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sur 374 notes
Il est des existences qui ressemblent à des romans, des vies traversées d'un souffle romanesque. Le destin de Mungo Park, explorateur écossais en est un magnifique exemple.
En écrivant ce premier roman, Water Music, T.C. Boyle pourrait présenter une certaine facilité à se pencher sur la vie de ce jeune explorateur écossais dont il entreprend de retracer quelques épisodes magnifiques dans sa mission à la recherche de la source du fleuve Niger. Se pencher, observer, recueillir, poser les faits sur des pages d'écriture, et hop ! Voilà l'affaire conclue !
À quel moment, la biographie s'éloigne-t-elle vers la fiction comme une barque glissant justement sur un fleuve, au hasard appelons-le Niger ? Et de cette barque qui dérive, l'auteur sur la rive tente de continuer à en décrire les contours, la forme, les occupants, il court sur la berge, l'observation devient moins fine, il la devine peut-être à travers la brume qui remonte de l'eau du fleuve, entend les chants sur l'autre rive, bientôt il ne voit plus la barque, alors il lui faut imaginer ce qu'elle est advenue, le chemin qu'elle a peut-être parcouru, plus loin...
Nous sommes à la fin du XVIIIème siècle. L'Europe bouge. L'Afrique est inexplorée. Une nouvelle période s'ouvre, la volonté de conquérir le monde, dans ses contrées les plus éloignées et mystérieuses. Elle se fait par les terres, par les océans, mais aussi en remontant aux sources les plus cachées des grands fleuves. C'est ce leitmotiv qui nourrit le rêve et le destin de Mungo Park, conquérir le fleuve Niger.
Rien n'était gagné justement dans le destin initial de Mungo Park, c'est ce qui rend géniale l'aventure qui est retranscrite dans ce récit.
Mungo Park est au départ un être insignifiant, noyé parmi d'autres hommes, noyés dans une famille où tout semblait prévu pour qu'il s'efface devant les ambitions.
Dans ce roman grandiose, pas loin de 800 pages, j'ai été emporté par le souffle épique, un côté picaresque dans la narration, une manière de nous entraîner dans le sillage de chacun des personnages, chaque lieu que visite le récit nous offre l'occasion de plonger dans son odeur, son bruit, sa misère, sa révolte, son étonnement, ses atrocités, son espérance.
Ici déjà, et c'est selon moi la première pierre posée au talent de T.C. Boyle, montrer comment Mungo Park, issu d'une famille plutôt de très bonnes conditions, où chaque membre grenouille d'ambitions, va chercher à s'extirper de ce marigot.
La deuxième pierre contribuant à ce talent sera de permettre la rencontre de Mungo Park avec un certain Ned Rise, issu des bas-fonds sordides londoniens, autant dire le mariage du lièvre et de la carpe.
Cette relation improbable sera un des fils conducteurs de la narration, apportant toute la verve et les différents rebondissements. Autant dire qu'ici T.C. Boyle est venu se mêler de ce qui ne le regardait pas en venant côtoyer les deux aventuriers au plus près d'eux-mêmes, posant son regard acéré et éperdu, contredisant par ce geste inspiré que les écrivains ne servent à rien.
Enfin, je dirai, la richesse des détails, effectivement 800 pages pour remonter un fleuve, ne serait-ce que le Niger, c'est un peu long, on pourrait se poser des questions avant d'aborder le roman, même si je vous dis que Mungo Park s'y est repris à deux fois.
Mais voilà, l'exploration est presque un prétexte. Sur tous les fleuves, il y a des rives et des berges où accoster est parfois plus dangereux que le tumulte des flots. Tout comme chaque page qui tient par ses marges. Ici la richesse tient aussi à ce qui tient la page : la marge, la rive, la berge et la vie qui grouille aux abords, la vie belle et cruelle...
J'ai aimé ce livre envoûtant ou chaque page oscille d'une rive à l'autre, me laissant dériver comme sur une barque du Niger, plus sereinement sans doute que les personnages de ce récit grandiose.
Pour moi ce roman est un chef d'oeuvre.
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Ce roman-fleuve (plus de 700 pages) est le premier roman de l'auteur américain T.C.Boyle, publié au début des années 1980. Il retrace le parcours de plusieurs personnages dans l'Angleterre de la fin du XVIIIè siècle. Mungo Park, jeune explorateur écossais parti à la conquête du fleuve Niger, se démène pour réussir sa mission dans une Afrique encore inexplorée. le jeune homme doit faire face à bien des dangers: échapper au cruel Dassoud dans le désert, traverser le royaume des Bambaras, lutter contre la faim et la soif... Au même instant, à Londres, Ned Rise, petit malfrat, tente de survivre grâce à quelques rapines et échappe plusieurs fois à la mort. le destin se chargera de les réunir.

