuasif qu'il consentit finalement à parler. Il trouvait le monde méchant. » Devant ce constat, il ne trouve qu'une seule parade, la fuite. Il quitte sa femme, son travail, son appartement douillet dans un quartier rupin et s'exile dans un tout petit logement d'une rue misérable derrière la gare Montparnasse du Paris des années 1930. Locataire discret et cherchant à faire le bien autour de lui, il est amené à héberger temporairement une gamine dont la mère est hospitalisée et le père disparu. A partir de là, il va découvrir que le monde dans lequel il a choisi de vivre ne vaut pas mieux que celui qu'il a quitté. Au début considéré par les gens du quartier comme un « monsieur », il va devenir la proie de la cupidité de certains (car il est facilement prêt à donner son argent pour aider) et des commérages et ragots des autres (car il est facile de jaser sur un célibataire logeant une petite fille). L'histoire finira mal mais depuis le début nous en avions le pressentiment.
Un livre écrit avec des mots simples, des tournures de phrases sans fioritures mais le tout fait un style. Emmanuel Bove ne joue pas sur le pathos, son héros est déterminé mais sans coups de gueule ou violence, un homme ordinaire en quelque sorte qui comme beaucoup d'entre nous un jour à penser tout plaquer pour refaire sa vie ailleurs, sauf que lui Charles Benesteau, il l'a fait. Il y laissera la vie, mais maigre consolation, en prouvant qu'il avait raison, le monde est vraiment méchant. Un très grand – par le talent - petit livre – pour le nombre de pages, d'un écrivain qui mérite d'être lu.
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