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Critique de iris29


Elle s'appelait Marie , mais depuis l'enfance se faisait appeler Menie sans doute pour se démarquer de sa mère qui lui avait donné son prénom.
Elle approchait des cinquante ans, évoluait dans le milieu de la très haute bourgeoisie parisienne (son mari murmurait à l'oreille de Pompidou...). Ses trois filles étaient grandes. Elle organisait des diners fabuleux et décontractés où se mélangeait le tout Paris. Elle écrivait des "petits papiers" pour la presse féminine, elle avait un certain succés , elle savait écouter les femmes.
En 1967 , le nouveau directeur de RTL lui proposa une émission où elle ferait ce qu'elle savait faire de mieux : faire parler les femmes de leurs soucis, de leurs problèmes. Et la France découvrit la misère des femmes... Femmes épuisées par les grossesses, sexualité, avortement, femmes battues, violées par leurs conjoints, etc, etc...
Et la France écouta, et la France avança, et si certains s'offusquèrent devant tant d'impudeur, devant tant de vulgarité, Menie n'en avait cure. elle était investie d'une mission : faire avancer la cause des femmes , et rien , ni sa famille, ni les rétrogrades ne la décourageraient.
Certains hommes apprirent, d'autres voulaient que cela reste comme cela. Mais les femmes avaient découvert que d'autres souffraient, que d'autres vivaient les mêmes choses. Elle s'appelait Menie Grégoire, et son émission connut un immense succés.

Aujourd'hui dans ce roman , oh combien bien nommé... Adéle Bréau , sa petite fille, lui rend hommage, la faisant revivre et donnant la parole également à trois autres femmes :
- Mireille, une femme qui n'en peut plus de faire attention, attention aux dépenses, un mari à l'usine, un seul salaire et une tripotée d'enfants. Mireille qui a tellement mal au sein à force d'allaiter ses deux derniers. Mireille qui n'en peut plus de "passer à la casserole" et qui aimerait bien dire à son mari, qu'elle en a marre de tomber enceinte. Un jour Mireille tombe sur l'émission de Menie. -
- Suzanne, la soeur de Mireille, ( montée à Paris pour être bonne à tout faire ), qui elle aussi, rencontrera Menie, mais d'une autre façon...
- Et puis, Esther qui en 2021, n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeller " une femme libérée, délivrée"... Un projet professionnel lui fera connaitre cette Menie qui murmurait à l'oreille des femmes...
Trois femmes à qui Menie va énormément apporter, au point de changer leurs vies.

Et puis, une autrice , Adéle Bréau , qui entremêle ces destins pour mieux nous raconter l'histoire des femmes et cette période des années 60 - 70 où elles purent enfin décider de leurs vies. On mesure aujourd'hui le chemin parcouru. Rien n'a été facile, tout a dû être arraché : contraception, avortement, sexualité, travail, divorce, permis de conduire. Sans jamais donner de leçon, sans aucune lourdeur, Adéle Bréau nous raconte la vie de sa grand-mère , qui fut une femme formidable à qui notre génération et les suivantes doivent beaucoup.
Elle était courageuse, elle débordait d'énergie, elle était généreuse, elle était novatrice. Parce qu'elle était heureuse dans sa vie, son milieu, son mariage, elle a voulu que toutes les françaises approchent ce bonheur . Elle pensait ( à une époque où les femmes étaient là pour s'occuper des autres avant elle-mêmes , où les femmes devaient combler leurs petits maris ), que le bonheur leur était dû.
Elle leur parlait, vers 15h, quand les enfants faisaient la sieste, quand les maris étaient encore au travail, à une heure où les femmes pouvaient un peu souffler... C'était l'heure des femmes. Elle leur expliquait qu'elles n'avaient pas, (qu'elles n'avaient plus) à subir, qu'elles pouvaient être les égales des hommes, demander, réclamer, exiger.

Je ne connaissais pas vraiment cette femme, je l'ai découverte avec ce livre et ce fut un coup de coeur. Menie fait partie des femmes qui ont "inventé" ( en France) , le féminisme. Mais le sien était décontracté, joyeux, pas revanchard, juste volontaire, il ne renoncait à rien , ni à la maternité, ni aux hommes, ni à la coquetterie. Elle aidait vraiment, donnait de sa personne, "mettait les mains dans le cambouis".

Un roman aussi instructif qu'agréable à lire.
A mettre entre toutes les mains, parce que rien n'est acquis...





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