T.C.Boyle, dans le style, pourrait être comparé à Garcia Marquez et Dickens. Il nous entraine des sordides bas-fonds de Londres, d'une saleté repoussante, où survivent des créatures les plus misérables les unes que les autres, à l'implacabilité de l'Afrique, où d'insupportables chaleurs succèdent aux pluies torrentielles et délétères. le rythme est soutenu, les descriptions riches, particulièrement celles sur la nature, africaine et anglaise.

On y retrouve le suspense d'un roman d'aventure, le souffle d'un roman historique et la dureté d'un roman réaliste, avec l'humour en plus.
Il y a des bons livres et des chefs d'oeuvre, Water Music appartient à la deuxième catégorie.
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Avec brio et drôlerie, T C Boyle tricote l'histoire de Mungo Park, un écossais de 24 ans, et celle de Ned Rise, dont chaque tentative pour se sortir de la misère est contrecarrée comme une loi inévitable du destin. Mungo Park, lui, est choisi par l'African Association de Londres, pour chercher les tenants et aboutissants du fleuve Niger ;
Se jette t il dans le Nil, se perd t il dans le désert , bifurque- t-il vers le Sud, ce Djoliba, nom mandingue du Niger ?

Les sociétés géographiques anglaises, et derrière eux, les puissances européennes, connaissent l'Afrique au dessus du Sahel, connaissent les côtes où elles ont établi des comptoirs, mais ne connaissent pas encore l'intérieur de ce continent, et veulent comprendre où coule le Niger (bien sûr, avec la certitude d'un pays rengorgeant d'or et de richesses diverses et l'espoir d'un commerce juteux). « Les nations primitives de l'endroit mouraient d'envie d'échanger d'énormes quantités d'or contre des perles, des miroirs ou des saucières en étain »

de plus, l'Angleterre veut coiffer la France au poteau, on est les meilleurs et les plus rapides.
Qui pourrait s'aventurer dans une terre inconnue, sans cartes, sans guides, avec quelques prédécesseurs européens, qui n'en sont pas revenus ? Qui sera assez inconscient pour explorer les rives et le cours du fleuve Niger, en 1795 ? Ce sera Mungo l'ingénu.


Dans le film de Weber « la chèvre » François Perrin passe avec ingénuité à travers tous les tracas de la vie quotidienne, la salière qui se renverse sur ses oeufs, la porte vitrée dans laquelle il s'empaffe, les sables mouvants, les guêpes, car son bonheur ne peut pas être atténué pour si peu.
Mungo Park , de même, découvre avec candeur, préférant partir seul avec un interprète et un serviteur, au lieu de suivre les caravanes d'esclaves ( allant de la côte jusqu'à l'intérieur des terres, Je me pose la question ?)visiter les terres qui le conduiront au fleuve Niger : il connaît tous les pires affronts à cause de sa peau trop blanche- c'est un revenant, il a la peau et l'âme délavée, voilà l'esprit des morts -et de ses yeux de chat, horreur, puis est mis en prison par le calife Ali, détroussé de tous les cadeaux qu'il apportait de bonne foi aux différents puissants de cette terre , mis en pièces, mourant de faim et de soif , en proie aux fièvres dont la redoutable malaria, allant de malheur en malheur. Peu lui importe, il n'a à défendre aucun honneur, il n'a aucun bénéfice autre que la découverte du Niger, et ce qui lui arrive représente un prix bien maigre à payer.

Un François Perrin qui accueille tout ce qui lui advient comme une expérience et qui continue son petit chemin.

