CALME DU SOIR
Sens comme est proche la Réalité.
Elle respire tout près d'ici
dans les soirs sans vent.
Elle se montre peut-être quand nul ne le croit.
Le soleil glisse sur les herbes et les roches.
Dans son jeu silencieux
se cache l'esprit de vie.
Jamais il n'a été aussi proche que ce soir.
J'ai rencontré un étranger qui se taisait.
Si j'avais tendu la main
j'eusse effleuré son âme
quand nos pas timides se sont croisés.
L’ARBRE
Quand ma porte est fermée, que ma lampe est éteinte
et que je reste enveloppée dans l’haleine du crépuscule,
je sens bouger tout autour de moi
des branches, les branches d’un arbre.
Dans ma chambre que nulle autre n’habite,
l’arbre étend une ombre douce comme un voile.
Il vit silencieux, il croît sans doute,
il devient ce que veut un inconnu.
Une puissance spirituelle, une puissance secrète
a mis sa volonté dans les racines cachées de cet arbre.
Parfois, j’ai peur, je demande anxieusement :
Sommes-nous si sûrement amis ?
Mais il vit calmement, il pousse tranquille,
je ne sais vers où il tend, vers où il veut aller.
Il est doux et magique d’habiter si près
de quelqu’un que l’on ne connaît pas…
Traduit du suédois par Régis Boyer - p. 31.
SI JE POUVAIS TE SUIVRE
Si je pouvais te suivre bien loin,
plus loin que tout ce que tu sais,
dans la solitude du monde
des espaces extrêmes,
là où la voie lactée roule
une lumineuse écume morte
et où tu cherches une attache
dans un espace vertigineux.
Je sais : ce n'est pas possible.
Mais quand aveugle et grelottant,
tu sortiras de ton baptême,
d'un bout à l'autre de l'espace
je vais entendre ton cri,
être pour toi chaleur nouvelle,
être pour toi étreinte nouvelle,
être proche de toi dans un autre monde
parmi les choses au nom inenfanté.
(...)
Un vent venu de loin vient de m'atteindre,
léger comme une haleine retenue,
empli du parfum tremblant d'une timide attente.
Depuis lors je pressens une merveille. (...)
(Attente du printemps)
Un vent venu de loin vient de m'atteindre,
léger comme une haleine retenue,
empli du parfum tremblant d'une timide attente.
Depuis lors je pressens une merveille.
Comment puis-je dire si ta voix est belle.
Tout ce que je sais, c'est qu'elle me transperce
et m'amène à trembler comme une feuille
et me et en lambeaux et me fait éclater.
Que sais je de ta peau et de tes membres.
Je suis seulement bouleversée qu'ils soient tiens,
en sorte que je n'aurais ni sommeil ni repos
tant qu'ils ne seront pas miens.
J'ai rencontré un étranger qui se taisait.
Si j'avais tendu la main
j'eusse effleuré son âme
quand nos pas timides se sont croisés.