AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 531 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Située dans l'état de New York, la vieille ferme laitière des Hall, rachetée par un jeune couple de New-yorkais, restera un lieu irrémédiable de douleurs et de chagrins pour les deux familles.

Après la faillite des Hall et le drame qui s'en est suivi, les Cale qui ont toujours fait ce que l'on attendait d'eux, s'étant mariés ayant eu une fille et pris leur place dans la société, quittent New York pour s'installer à la campagne. C'est son idée à lui, elle a suivi. Ensuite, comme damnés par les mauvaises ondes de la maison, leur histoire va se confondre pour le pire à celle des anciens propriétaires.

Illusion du mariage et de l'amour, recherche d'une transcendance, place des femmes, maternité et paternité, poids du passé, foi, Dieu, mort, dans ce roman remarquable dans sa construction comme dans son expression, et en tout point envoûtant, l'auteure aborde des sujets essentiels. On en oublie presque que les personnages sont américains tant leur histoire, pourtant à classer dans les faits divers, pose des questions existentielles qui font sens pour tout un chacun.

« Une chose à savoir à propos des maisons : c'étaient elles qui choisissaient leurs propriétaires, et non l'inverse. Et cette maison les avait choisis, eux. »

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Commenter  J’apprécie          925
Après un début de lecture assez laborieux le temps de placer le cadre, j'ai manqué d'abandonner, les critiques des uns et des autres m'ont bien encouragée à poursuivre. Et j'ai bien fait!

Dans les angles morts se terrent les fantômes des morts assassinés dans la même bâtisse. Dans les angles morts, il y a aussi les mystérieux recoins poussiéreux de l'âme humaine.

Un jeune couple new-yorkais emménage dans une vieille ferme qui peinait à se vendre tant son héritage est lourd: deux morts et trois garçons orphelins.
Dans les non-dit abrupts des murs, le couple Clare emménage pour le meilleur et pour le pire aussi.

On va suivre dans ce roman presqu'à la trace, Catherine, l'épouse qui voit les fantômes, l'épouse peu aimée et considérée. Georges son époux est un homme sans foi ni loi, qui fait strictement ce qu'il veut.

L'histoire débute sur un meutre.
Elle se poursuit sur un brassage de portraits fouillés des personnages qui tournent autour de ce meutre, dedans et dehors cette maison aux angles morts.
Sur fond de thriller, de drame psychologique, de saga familial, ce roman est subtilement et intelligemment agencé. Des phrases précises, du mystère, une tension à demi mot et un portrait de femme ricochant sur le miroir de notre société.
La fin est très subjective et laisse un petit goût d'inachevé, de précipité. Mais l'ensemble est une vraie réussite.
Commenter  J’apprécie          813
Des décennies que la ferme appartenait à la famille. Des générations de producteurs, d'exploitants et cultivateurs qui s'harassaient au travail de la terre. Mais aujourd'hui, Ella et Cal Hale sont au bord de la faillite, ruinés par la crise. Après les vaches saisies, ce sera le tour de la ferme. Épuisés, moralement et physiquement, le couple met fin à ses jours, laissant leurs trois fils, Eddie, Wade et Cole, orphelins, plus tard recueillis par leur oncle. La ferme, elle, est toujours là et peu de gens sont tentés par son rachat après le drame et ce, malgré son petit prix. Pourtant, une famille new-yorkaise, George Clare et sa femme Catherine, avides de quitter la ville et de s'installer à la campagne où, pas loin, le mari a obtenu un poste d'enseignant à la fac, décident de l'acheter. Mais, en ces murs, le malheur réside et Catherine trouve la mort, quelques mois plus tard, une hache plantée dans la tête...

