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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

A la suite de quelques agréables moments passés en compagnie de l'autrice la semaine dernière, j'ai vraiment eu envie de lire son second roman.
Il y a quatre ans déjà, nous avions apprécié "Là où les chiens aboient par la queue", une histoire familiale entre Guadeloupe et banlieue parisienne.
Cette fois, le roman se passe en 1958, au Brésil, où un français voudrait tourner un film en partant du mythe d'Orphée et Eurydice, ce sera" Orfeu Negro"qui obtiendra la Palme d'Or à Cannes en 1959
L'autrice a été marquée par ce film qu'elle a vu dans les années 2000, il n'y a pas d'archives, mais si elle imagine beaucoup elle se base quand même sur quelques certitudes au vu du contexte de ces deux années là. C'est ainsi que plongé dans la bossa-nova, le lecteur malgré les noms souvent changés retrouve les acteurs de ce film, tous des noirs et des amateurs.Une vague histoire de CIA aussi, Malraux, Cuba, le foot.. le Carnaval, Rio, Brasilia aussi. Bref, une Histoire reconstruite avec talent; les comédiens, le réalisateur Marcel Camus ont été des étoiles filantes , le film oublié. Mais pas par E-S Bulle qui est une merveilleuse conteuse avec déjà dans l'écriture plus de maturité. Un réel plaisir de lecture
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Rio 1958. Augusto (19 ans) a été chargé d'aller récupérer deux français à l'aéroport et de les conduire à leur hôtel. Tout le monde ne parle que de la Coupe du Monde de Football que le Brésil veut – et doit – gagner ! Augusto ignore à ce moment-là qu'Aurèle Marquant est un réalisateur et que la femme qui l'accompagne – Gipsy Dusk – est une danseuse américaine (et actrice pour l'occasion) L'occasion, c'est le tournage d'un long métrage : « Orfeu Negro », qui sera présenté au festival de Cannes, l'année suivante (et deviendra le film « culte » que nous connaissons tous …)

Brenno Mello (footballeur et actuellement chômeur) qui vit dans une favela voit alors sa vie changer en obtenant le rôle masculin principal (Orfeu) – ce sera également le cas pour Norma la brésilienne et Eva venue de Martinique …

La talentueuse écrivaine Estelle-Sarah BulleLà où les chiens aboient par la queue ») nous offre à nouveau une petite pépite littéraire, à mi-chemin entre réalité et fiction. Certains personnages existent (notamment l'acteur Brenno Mello) et d'autres sortent directement de son imagination (comme le réalisateur Aurèle Marquant …) Elle nous projette dans les coulisses du film, dans le quotidien de l'équipe brésilienne, dans les conséquences politico-sociales engendrées par une production où les protagonistes sont tous noirs … Pendant plus de quatre cents pages – et pour mon plus grand plaisir – je fus en immersion totale dans ce formidable roman. J'ai vraiment partagé leur aventure, leurs émotions. Bref, je me ne me suis pas ennuyée une seule minute ! Il n'y a pas à tergiverser : Estelle-Sarah Bulle est une immense et merveilleuse conteuse !
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Sur un air de bossa-nova….
En 2018, Estelle-Sarah Bulle faisait une entrée remarquée en littérature avec un excellent premier roman, primé à Nancy par un jury qui a toujours très bon goût.
Pour son second opus, Estelle-Sarah Bulle nous embarque dans une ambiance radicalement différente.
A Rio de Janeiro, en 19r8, se tourne un film qui fera date dans l'histoire du cinéma : Orféu Negro. Ce dernier, adaptation d'une pièce de théâtre, revisite le mythe d'Orphée à la mode brésilienne de cette époque où nait la bossa-nova, savant mélange de jazz et de samba. Ce film, je ne l'ai jamais revu depuis mes jeunes années où le ciné-club du lycée nous l'avait proposé. (Il fera prochainement l'objet d'une séance de rattrapage.)
Ce roman n'est pas l'exact récit du tournage du film ; il s'en inspire. Il met en scène Aurèle marquant un cinéaste français blanc, Gipsy Dusk son épouse américaine noire et future Eurydice, un producteur, et une équipe d'acteurs non professionnels que le cinéaste s'emploi à chercher à Rio au hasard de ses rencontres afin de coller au plus juste avec ce qu'il entend réaliser.
En premier plan, l'auteur restitue le monde du cinéma de l'époque appelé à devenir l'industrie du cinéma avec toutes ses manigances, et ses arrières pensées politiques. C'est l'époque de Malraux, ministre de la culture et féroce défenseur du prestige national ; il mettra tout son poids pour que le film représente la France au Festival de Cannes en 1959 qui lui attribuera la Palme d'or.
En second plan, Estelle-Sarah Bulle nous montre le Brésil navigant entre démocratie et dictature, en plein travaux de construction d'une ville nouvelle, Brasilia, lieu de rencontre de la misère du pays venant y trouver de quoi se nourrir. Rio de Janeiro a beau faire rêver les stars de cinéma, elle n'en demeure pas moins une cité de favelas et d'ultra-pauvres qui se débattent au quotidien pour survivre. C'est le cas de Norma, coiffeuse, qui en se faisant engager pour un rôle se met à rêver d'horizons meilleurs et du grand amour.
Il ne faut pas oublier le contexte racial de l'époque : la ségrégation raciale aux US, celle du Brésil qui officiellement n'existe pas mais n'en est pas moins effective sous le manteau

