La loi de Bernanos, dans ses romans comme dans sa vie, c'est la générosité, c'est le risque. Tant qu'on n'a pas tout donné, on n'a rien donné. C'est lui, et pas un autre, qui à chaque fois jette tout le poids de sa vie et même son salut éternel, dans la création de ses héros fugaces, si semblables à nous, sauf sur un point : aucun de ceux qui occupe le devant de la scène n'est un médiocre. C'est bien en quoi ils échappent au créateur lui-même. p 55
... dans la bibliothèque de son père, il (Bernanos) lit Barbey d'Aurevilly, Le Connétable, à qui il ressemblera tant : volonté de solitude aristocratique, humeur violente et capricieuse, rejet instinctif de toute vulgarité, de toute bassesse, et ce goût de pousser ses personnages à bout, de les réduire à l'extrémité des situations où, dans leurs bouches amères, ils découvrent toutes les saveurs du bien et du mal. p 41
Comme Goya à qui il ressemble tant, Bernanos ne cherche pas à vêtir et parer la réalité, il veut la dépouiller de tout artifice, nous la montrer nue et désarmée, à notre merci, si du moins nous avons l'audace de la regarder en face, et l'ayant regardée, de l'aimer pour mieux la comprendre. p 81
Le dialogue des Carmelites (1960) du R.P.Bruckberger et P.Agostini
avec Jeanne Moreau, Alida Valli,
Extrait