Des drames, des malédictions, la ferme des Hale en a connus, réduisant des familles au chagrin. D'un côté, Ella et Cole, de l'autre, Catherine et George, ainsi que leurs enfants respectifs. À partir de ce couple en apparence parfait, Elizabeth Brundage tisse un roman foisonnant, cruel, et nous renvoie quelques mois plus tôt puis déroule le fil tortueux, insidieux, des événements. Peu à peu, elle dessine le parcours et le destin de chacun. Catherine, femme au foyer peu épanouie et discrète, George, enseignant libre, perfide. Autour d'eux, des amis, des collègues, des connaissances, des liens qui se font et se défont. L'auteur dépeint avec frasque une Amérique d'après-Reagan, des portraits saisissants et criants de vérité, qu'ils soient complexes, attachants ou énigmatiques. Une véritable fresque prolifique, passionnante, dramatiquement envoûtante, servie par une plume brillante et remarquable.
Commenter  J’apprécie          802
Un homme rentre de sa journée de travail (il est prof d'université), et trouve sa femme assassinée d'un coup de hache ; sa petite fille, elle, est vivante.
Dans la foulée, il sera entendu par la police, et presque après, il partira dans un autre état avec ses parents, refusera que sa fille soit interrogée, il a trop peur de la traumatiser.
Et la lectrice que je suis , de se demander pourquoi ce brave homme est si pressé de partir, et l'Experte à Miami qui sommeille en moi, [ très profondément...], de se demander : ça cache quekque chose ?
Et l'auteure de remonter le temps, nous racontant comment George Clare et sa femme se sont rencontrés. Autopsie d'un mariage...
Et la maison, cette ferme qu'ils ont payée une poignée de figues, aux enchères , de vouloir se raconter aussi...
Et les trois garçons qui habitaient cette maison , juste avant la famille Clare, de venir roder sur les lieux, ne pouvant les quitter, comme amputés, anéantis par l'absence de cette maman qui s'est suicidée avec son mari.
Suicidés dans la chambre où Catherine Clare a été assassinée...
Et les voisins, d'être si gentils avec ces trois gamins, si accueillants avec ce couple.
Mais tous cette poignée d' habitants qui, s'ils racontaient juste ce qu'ils savent , feraient franchement avancer l'enquête.
Car Travis, le flic, ne peut pas voir dans Les Angles morts...

C'est un roman à suspens, qui se déguste mais qui se mérite !
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, Elizabeth Brundage nous introduisant dans l'intimité de deux familles et nous présentant une multitude de personnages dont les noms ( ou prénoms ), s'avèrent parfois assez similaires . ( Cal Hale et son fils Cole Hale... Clare/Cal ) Ou assez ambigus ( Patrice est une fille...).
Mais c'est un roman à suspens , très tourné vers la psychologie, magnifique de tendresse , malgré la noirceur . Une petite touche de surnaturel vient saupoudrer le tout de mystère... Les maisons ne nous appartiennent pas, et une maman a du mal à quitter ses enfants...
Une histoire intense : une fois passée la première partie , je me suis sentie obligée de le finir , tard dans la nuit...
La parole de la fin à Stephen King , qui résume parfaitement cette histoire : " Des fantômes, un meurtre, un psychotique terrifiant qui a pourtant l'air normal, et une écriture superbe."

Challenge Mauvais genres2020
Challenge Pavé


Commenter  J’apprécie          677
Un meurtre, deux histoires de familles frappées par le malheur qui se contaminent mutuellement, des révélations inquiétantes, une ferme froide et désolée...les germes d'un thriller ? Sans aucun doute. Mais Elizabeth Brundage a signé un roman autrement plus étrange dans sa construction qui se cabre face aux canons du genre.
Pas d'enquête policière ou bien anecdotique, l'auteure nous donne les clés pour mener nous-même l'enquête. le mari de l'épouse assassinée est le coupable idéal au fur et à mesure que l'auteure pointe du doigt les zones d'ombre laissées à plus tard et parfois jamais résolues dans ce qui apparaît comme un mariage dysfonctionnel.
Mais des personnages secondaires presque autonomes, les interminables défaites de l'épouse , la trouble densité ainsi que l'âpre lucidité de l'écriture font de ce récit moins un jeu de piste qu'un roman habité. L'auteure américaine nous laisse bien souvent en suspens dans l'épaisseur du silence au coeur d'une tragédie mutique.
Aucun élément n'est laissé au hasard. le lieu du meurtre est hanté par le drame vécu par la famille qui occupait précédemment la ferme : un mariage à la dérive laissant trois orphelins fait de l'endroit le lieu propice pour héberger des histoires sombres et terrifiantes.
Ainsi, ce n'est pas tant l'intrigue ou le dénouement qui ont retenu mon attention, mais les quelques éclaircissements lâchés par E. Brundage qui ne contribuent en fait qu'à l'épaisseur des mystères et des personnages. En particulier le personnage du mari, professeur d'université dont les secrets personnels et professionnels donnent à lire le portrait d'un homme que l'écriture échoue à expliquer. Et c'est peut-être là le plus remarquable dans ce roman. L'auteure a choisi habilement de nous placer au plus près de cet homme guindé et imperturbable, suffisamment proche pour réduire notre champ de vision, de certitudes et avoir un regard oblique sur les quelques ténébreux aperçus que dissimule l'histoire.
Pour orchestrer la somme imposante des zones d'ombre et des secrets, l'auteure ne pouvait pas faire l'impasse sur une construction lente pour reconstituer les faits et faire prendre conscience des quelques dissonances qui perturbent à peine la force tranquille de ce roman.
Si bien que le récit peut apparaître un peu froid et long à s'installer. Je n'ai pas éprouvé de lassitude mais je dois avouer qu'au début je me suis demandée où est-ce que l'auteure voulait m'emmener.
J'ai été impressionnée par la puissance narrative de ce roman malgré la fin décevante. Autant le récit obéit à une construction lente et minutieuse autant le dénouement m'est apparu précipité, trop évident et démonstratif. La qualité de prof de cinéma n'est peut-être pas étrangère à cette fin.
Roman austère et captivant sur l'ambiguïté des êtres.
Commenter  J’apprécie          650
Un coup de coeur ! Un roman complexe et addictif.
Je me dis cela souvent, en refermant des romans d'auteurs américains : il n'y a qu'eux pour raconter ce genre d'histoire, avec cette puissance romanesque assumée.

