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Critique de Alzie


Un livre épatant. S'y côtoient avec style et humour et dans le seul ordre qui vaille, alphabétique, de noms, prénoms, ou de lieux, tous ceux qui entre pires mesquineries ou accès de magnanimité représentent l'ineffable et mouvante galaxie de personnages de la Recherche et participent de ses multiples atmosphères ; provinciale à Combray, balnéaire sur la côte normande, plus artificielle et sulfureuse des salons parisiens jusqu'aux lumières vénitiennes et celles déclinantes du Temps retrouvé. Père, mère et grand-mère d'un hypothétique narrateur, anonymes, altesses déchues, bourgeois, grandes duchesses, petits ducs, Guermantes et Courvoisier, « Français de souche » et « assimilés », dreyfusards, antisémites, « vieille race » d'invertis et homos jeunes manières, divas et cocottes, valets de pied, ambassadeurs, liftiers, généraux et sous-lieutenants, giletier, crémière et blanchisseuse, grands pontes, médecins de famille, peintres et écrivains, créateurs ou fausses gloires, des figures historiques aussi (la princesse Mathilde, le Colonel Picquart), quelques « discrets passants » ou « passagers clandestins ». Gri-gri, Cancan, Babal et Mémé y dévoilent leurs vices et petits secrets. La vieille marquise à moustaches et postillons est bien là.

Que vous ayez effectué ou non la longue traversée proustienne la lecture de cet abécédaire sélectif (plutôt que dictionnaire) qui commence avec « L'oncle Adolphe » et s'achève en compagnie des Vinteuil vous invitera à des va-et-vient constants entre ses quatre-vingt-dix-huit entrées. Parce qu'il semble né d'une énième lecture de la Recherche, la seconde étant celle qui « généralement dessaoule » glisse Mathilde Brézet au hasard d'une page (p. 412), ce « Grand Monde de Proust » révèle, au-delà de sa forme accueillante, la mise en abyme d'une réflexion pénétrante sur la genèse du roman où l'auteure décrypte l'essence d'une oeuvre sans pareille ; Son analyse fait ressortir l'étonnant potentiel métamorphique de chaque personnage, lui permet de sonder peut-être et surtout l'énigme de l'illustre et déconcertant créateur qui les a immortalisés : « un monsieur qui raconte et qui dit « je ». […] « Un homme à qui une vocation littéraire arrive, en même temps que cette vocation est constamment empêchée et découragée. » La Recherche est le grand livre de la vocation et du sacrifice à l'oeuvre ajoute Mathilde Brézet et tous, personnages ou lieux emblématiques retenus sont des continents de bonnes et mauvaises surprises qui font approcher un peu mieux grâce à elle celui qui disait "Là où je cherchais des grandes lois on m'appelait fouilleur de détails".
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