Ned de son côté connait les désastres de la prison, la faim, les mauvais traitements, et TC Boyle ne lésine pas sur les détails de la barbarie londonienne de cette fin de siècle : pour mendier, des doigts en moins, pour manger, récupérer des cadavres en vue des premières autopsies, vive la science, pour survivre, jouer de la flute avec « Barrenboyne » et organiser des sortes de bacchanales ou vendre des oeufs de maquereau noircis au cirage comme du vrai caviar russe.
D'ailleurs, le sort des paysans pauvres de l'Ecosse de la fin du XVIII siècle est très similaire à un servage/ esclavage. Ils n'ont rien et sont attachés à la demeure du maitre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les pauvres, même pas paysans, oublions, ils crèvent de faim, point.

La différence entre les deux personnages, Mungo et Ned, c'est l'inconscience du premier et le cynisme de l'autre.
L'intérêt du livre, en plus de cette psychologie des deux personnages et de leur attitude devant le malheur – acceptation pour Mungo, révolte pour Ned- ce sont les références historiques, en plus de l'humour toujours.

Livre foisonnant, ultra bien documenté, mélangeant il est vrai histoire et inventions crédibles, évoquant longuement aussi les sentiments d'Allison, la femme abandonnée pour un fleuve, décrivant ce qui lui semble être la vérité, et la rapprochant, en se moquant bien sûr, du livre « feel good » écrit à son retour par Mungo Park.

Car ce petit ingénu , qui sourit alors qu'on l'on s'apprête à lui crever les yeux, qui ne connaît rien des coutumes des différents royaumes qu'il visite, qui découvre avec candeur les codes, les péages à payer, les interdictions , par exemple de boire l'eau d'un puits si l'on est un « infidèle », finit par s'en sortir , par rentrer en Ecosse, par se marier, par faire des enfants.
De plus il écrira, car il est le premier européen à visiter et à avoir vu ce que personne plus ne verra.
Le second voyage est plus difficile, et plus violent, car malgré la volonté de Park, il est entouré de soldats, dont le travail est de tirer sur tout ce qui bouge, et se font bien entendu décimer par les fièvres, la faim, l'humidité qui entre dans les os, et la riposte de ceux qui sont agressés.
L'histoire garde la mémoire de ce voyageur, qui meurt cependant avant d'avoir vu l'embouchure du Niger, car son bateau sombre dans les chutes de Boussa. Et avant d'avoir livré ses mémoires du second voyage interrompu par la mort.

