Les initiés

« Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que fortuite » aurait pu figurée dans la préface de ce roman . D'un côté en effet une affaire politico économique incestueuse et consanguine dont on serait tenté de donner aux principaux protagonistes quelques noms connus , de l'autre une enquête sur deux suicides de femmes travaillant au sein de l'Inspection Générale des Finances sur un dossier brûlant .
Après quelques dizaines de pages quelque peu éprouvantes qui nous fait nous demander si on est bien en train de lire un bouquin de la Série Noire ou un livre sur les arcanes du Ministère des Finances on est soudain aspiré par l'histoire ; les masques des différents personnages tombent les uns après les autres et chaque pièce de ce passionnant puzzle ce met en place sous nos yeux ébahis et incrédules .
Un roman noir et glaçant par un journaliste rompu aux affaires économiques qui nous fait partager les antichambres du Pouvoir et ses liens subtils voire sulfureux qu'il entretient avec les Institutions financières .

Une femme s'est donné la mort en se jetant dans le vide depuis cette plate-forme d'atterrissage d'hélicoptères que tout le monde connaît : on ne voit qu'elle sur les photos de l'immeuble de "Bercy", le siège du ministère des Finances à Paris. Aucune enquête de police n'est diligentée, d'autant qu'on croyait morte depuis plusieurs années cette jeune inspectrice des finances qui aurait suivi l'exemple d'une collègue, Nathalie, s'étant elle-même suicidée. Ensemble, elles avaient été chargées par la "police des polices" de Bercy de faire la lumière sur une malversation supposée au moment du sauvetage des banques après la crise des "subprimes" de 2008. le rapport qu'elles avaient rendu blanchissait, si l'on peut dire, les banquiers concernés. Pour l'homme qui découvre au pied du bâtiment de Bercy le cadavre de l'inspectrice, celle-ci n'est pas une inconnue et son geste fatal le replonge dans une période sombre de sa vie : lui et Nathalie envisageaient de se marier, il n'avait pas compris pourquoi elle s'était suicidée.
L'auteur, également journaliste, connaît sur le bout des doigts les microcosmes au sein desquels le roman nous fait évoluer, ainsi que les mécanismes, techniques mais également psychologiques, qui les animent : les cabinets ministériels, la "citadelle" Bercy, les grandes banques. Les hommes et les femmes gravitant dans ces univers interconnectés, presque tous issus des mêmes pépinières, oeuvrent tous, selon leurs dires et la plupart de temps en toute bonne foi, pour le bien commun, qui souvent se confond avec leurs propres intérêts. Quelquefois, cependant, leur ego surdimensionné ne parvient pas à les protéger de sentiments contradictoires et incontrôlables.

Les Initiés, Thomas Bronnec.
Le livre commence sur le suicide d'une femme, se jetant du haut de Bercy, berceau des finances publiques. Elle travaillait aux Finances, elle avait disparu depuis plusieurs années, et tout le monde la croyait morte.
A partir de là, une toile de fond politico-financière est tissée exhibant – de façon assez documentée- les liens malsains ayant existé et existant entre le monde de la finance et celui de la politique.
Un livre qui s'inscrit donc dans la mouvance du thriller à charge et documenté, sauce grecque ou suédoise.
Sauf que le choix de « l'enquêteur », assez pertinent, donne une dimension de tragédie à tout cela : lui-même faisant partie de la petite bande des énarques, se trouve enfoncé dans un merdier intime. La duplicité est partout, les déchirures sans nombres et les coupables innocents. Ou avec assez de mauvaise foi pour se croire vraiment de bonne foi : sauver les banques en 2008, c'était vraiment sauver la France. Malgré la veulerie des uns et le ploutocratisme des autres, comment croire le contraire ?
Ce n'est pas la progressive dérégulation des banques contemporaines qui semble donner tort à l'auteur.

livre très documenté sur Bercy et les relations entre directions qui rende la fiction proche d'une possible "vraie histoire". Passionnant.

Bien malin celui qui pourrait résumer l'intrigue de ce roman. Disons qu'il s'ouvre sur un suicide, et qu'on y croise notamment Christophe Demory, conseiller auprès de la ministre des finances, la ministre en question, le directeur du Trésor, mais aussi un directeur de banque au bord de la faillite et quelques inspecteurs des finances.
Voilà une nouvelle fois la preuve de la richesse du polar français. Car imaginer une intrigue policière au ministère des finances, de prime abord on n'y croit guère. Mais Thomas Bronnec, journaliste, a enquêté plusieurs années sur le fonctionnement de Bercy, et nous en décrit par l'intermédiaire d'une fiction toutes les arcanes. Il démonte ainsi pièce par pièce les rouages du ministère mais aussi ceux de la politique économique du pays menée ces 30 dernières années. C'est fort éclairant sur les collusions entre grands banquiers et hauts fonctionnaires, tous issus du même moule, l‘ENA. Ils forment en effet un cercle fermé aux intérêts communs très éloignés du bien commun. Et les politiques semblent bien impuissants face à ce lobby…