Le 2 septembre 1942, alors que ses armées arrivent devant Stalingrad, le Führer caresse encore l'idée d'une rupture brutale entre Londres et Washington : "Les Etats-Unis vont vouloir prendre le Canada, et ils auront peut-être des exigences auxquelles les Anglais ne voudront pas souscrire."
Il faudra attendre 1962 et le Commonwealth Electoral Act signé par le Premier ministre australien Robert Menzies pour que les Aborigènes ne soient plus classés dans la nomenclature de la faune et de la flore !
Le premier contact direct entre Schacht et Hitler a lieu le 5 janvier 1931, au domicile personnel de Hermann Göring que l’éminent banquier a rencontré un mois plus tôt chez son ami Emil Georg von Stauß, membre du conseil d’administration de la Deutsche Bank mais aussi de la Golddiskontbank. Comme Schacht, Stauß est un ami personnel de Montaigu Norman, qui, on l’imagine, ne perd rien des conversations qui s’engagent. Déjà bien introduit dans les milieux patronaux et financiers, Göring réussit là un coup de maître. Car Schacht ne vient pas seul, mais accompagné du magnat de l’acier Fritz Thyssen, qui, pas plus que lui, n’a encore rencontré Hitler bien qu’il subventionne déjà son mouvement, parmi beaucoup d’autres.
« Dans un jeu à trois, disait Bismarck, mieux vaut être l’un des deux. » Hitler n’existe pas encore que, déjà, se met en place une dynamique gallophobe dont il profitera quand, arrivé au pouvoir, il s’appuiera sur l’Angleterre et les partisans de l’appeasement pour mettre la main sur de nouveaux territoires sans avoir à tirer un seul coup de canon.
Le journaliste Sefton Delmer eut une attitude inverse de celle de la plupart de ses confrères français admirateurs de Hitler passés à la Collaboration. : une fois la Grande-Bretagne entrée en guerre, il se mua en contempteur acharné des nazis. Devenu l'animateur vedette d'une émission clandestine de la BBC destinée à saper le moral des soldats allemands stationnés en France, Delmer leur expliquait chaque jour avec force détails que, pendant qu'ils vivaient loin de chez eux, les Français travaillant en Allemagne les avaient remplacé dans le lit de leurs femmes !
En Angleterre, l'idée d'un statu quo avec l'Allemagne national-socialiste ne devait rien à un leader charismatique et tout à des hommes issus de milieux très différents. Quoi de commun entre un aristocrate antisémite comme le duc de Westminster, un syndicaliste pacifiste comme George lansbury ou un politicien libéral blanchi sous le harnais comme Llyod George ? Entre un hobereau comme Mosley converti au fascisme mais rêvant, au fond, de ressusciter la Merry Old England corporatiste d'avant la Glorieuse Révolution, et une benêt (non) couronné comme Edouard VIII ? Entre tout ceux la et un banquet international comme Montaigu Norman, pactisant avec les nazis pour empêcher la France de devenir la première puissance d'Europe et rendre à la City son influence perdue face à Wall Street ? Assez peu de choses, et c'est sans doute ce qui rend si difficile la tâche de Churchill quand, en mai 1940, il doit s'opposer à tant d'intérêts aussi divers... que convergents !