Est ce sa candeur preuve de sa probité, qui émeut ? Est ce le fait qu'il soit le premier, plus innocent qu'intrépide, et que grâce à lui nous connaissons ces royaumes gorgés de richesses, policés, différents les uns des autres, souvent ralliés à l'islam, prospérant grâce à leurs échanges commerciaux. ? le fait est que Mungo Park est inoubliable, et le livre Water Music racontant en détail sa vie inoubliable lui aussi. Je l'avais lu lors d'une hospitalisation due à une forte crise de malaria, et je viens de le relire avec encore plus de bonheur.
Sans malaria, c'est mieux.
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Moi aussi j'étais partis avec l'intention de vivre une belle aventure au coté de T.C Boyle. Ce n'était pas ma première expédition pour les contrées lointaines.
J'avais déjà suivit Jack, Robert-Louis, Albert, Jean et même Henri sans jamais connaitre aussi vite une envie irrépressible de rentrer chez moi, et de planter là mon guide. J'avais trouvé le plus geignard des aventuriers qui était bien incapable de faire le moindre noeud marin pour arrimer notre viatique et qui confondait le chant du toucan avec le chant des sirènes.
De la musique pas du tout, et s'il y a eu de l'eau elle provient plus certainement d'une chasse que du zambèze.
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Water Music est le premier roman de l'écrivain américain T.C. Boyle ;
Il s'agit d'un faux roman historique car il est basé sur la vie de l'explorateur écossais Mungo Park , qui a réellement existé .
Nous partons avec lui à l'aventure , à l'exploration du fleuve Niger .
Roman d'aventures loufouque ; l'écriture est foisonnante , époustouflante comme toujours chez cet auteur .
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Fin XVIIIème, début XIXème, l'Europe change à grande vitesse. La Révolution française fait rage, les idées évoluent, la conquête du monde prend un rythme accéléré. Une nouvelle ère semble voir le jour.
Sauf que rien n'est jamais linéaire. Les envies, les ambitions de tout un chacun ne sont pas les mêmes. Si l'Europe occidentale va au galop vers le modernisme, tout le monde n'en profite pas en son sein. Et ailleurs, dans certaines contrées reculées de la planète, la préhistoire semble encore exister.
C'est, d'ailleurs, à cette période qu'en Grande Bretagne, un Écossais du nom de Mungo Park, ayant soif de découverte, va rallier le Niger après des mois de cheminement dans cette Afrique primitive. A son retour, son récit de voyage est un véritable succès. Reparti vivre chez lui, il se marie à Ailie. Mais, cette vie de sédentaire ne lui convenant guère, il va , donc, préparer en secret un nouveau voyage vers ce grand fleuve Africain.
En parallèle à cette histoire, un certain Ned Rise, survit de petits larcins à travers les bas fonds de Londres. Il s'empêtre dans des histoires sordides, en lien avec des gens fourbes.De plus, il manque de mourir à plusieurs reprises.
Et, c'est sur l'île Gorée (au large du Sénégal) où ce dernier est emprisonné, que nos deux acolytes vont se rencontrer pour un grand voyage d'exploration sur le Niger. Et, là-bas, une lente mais sérieuse spirale vers l'enfer va se dessiner. La chaleur, l'humidité, les rites africains, les guerriers Maures assoiffés de sang, les maladies, les insectes, la faim, la soif ne sont que quelques uns des ingrédients de ce périple qui vont les emmener vers des abysses sans fond.
Ce livre est extraordinaire. Il donne à voir des hommes ayant une combativité et une pugnacité à toute épreuve. Les pires événements n'entravent en rien leur optimisme. Bravo à T.C. BOYLE. Je me suis régalé.
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Un grand roman d'aventures loufoque et plein d'humour, à la T.C. Boyle ou l'on part à la découverte du fleuve Niger, d'une Afrique grouillante de vie, d'une Angleterre de la fin du XVIIIème siècle où la pauvreté est oppressante.
On en ressort étourdi, abasourdi, émerveillé, emporté par ces 700 pages de pur bonheur. T.C. Boyle nous fait passer du soleil écrasant de l'Afrique aux sombres et crasseuses rues de Londres avec un aisance et une maestria confondantes.
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Il y a des fleuves, il y a des romans, et il y a des romans-fleuves. Qui parlent de fleuves. Et d'écriture.
Oui, c'est bien difficile de parler de ce livre qui m'a tenue en haleine durant 850 pages - excusez du peu - tant il parcourt de méandres avant d'atteindre son estuaire.
Reprenons à la source.
Aux sources.
Comme Dickens dans A Tale of Two Cities , Boyle nous parle de la fin du 18e siècle, l'époque de la Révolution française, où l'on pouvait encore découvrir des tas de choses et espérer en un monde plus beau .
Comme Dickens qui raconte l'histoire de deux villes, l'auteur met en parallèle deux fleuves: la Tamise et...le Niger. Deux hommes, Ned Rise et Mungo Park: un gibier de potence londonien et un explorateur écossais. Deux destins qui finissent par se croiser après bien des péripéties, des déconvenue, et qui nous entraînent à leur suite dans une Afrique rêvée, désirée, cruelle au-delà de l'entendement d'un Européen , fût-il rompu à ce qu'il y a de pire au siècle des Lumières.
