Une mémoire apaisée n'exige pas l'oubli; elle ne peut être fondée que sur l'approfondissement de la connaissance, dégagée de tout le fatras idéologique ou affectif qui ne cesse de l'encombrer. C'est à ce prix que l'histoire de la Collaboration appartiendra, définitivement, au passé.
La capitulation, en effet, simple acte militaire à portée limitée dans le temps et dans l’espace, n’engage pas la responsabilité du gouvernement qui pourrait poursuivre la lutte depuis un « réduit breton » (solution un moment envisagée par Reynaud et de Gaulle) ou dans l’Empire. En contrepartie, elle suppose l’abandon du territoire et de la population, livrée au bon vouloir du vainqueur, choix qu’ont assumé les gouvernements norvégien et néerlandais8. L’armistice, au contraire, s’il n’est pas le traité de paix, est un acte diplomatique qui met un terme général aux combats.
Cette collaboration, la France est prête à la rechercher dans tous les domaines, avec tous ses voisins. […] Le choix appartient d’abord au vainqueur ; il dépend aussi du vaincu. Si toutes les voies nous sont fermées, nous saurons attendre et souffrir. Si un espoir, au contraire, se lève sur le monde, nous saurons dominer notre humiliation.
La Collaboration constitue « une parenthèse exceptionnelle et aberrante » dans cette longue histoire. Si elle fut « une page cruelle », l’occupation fut également marquée par « les efforts sincères de pacification et de réconciliation .
Tout au long de la guerre, Goering n’aura d’autre vision, concernant la France, que celle du pillage tant économique qu’artistique. Himmler partage la vision raciale d’une France « nation métisse » et Goebbels n’a que mépris pour un peuple faible et divisé. C’est peu dire que la soif de revanche tout autant qu’une lecture idéologique et raciale de l’histoire éloignent les dirigeants nazis de l’idée même de la collaboration, c’est-à-dire d’une politique de rapprochement fondée sur des concessions réciproques.
On peut identifier trois principales causes de la Collaboration : l’héritage dreyfusard et le pacifisme, le discrédit sur le régime parlementaire, le mythe du sauveur, incarné par le « vainqueur de Verdun ». Ces trois causes conjuguées entraîneront non la défaite militaire, qui était loin d’être inévitable, mais l’acceptation de la défaite, source directe de la Collaboration.