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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme je l'annonçais en février dernier suite à ma lecture très appréciée du deuxième roman de Frédérique-Sophie Braize, Pour quelques arpents de rêve, j'étais impatiente de découvrir son troisième roman, Soeurs de lait. Et je ne fus pas déçue. Loin de là.

Pour l'écriture encore et toujours. Riche, limpide, avec un vocabulaire ancien et si approprié à l'époque qu'il est impossible de ne pas l'apprécier. Il y a dans cette écriture, une recherche constante d'un travail minutieux qu'on aimerait beaucoup retrouver dans nombre de romans sortis en ce XXIe siècle.

Les personnages ensuite avec ce souci constant de l'auteur de nous faciliter la lecture, en dotant chaque couple de la même initiale de prénom. Ainsi, Zéphyr et Zoé auront entre autres enfants un Zébulon. Anthelmette et Ansèlme mettront au monde une Anne-Aimée. Prudent vit avec Prunelle. Coqueline est amoureuse de Côme, le monchu venu de la ville.

Les recherches ensuite. Car il s'agit ici d'un roman historique qui nous raconte les premières stations de ski, le début de cette ruée vers l'or blanc et surtout ces montagnards utilisés comme cobayes par des êtres peu scrupuleux à l'ère du radium et des recherches de Marie Curie. J'ai appris dans ce roman beaucoup de choses et notamment l'origine du mot clochard, celui du mot Kleenex et tant d'autres choses encore.

L'histoire bien sûr qui nous embarque dans les années 20, celles de l'après-guerre, de ces souffrances de poilus qui, à la veillée osent à mots couverts raconter l'enfer de la Grande Guerre. Celles du progrès, de l'espoir d'une médecine plus performante quand les pratiques ancestrales sont balayées d'un revers de baïonnette, parce qu'avec 14-18, c'est une société entière qui perd ses repères et cherche dans le progrès; une ère nouvelle.

L'humour aussi. Parsemé de-ci, de-là. Et de très belles métaphores dont on retiendra, entre autres, car elles sont nombreuses, celle-ci : " Sa sensibilité ressemblait à une montagne écrêtée dont les pics auraient été nivelés par les intempéries de l'existence."

En un mot comme en cent, un excellent roman qui nous apprend tant du point de vue de notre Histoire passée, que des mots inusités pourtant précis et évocateurs et dont la trame renvoie à l'affaire Nactalis, fait d'actualité récent que les jeunes parents ne sont pas près d'oublier. Hélas.

