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Critique de Crossroads


Henry Charles Bukowsky ( 1920 - 1994 ) . Il fera inscrire sur sa tombe l'épitaphe suivante : DON'T TRY ce qui en dit long sur le bonhomme et son rapport à la vie . Ce mec , c'est une gueule ravagée par l'acné et un parcours qui auraient mérité de s'afficher sur grand écran ! Meme si de son vivant , cette idée de biopic l'aurait surement fait marrer...

Une vie tumultueuse passée dans l'euphorie illusoire des champs de course ; traversée d'amours aussi intenses que douloureux ; noyée dans les vapeurs d'alcools qui seront , au final , ses plus fideles compagnons .
Élevé dans un foyer modeste au contact d'un pere violent qui le battra régulierement et d'une mere soumise , il s'en émancipera à l'age de 16 ans , comptant désormais vivre de ce qu'il croit etre sa vocation : l'écriture . Des débuts difficiles dans un pays qui ne l'adoubera jamais , il sera pourtant un acteur majeur de la contre culture Américaine . Les femmes , les clodos , les alcoolos , la misere , les drogués , autant de themes que l'auteur déclinera avec plus ou moins de succes mais toujours en connaissance de cause...Peu de ses écrits furent traduits en Français . Les plus parlants étant , sans doute , Les Contes de la Folie Ordinaire , le Postier ( boulot qu'il exercera par intermittence quelques années , lui permettant ainsi de voir venir financierement et de s'adonner , dans une certaine sérénité , à l'écriture ) et Journal d'un Vieux Dégueulasse . Loser magnifique , provocateur patenté : numéro mémorable de poivrot dragueur chez Pivot qui , pour le coup , sera en parfaite symbiose avec son émission , ne cessant de l'apostropher en vain..La vie de Bukowsky s'apparentera à une bouteille balancée à la mer , ballottée par les flots ( meme si associer eau et Bukowsky apparait totalement antagonique ;), qui n'aura jamais , au final , trouvé la sécurité et la sérénité d'un ilot salvateur . Composant tant bien que mal avec ses démons liquides , il sera toujours en quete de reconnaissance et d'amour . Sorte de Gainsbarre à l'Americaine , ravagé par l'alcool , le désenchantement et la misere , Bukowsky aura vécu , mal , tres souvent , mais toujours fidele à lui-meme...

Lorsqu'il rencontre , à 26 ans , Jane Cooney Baker ( femme de 10 ans son ainée , véritable loque humaine dotée d'une descente et d'un morne passé n'ayant rien à envier à l'auteur ) , Bukowsky ne se doutait pas un instant que celle-ci deviendrait sa muse ; son amour indélébile , de ceux qui marquent au fer rouge . Dix ans de vie commune , une séparation , une douleur irremplaçable . Jane s'éteindra en 1962 , laissant un Bukowsky dévasté . Il n'aura de cesse de la faire revivre au travers ses romans , ses poemes , Les Jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les Collines lui étant amoureusement dédié .

Rien que pour le titre , j'ai eu envie de découvrir Bukowsky le poete .
Mais attention , toi l'amoureux de la rime , le drogué de l'Alexandrin , le fou-fou du dizain , passe ton chemin car Bukowsky , tout comme un certain Jourdain , fait dans la prose , l'allégorie , l'élégie .
Il magnifie la misere , anoblit la tristesse , fait de l'amertume et du regret un douloureux canevas nostalgique qui n'aura de cesse de le ronger . de fait , en lisant ce recueil , il est bien rare que j'ai eu envie de sortir sur le seuil , d'interpeller le voisin pour lui exploser mon bonheur à la face . Bukowski s'appréhende difficilement . J'avoue etre parfois totalement passé au travers...Cependant , il ne fut pas singulier que sa plume m'interpelle , m'amuse et m'attriste . Son propos est noir , son cheminement parfois incohérent ( l'alcool aidant ) mais il fit mouche plus souvent qu'à son tour . On ne peut émettre un jugement sur l'art qu'est la poésie car cette derniere est un ressenti , une émotion de tous les instants qui vous habite ou vous incite à descendre de cheval pour stopper net l'aventure . Pour ma part , j'ai adoré la balade...

Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines , rien que pour ça...
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