Après 4 générations, la ferme Hale est vendue pour dettes, laissant orpheline une fratrie de jeunes hommes, suite au double suicide parental. Et le malheur colle à la peau des murs quand le meurtre s'invite au sein du nouveau couple de propriétaires. De là à imaginer un esprit malin de tragédie occulte.

L'accroche « thriller » est faite mais, en dépit d'une quête de vérité qui tient le lecteur en attente, le coupable est évident dès le départ. L'essentiel est ailleurs, dans la fine analyse psychologique de tous les intervenants d'une petite ville où chacun se connaît ou se situe, où les convenances structurent les relations de voisins, bien que personne ne soit dupe et que les ragots aillent bon train.

En marge de la tragédie de deux familles, les histoires s'entrelacent de chapitre en chapitre, instillant peu à peu une ambiance triste, éreintée, violente, de mensonges et duplicité, où les personnages se dévoilent dans leur complexité, où l'intimité des couples mal assortis se lézarde. Une atmosphère provinciale de middle class ou de pauvreté rurale.

Il y a peu de douceur et de bonheur dans cette chronique villageoise à la Hitchcock, où chacun doit vivre avec ses choix et ses erreurs, et voir ses enfants porter le poids des aînés, en fuyant dans la drogue, la guerre ou la haine de soi.

Un livre approfondi, puissant, aux personnages travaillés, repoussant ou attachants, à la construction ciselée qui tient en haleine jusqu'aux dernières pages.

Pas léger du tout, mais j'ai vraiment beaucoup aimé.
Commenter  J’apprécie          578

Une vieille ferme hantée,des fantômes, des suicides, des meurtres, des orphelins, un psychopathe insoupçonnable,des ménages dysfonctionnels, deux histoires qui s'imbriquent l'une dans l'autre, des personnages secondaires attachants, le tout servi par une écriture superbe, précise,incisive. Voilà une pépite bien plus psychologique, triste, humaine qu'effrayante.

Je l'ai dévorée en deux jours et cette histoire hantera longtemps mon coeur meurtri ...

A lire absolument !
Commenter  J’apprécie          507
Il y a bien longtemps qu'un livre n'avait pas retenu mon attention à ce point. J'ai dévoré cette histoire en quelques jours, complètement happée, presque hypnotisée.

C'est une époque où les fermiers sont obligés de vendre leurs troupeaux, où les banques saisissent ce qu'il reste, les fermes.

Une ferme, agréable à regarder, mais laissée à l'abandon, achetée aux enchères, pour trois fois rien, par un couple new yorkais, Georges et Catherine, attirés par l'attrait d'une vie meilleure à la campagne. Campagne où le climat est rude.