Bravo à l'auteur et vivement le prochain ! Je serai là pour le lire. Je l'attend déjà car ils ne sont pas si courants les romans dont la forme est aussi riche que le fond !
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Incroyable histoire que celle de ces femmes qui bataillent contre l'industrie pharmaceutique, mais aussi cosmétique dans les années 20. Quatre soeurs qui ne sont pas très liées au départ se débattent pour faire échouer des expériences menées au détriment de leur famille. Elles sont prises entre des scandales et des amours troubles. La force de ce roman réside dans le fait qu'il est inspiré d'une histoire vraie.
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Grand Prix littéraire de l'Académie de Pharmacie 2018. Scandale sanitaire dans les années folles : l'industrie pharmaceutique déjà en cause !
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Ce roman raconte l'incroyable engouement des français pour les produits radioactifs dans les années 20. Des produits du quotidien : torchon à vaisselle, savon, layette, talc, soda, préservatif, gaine amincissante… Cette affaire étouffée durera jusqu'en 1962 ! Scandaleux mais vrai ! Ce livre a obtenu le Grand Prix littéraire de l'Académie de Pharmacie 2018 et le Prix Patrimoine 2018.
Lien : https://www.facebook.com/fre..
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C'est un roman finement construit qui repose sur des mensonges et des silences, propres à chaque famille, mais qui, ici, aggravent la situation déjà rendue critique par la visite étrange de trois hommes qui semblent vouloir, sans contrepartie, aider la population du petit village en fournissant à ses habitants des soins, à base de radium.
Aujourd'hui, cela fait frémir mais à l'époque, on pouvait encore penser que la radioactivité pouvait avoir des effets bénéfiques sur le corps, malheureusement. Ainsi Frédérique-Sophie Braize articule les conséquences de la Grande Guerre (les morts, les gazés, les gueules cassées, les malades, les célibataires), les progrès scientifiques et une saga familiale. le récit s'étend sur plusieurs années et met en scène quatre soeurs de lait : Ferdinande, Anthelmette, Zoé et Coqueline, aux prises avec une sorte de malédiction familiale. En effet, Prunelle et Prudent, leurs parents n'ont jamais réussi à garder en vie un fils. A l'époque, avoir une fille n'a aucun intérêt financier et génère des tensions familiales importantes, c'est ce qui explique aussi qu'Anthelmette se détourne de sa propre fille alors que Zoé se bat bec et ongles pour sauver ses jumeaux, d'autant que son fils aîné vient lui aussi de perdre la vie.
Non, ce roman n'est pas d'un abord facile : les sujets traités sont assez graves, l'ambiance de départ est plutôt lourde et les noms (qui nous paraissent) étranges de tous ces personnages obligent le lecteur à se concentrer. Mais ça ne dure pas bien longtemps : j'ai été vite happée par les aventures de ces femmes, de nombreux fils conducteurs se mêlent et l'on se demande : si Coqueline va épouser Côme (le Parisien, bon samaritain, croit-elle), si Anthelmette va aimer sa fille, si Ferdinande va revenir, ce qu'a bien pu faire Anselme pour être réformé… Et il faut vraiment aller au bout pour tout comprendre. J'ai donc, tout simplement, dévoré ce texte, tenaillée par l'envie de savoir qui étaient tous ces gens, quels étaient leurs secrets.
Les personnages sont vraiment intrigants. Si l'on s'attache plutôt facilement à Coqueline, Zoé, Zéphir, Anselme, Ferdinande, Pasque, Florimont et Fleur, les autres membres de la famille sont assez énigmatiques et dérangeants. Quant aux trois escrocs, je dirais que leur portrait est plutôt fin, notamment celui du docteur et du vétérinaire. Côme est à part, il joue un double jeu que le lecteur lui-même découvre au fil du texte, mais ses dernières apparitions font définitivement de lui un être abject. Je suis vraiment passée par de nombreuses émotions au fil de ma lecture, donc.
Le cadre médical fait froid dans le dos. On se rend compte de manoeuvres de l'industrie pharmaceutique pour faire passer le radium partout (dans l'eau, les médicaments, les savons, les crèmes, les légumes, la terre elle-même, les vêtements) au point de pouvoir utiliser un village entier comme cobaye. Ca semble inhumain et fou, et pourtant, c'est encore un pan bien sombre de notre Histoire, un pan que nous méconnaissons. L'auteure est savamment documentée et nous livre toutes ces informations sans aucune lourdeur, ce qui constitue un vrai tour de force.
Aujourd'hui encore, les nombreux rappels de médicaments, de laits infantiles font ponctuellement planer la menace d'empoisonnements plus ou moins généralisés. Nous ne sommes pas beaucoup plus à l'abri de tout cela…
Mais ce qui m'a le plus touchée à la lecture de Soeurs de lait, c'est l'évolution de cette famille. La sècheresse et la dureté qui caractérisent notamment la mère laissent peu à peu entrevoir un amour très fort pour ses filles et ses petites-filles. Les quatre femmes, pas forcément proches au début, tissent des liens dans la douleur, des liens qu'elles voient devenir indéfectibles. Malgré leurs différends, elles se soutiennent, se prêtent main forte si besoin et finissent par former un cercle solide. La fin, à cet égard, est assez émouvante.
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Le roman de F-S Braize n'est pas de ceux qu'on pose sur une étagère et qu'on oublie ensuite. Il va bien au-delà d'un bon moment de lecture. Il interpelle, il interroge, il dérange. Les personnages avec leurs singularités nous sont d'emblée sympathiques : que ce soit la jumelle moustachue ou la belle Coco au visage à l'ovale parfait, toutes ces paysannes de montagne si chères à l'auteur, nous entraînent dans leur rude quotidien. Mais l'aventure dont elles vont être les héroïnes est d'un genre peu banal qui glace le lecteur. Nous sommes au début des années 20 lorsque de pseudo-scientifiques aux noms pompeux débarquent dans leur village, la famille Baud va connaître quelques remous. Une famille qui n'a pas été choisie au hasard car présentant toutes les pathologies requises : un jumeau malingre, une gueule cassée, un amputé d'une jambe, un tuberculeux, une parturiente, une aïeule et la jeune et belle Coco à laquelle il manque juste un peu de rouge aux lèvres et de poudre de riz sur le nez, pour tester toute une gamme de produits miracles au radium. Mais la jolie Coco n'avait vu en Côme qu'un riche touriste venu prendre le bon air et dont l'assiduité à lui offrir ces cadeaux coûteux cachait une prochaine demande en mariage. Les quatre soeurs de lait vont s'unir pour déjouer les mauvais desseins de ces laborantins sans scrupules qui ne pensent qu'à l'appât du gain. L'histoire est écrite d'une plume savoureuse au riche vocabulaire, et malgré la gravité du sujet, teintée d'humour. L'intrigue est menée tambour battant à la façon d'un thriller jusqu'à découvrir la preuve de la dangerosité de ces produits. Un sujet qui est malheureusement toujours d'actualité. On n'applique toujours pas davantage le principe de précaution. Les cobayes sont toujours aussi nombreux et la santé des citoyens n'est pas mieux considérée qu'il y a un siècle, dès que des intérêts financiers sont en jeu.
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