Lui seul avait droit à une vraie tasse : même les gradés devaient se contenter de gobelet en plastique. Sur sa chope ébréchée, il y avait une photo de Rambo. Avec un slogan : "Moi, je suis une star." Sauf que le S était effacé.
R&B : c’est comme ça qu’on les appelait. Si l’inspecteur principal Roberts était le Rythme, Brant était le plus noir des Blues. Connards de poulets, oui ! disait-on également.
Déjà sur place le médecin légiste contemplait d’un œil presque admiratif le cadavre qui se balançait en haut du lampadaire.
Roberts l’interrogea :
— Alors, vous en pensez quoi, toubib ?
— Décès par noyade, sans aucun doute.
Brant partit d’un gros rire, qui lui valut un coup de coude de Roberts.
Avec un sourire, Brant demanda : Des embrouilles, patron ?
— Un lynchage, à Brixton.
— Vous rigolez !
— J’ai l’air de rigoler, bordel de merde ? En plus ils ont laissé un message.
— Ah bon ! quel genre ? « Je reviens de suite » ?
— Et comment je le saurais, bordel ! Allez, on y va !
- Ils ne jouent pas au cricket en Irlande?
- Au hurling, c’est tout.
- C’est quoi encore, ce truc-là?
- Quelque chose entre le hockey et l’homicide.
Brant avait garé sa voiture dans un endroit interdit. Un contractuel surgit de la bouche d'égout. Carnet ouvert, stylo en main.
Il exhiba promptement sa carte de police :
"Allez, dégotte-toi un vrai boulot, Adolf !"
Il était un homme de décision. Que sa moustache continue de régner incontestée.