Quelques mois plus tard, Catherine est morte, assassinée, aucun doute la-dessus. Son mari retrouve son cadavre dans leur chambre. Leur petite fille de trois ans a passé la journée avec sa mère morte.

Le policier de cette petite ville a déjà ses convictions et il mène l'enquête cherchant des preuves.

L'auteure nous fait remonter dans le passé de ce couple mais aussi dans celui des trois frères Hale qui ont aidés Georges et Catherine à rénover la maison.

Pourtant ces trois frères , dont les parents ont préféré se suicider plutôt que de faire face au désastre, vivaient peu de temps auparavant dans cette maison.

Et cette maison que certains disent hantée, que d'autres déclarent maudite, qu'a t-elle à voir dans tout ça ?

Des portraits de famille, des organisations de vie, où les femmes sont encore dominées d'une certaine façon par leur mari, où leurs choix et leurs contraintes façonnent leur avenir et celui de leurs enfants. le malheur inexorable raconté d'une façon magistrale.

Elizabeth Brundage reprend dignement le flambeau de Steinbeck, son écriture est sensible et flamboyante.

Merci à Masse critique de Babelio et au Livre de poche
Commenter  J’apprécie          472
Coup de coeur pour ce roman, merci, Romain, de me l'avoir prêté !

Coup de coeur pour sa belle écriture intimiste, ses personnages attachants ( enfin presque tous...), son histoire prenante, son mystère diffus.

Le début donne l'impression d'entrer dans un thriller: Nous sommes en 1979, dans une petite ville agricole des Etats-Unis. George Clare vient trouver refuge avec sa fillette Franny chez ses voisins, il a découvert sa femme , Catherine, assassinée, d'un coup de hache dans la tête...

A partir de là, le roman devient bien autre chose qu'une simple enquête policière. Il remonte en arrière, à l'époque où la famille Hale habitait la maison devenue maudite, après le suicide des parents, fermiers ruinés par la crise du lait. Une maison au centre de tout, " Une simple ferme blanche, mais en fait il n'y a rien de simple en elle. Une maison qui veut qu'on la regarde. Une maison qui a souffert"...

Catherine , qui y habite ensuite, souffre aussi, se sent étrangère. Et elle ne supporte plus la présence de son mari manipulateur et méprisant ... Les garçons Hale y reviennent effectuer des travaux pour le couple, cachant leur chagrin , leur sentiment de perte. Ils s'attachent à elle, qui leur rappelle leur mère disparue.

L'auteure, très finement, entrecroise les points de vue, créant un canevas de vies entremêlées, nous emmenant inexorablement vers le drame. Le meurtre semble non élucidé, par manque de preuves surtout, même si le lecteur sait à quoi s'en tenir, mais l'avenir réserve des surprises...

Comme j'ai aimé Cole, le plus jeune des fils Hale, au regard d'un bleu troublant, brisé par la mort de sa mère, si sensible, si secret! Comme j'ai compati au destin de Catherine, écrasée par le poids d'une éducation, qui aurait pourtant pu s'épanouir...

Un livre à la plume superbe, tout en atmosphère, en plongée passionnante dans les pensées de chacun. Un livre qui m'a touchée, profondément. Je le recommande chaudement! Il semblerait que c'est le seul roman de l'auteure qui a été traduit en français, dommage!






Commenter  J’apprécie          442
Un très grand merci à Babelio et le Livre de Poche pour « Dans les angles morts » d'Elizabeth Brundage.
Inutile de faire durer le suspense, autant faire les aveux tout de suite : c'est un des meilleurs romans policiers que j'ai lu depuis des mois ! Mais, si je l'ai tant apprécié c'est qu'il n'est pas un simple roman policier. C'est avant tout un roman psychologique qui fouille, sonde, décortique jusqu'au tréfonds de l'âme. C'est un récit incroyablement bien orchestré que j'ai regretté de refermer, malgré ces 600 pages et plus, en format poche.