C'est pourtant avec un humour grinçant que Boyle nous raconte cette descente du fleuve, descente aux Enfers, qui réunit les protagonistes de son roman. Un portrait sans concessions de ce petit monde européen qui cherche à s'agrandir, une étude au couteau de l'Afrique déchirée entre mille potentats plus incohérents les uns que les autres, une aventure à la Peckinpah dont personne ne sort vainqueur.
Un livre cru, drôle souvent, étouffant quelquefois, en tout cas un grand roman.
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Partez en voyage avec ce roman-fleuve somptueux, de l'Écosse à l'Afrique de l'Ouest, aux côtés de l'explorateur Mungo Park à la fin du 18ème siècle. Vous y découvrirez en vrac: des paysages mystérieux, déserts, savanes et forêts, une galerie de personnages truculents et/ou inquiétants... et la recette détaillée du chameau farci (pour 400 personnes).
Voici un livre dont vous pourrez lire et relire les 800 pages sans vous lasser. Vous pourrez peut-être même le choisir pour l'emporter sur une île déserte ?
La traduction de Robert Pépin est magnifique.
LC thématique de juillet 2021 : ''En voyage''
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Je viens à l'instant ( enfin il y a 15 minutes) de finir la lecture de Water Music et ça fait 15 minutes que- dans ma tête- défilent plus d'une façon d'aborder la revue de cette lecture.15 minutes? me direz vous, c'est trop tôt!!!! Il faut digérer un peu...ce sont quand même plus de 800 pages!!! Mais en fait, ça fait plusieurs jours que je me triture les méninges afin de pondre le meilleur compte rendu, et par meilleur je veux dire le moins traître.Parce qu'en effet, ce n'est pas seulement une histoire vraie, romancée, celle de Mungo Park qui vers la fin du 18ème siècle se lance dans l'exploration du fleuve Niger, pour vérifier de ses propres yeux, laquelle des innombrables théories qui circulent au sujet de son cours est la plus juste, puis une fois rentré chez lui, décide quelques années plus tard d y retourner, avec cette fois tout un équipage et les moyens nécessaires pour remonter le fleuve et voir où il se jette. Ce n'est pas non plus juste l'histoire de Ned Rise, l'anglais qui - il me semble à la suite de cette lecture- a la particularité d'avoir la plus grande poisse du monde, de s'attirer les plus gros problèmes de l'existence, alors que tout ce qu'il veut, c'est avoir une vie aussi digne que possible, avec la femme qu'il aime, dans une Angleterre des plus cruelles avec les gens qui n'ont pas la chance de naître propriétaire ou noble.Ce n'est pas seulement la description des autres personnages qui gravitent autour de nos deux héros, qui façonnent directement ou non leurs destins et décisions, ou des divers lieux ( tout un continent!!!!!) visités volontairement ou contre leurs grés. Ce n'est toujours pas le récit de la rencontre -inévitable- de ses deux personnages hauts en couleurs.....c'est plus que ça....mais voilà, comment le dire tant ce roman est riche, foisonnant, tourbillonnant et plein d'aventures. En Afrique c'est du Marquez et sa folie....tout est dans l'excès, la nature, le climat, les africains, les maladies, les découvertes,les joies, les bonnes et mauvaises surprises, et surtout les mots de Boyles, enchanteurs et drôles. Extrait: "Il s'en prit à Ali au milieu de la nuit, tout comme seize ans plus tôt, celui ci s'en était pris à son prédecesseur. Chasser le garde de Nubie et trancher la tête du roi fut pour lui un jeu d'enfant, l'oeuvre d'un instant- toute la difficulté avait été de découvrir où l'émir se cachait. Ayant compris que la nuit inévitablement viendrait où, un cimeterre ou un garrot à la main, le nouvel usurpateur le chercherait par tout Benoum, Ali se faisait en effet un devoir de repousser le plus tard possible l'heure à laquelle il se retirait chaque soir et de ne dévoiler à personne, absolument personne, quelle tente aurait l'honneur de l'héberger pour son auguste nuitée. C'est ainsi qu'un matin il pouvait sortir de celle de Mohammad Goumsou et, le lendemain, de celle de Mahmoud Ismaïl. Il jouait aux tentes musicales depuis si longtemps qu'à leur réveil, ses gens trouvaient cela aussi naturel que l'odeur du feu de bois." Même chose lorsqu'il aborde Londres, à la manière de Dickens cette fois, où le réalisme et le sordide se disputent la part du lion. Et le plus surprenant, c'est que malgré ce côté "aventure" qui semble écraser le livre, avec ses rappels ponctuels de la situation géopolitique de la planète ( tout en humour et en rythme), TC Boyles arrive à glisser de petits moments et des pensées intimes: les rêves et réflexions de Ned et Mungo, les relations entre Mungo et sa femme Ailie, les aspirations de cette dernière, les échanges entre Mungo et son guide Johnson. Tout en lisant, je me demandais comme allait être le final? Comment arrêter une bête lancée à une telle vitesse sans la voir se fracasser contre le mur décevant de la chute qui ne serait pas à la hauteur de 800 pages époustouflantes? Et bien, tout en douceur, en poésie même.....à la perfection. Pour finir, la prochaine fois que quelqu'un me dis : "Je ne lis pas mais j'aimerais m y mettre, tu me conseilles quoi? D'habitude cette question me fout en rogne ou au mieux m'embrasse parce que je ne sais pas quoi répondre, je dirais sans hésiter : Water Music de TC Boyles.
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