L’odeur brutale
de la cannelle des jours d’oubli
traverse le temps.
Toucher ton regard
dans le silence de la neige.
Étendre les bras, ouvrir les mains,
sentir sous le froid
que par la laine et par le lin
ta présence est tissée
sur les branches les plus hautes.
Odeur de la cannelle.
Les jours d’oubli
traversent le temps.
Chaleur des paumes
sur le silence.
Dans ce nœud
le temps sous janvier
L’arche des épaules
Je reviendrai prendre en moi
l’ombre de tes os,
je l’emporterai
jusqu’au creux de mes veines,
je boirai cette douceur bleue,
je te donnerai la lumière qui circule
dans la cavité bruyante
d’un cœur en tourment,
je sentirai la poussière des cendres
venir se prendre dans mes cheveux.
Tu aimeras leurs fils d’argent
car ils sont toi,
ici à jamais,
dans mon souffle et dans ma voix.
Tu avances
sous l’arche du bois,
j’entends tes pas qui résonnent
sous la nuit de mes paupières,
et mon regard c’est toi.
Gravée sur les yeux,
la lumière encore,
le réverbère du balcon de l’enfance,
grillage de la mémoire
où se prennent les mains.
Où est ta peau, où est le fer,
mêlés
sous les paupières,
la nuit se penche au bord de l’aube,
visage aperçu dans le jour.
Le cri jaune monte sous les aisselles,
des barreaux noircissent les pupilles.
Crissement du matin.
Pourtant les rives entourent l’étang,
clarté des libellules.
Gravée sur les yeux
la lumière.
Pourquoi tant de gel sur les mots,
pourquoi n’entends-tu pas
la prière de la voix,
qui vient dessiner
une arche
autour de tes épaules ?
Nul lieu
nulle peine.
Les pierres sous l’eau
que recouvre la mousse.
Une rumeur grise en monte,
sans feuillage et sans bruit.
Sans lieu ni voix
dans ses reflets,
forme vive de l’attente.