L'histoire débute par l'arrivée chez ses voisins d'un homme, George Clare, professeur d'histoire de l'art, avec sa fille âgée de 3-4 ans. Il vient de découvrir sa femme Catherine, morte, assassinée dans leur maison. Je ne vais pas spoiler trop en disant qu'on comprend rapidement que leur relation de couple n'était pas si belle qu'on aurait pu le croire. On apprend aussi que la maison (dans laquelle ils vivaient depuis moins d'un an) avait appartenu auparavant à la famille Hale dont les parents, fermiers, pris à la gorge par la crise laitière, étaient morts, laissant trois fils (entre 14 et 20 ans). La maison est comme la scène théâtrale, d'une pièce en trois actes. Avant, pendant et après la mort de Catherine. Une maison avec son histoire, ses vibrations et ses fantômes, dans cette petite ville de province plutôt pauvre des Etats-Unis, loin de la fièvre new-yorkaise et loin du royaume du Danemark.
Ce qui fait de ce roman policier un roman bien au-dessus de la mêlée des « polars », c'est le portrait que l'auteur fait de chaque personnage. Des principaux aux secondaires, tous sont décrits avec une incroyable précision. Rien n'est laissé au hasard : que ce soit leur tenue, leur habitude, leurs traits physiques, leur caractère… tout est matière à la compréhension de l'identité de chacun. Au point où même un second rôle prend une place prépondérante dans l'histoire. Des portraits si finement brossés que la moindre expression décrite, à la fois précise, dense et presqu'en filigrane (un haussement de sourcil, un geste qu'on retient), finit par prendre tout son sens et suffire à saisir les humeurs et les états d'âme, jusqu'à l'identité de chaque individu. Tout comme le rappel de la citation « La beauté dépend de ce qu'on ne voit pas, le visible de l'invisible » par le peintre américain Inness que Clare a étudié (voire, dont il était obsédé) et qui signifie en substance que l'âme peut réussir à voir ce qui échappe au regard, jusqu'aux détails implicites. C'est un peu ce fil conducteur que Brundage a essayé de suivre tout au long de l'intrigue.
Une écriture de qualité, comportant même un souffle poétique, en tout cas, une certaine beauté. Ces phrases, glissant comme du velours ajoutent à l'émotion, permettent l'attachement pour certains de ces personnages. Un travail d'orfèvre donc à mes yeux, presque de dentelière aux points délicats et adroits puisque jamais je n'ai senti de lourdeur ni de longueur et que j'ai pris à chaque fois plaisir (ou effroi) à découvrir les divers protagonistes. Et par là même à suivre les évènements, les interactions, les liens qui se tissent, presque invisibles mais jamais insignifiants, pris dans la toile implacable d'une araignée vorace. Toile qui se fait de plus en plus précise au fur et à mesure du récit ; jusqu'à en faire une fresque sociale de l'Amérique des années 70 qui vaut vraiment le détour.

Alors si vous n'aimez que les romans avec de l'action, des courses poursuites, de l'adrénaline, des bagarres et du sang à toutes les pages, pas sûre que ce roman soit fait pour vous. Possible que vous le trouviez long et un tantinet lent. Ce serait pourtant bien dommage de passer à côté. Car, malgré les drames parfois atroces, ce qui est raconté c'est surtout les relations humaines -des plus belles aux plus nocives-, les attirances, les jalousies, les frissons de plaisir ou encore le poison qui s'immisce peu à peu, les qualités et la beauté des uns, l'arrogance jusqu'à la perfidie des autres.

Si je ne lui ai pas mis un cinq étoile, c'est pour avoir fait la fine bouche à deux ou trois reprises (pour des répétitions ou l'emploi de ficelles plus grossières à « l'américaine »). Pourtant, deux ou trois petits tics lors de la lecture, c'est bien peu pour un tel roman, foisonnant d'intelligence, d'esprit, selon moi (ou peut-être que la lecture de précédents romans -qui ont manqué de souffle- a altéré mon jugement, exaltant plus alors ce ravissement d'avoir entre les mains un récit bien construit ?).
C'est le premier roman édité et traduit en français et je ne serais pas étonnée que d'autres suivent assez rapidement, vu les critiques élogieuses des lecteurs français. En tout cas, pour ma part, je guetterai son prochain roman, espérant retrouver la plume et l'âme de cette auteure.

Commenter  J’apprécie          391



Autres livres de Elizabeth Brundage (1) Voir plus

Lecteurs (1186) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Dans les angles morts" de Elizabeth Brundage.

Que brûle George dans le champs à côté de chez lui ?

une couverture
un matelas
un oreiller

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Thème : Dans les angles morts de Elizabeth BrundageCréer un quiz sur ce livre

{* *}