J'avais bien pressenti que j'allais aimer ce petit roman, mais à ce point, là non ! une chouette découverte que cet auteur.
Je commencerais par ce titre :
le pressentiment.
De fait :
le pressentiment que ça va mal tourner pour notre bon Charles ;
le pressentiment que rien ne sera façile,
le pressentiment que le noir sera la couleur dominante.
Mais ce roman aurait très bien pu s'intituler : "trop bon ; trop con !" ; "vivre libre ou mourir" ou comme clin d'oeil à
Sartre : "l'enfer c'est les autres".
Fatigué de ce petit monde bourgeois qui l'entoure, du chi-chi, du train-train, de l' hypocrisie, Charles, avocat, décide de tout larguer, femme et maitresse, famille, relation amicale et professionnelle, job compris.
Quand y'en a marre, y'en a marre ! Même le flouze...marre !
Fini le gratin, place à la populace... Il se dégote un petit appart dans le quartier "très" populaire de la rue de Vanves, jonché de squats et de ruines. Un autre univers s'ouvre à lui, la compagnie des petites gens, chômeurs, ouvriers, concierges, émigrés italien...Oui, mais voilà, deux mondes ; un même problème : le monde est méchant...
Il ne demande pourtant rien à personne, n'ennuie personne, il est venu ici pour écrire, tranquille, sans ambition, la solitude et la lecture lui vont très bien à Charles, il veut RES-PI-RER ! c'est trop demander ça ?
Mais voilà, il est l'étranger ici, le bourge, qu'est-ce qu'il fout là celui-là ? Un homme de son rang n'habite pas ces quartiers, qu'a t-il à cacher ?
les rumeurs vont bon train, la machine commérage est en route, surtout depuis qu'il à pris une pauvre petite sous son aile, sans compter les taxeurs qui ont bien flairé le caractère mou de notre victime... bonne poire.
Même pas..Il le sait bien, il n'est pas idiot, mais a quoi bon... c'est partout pareil.. c'est sans fin..
Tu sais combattre la médiocrité toi? ..non ?.. Marre !!!
un court roman, avec un protagoniste attachant, un solitaire qui se découvre sur le tard, pessimiste par défauts, anti-héros jusqu'au boutiste.
une belle démonstration de la bêtise, sans frontières ni classes sociales.
Emmanuel Bove nous décrit tout ça très joliment, très finement. Une lecture avec un rythme très lent, posé, mais toujours avec ce mauvais pressentiment qui rôde au dessus de nos têtes.
Je réitérerai l'expérience
Emmanuel Bove avec plaisir.
Mais...Que vois-je sur la quatrième de couv' ? ... adapté au cinéma par "
J-P. Darroussin"... Cool ! j'aime bien l'acteur, et je l'imagine déjà très bien dans le rôle. C'est pile-poil celui qu'il fallait..(avec Villeret peut-être)...
Elle est pas belle la vie ? ... mouais..des fois !