Ce roman, est également un pur régal musical. On y croise des légendes comme Antônio Carlos Jobim, Vinícius de Moraes et Luiz Bonfá ; Roberto Menescal, João Gilberto,Tom Jobim. Les amateurs, comme moi, du son et du rythme des Cariocas s'y retrouveront.

Ce roman est un savant mélange de réalité et de fiction ; parfaitement rythmé, abondement documenté et écrit au plus juste.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Manhã de Carnaval….
Lorsque j'ai refermé ce livre, je me suis précipitée sur mon ordinateur pour louer et visionner le film « Orfeu Negro » (Palme d'Or à Cannes en 1959). C'est maintenant, imprégnée de la musique et des images, qui ont magnifiquement complété ma lecture que je viens parler de ce roman. Estelle-Sarah Bulle a une tendresse particulière pour « Orfeu Negro » et elle s'est librement inspirée de son histoire pour écrire son récit.
Nous sommes en 1958, au Brésil, une équipe française a décidé de mettre en images la pièce de théâtre de Vinícius de Moraes. Il revisitait le mythe grec d'Orphée et Eurydice dans une favela contemporaine de Rio de Janeiro pendant le carnaval brésilien, faisant ainsi intervenir les gens costumés, les chansons, la couleur, la fête. Aurèle Marquant, le réalisateur, a une actrice fétiche, Gipsy Dusk, qu'il a amenée avec lui. Pour les autres, ce seront des gens du coin, à peau noire, issus de milieux simples, voire défavorisés. Quand il les choisit, il faut que le courant passe, que ça fasse tilt.
C'est tout l'envers du décor que nous fait découvrir l'auteur. le travail de recherches pour élire les bons acteurs, les maquilleurs, ceux qui s'occupent du décor, des tenues et le nerf de la guerre : la recherche d'argent, de sponsors dirait-on maintenant. Mêlant habilement des personnages fictifs et réels, elle nous entraîne dans un tourbillon. le contraste est saisissant entre la pauvreté des favelas et les soirées festives en ville où vont les participants du film. Deux mondes, d'autant plus saisissants pour ceux qui ne vont les côtoyer qu'un temps, que ce soit dans un sens ou dans l'autre …. Parce que les acteurs venus de la population locale vont-ils rester des stars ou retourner dans l'ombre ?
Les protagonistes sont vraiment intéressants. Entre autres, Gipsy Dusk, une danseuse américaine métisse que le réalisateur a rencontré à Paris, elle sera Eurydice. Gipsy a fui l'Amérique.
« Un pays qu'elle-même avait fui, car, en y demeurant, elle serait devenue malade d'injustice. Elle se serait consumée dans la fournaise de la haine, aurait retourné contre elle-même la lame acérée du racisme triomphant et après quelques pas, se serait écroulée, écorchée vive. Son pays ne l'aimait pas mais elle en faisait indéniablement partie. »
Ce racisme omniprésent, même lorsque les journalistes mènent leur interview est révoltant mais Gipsy mesure la chance qu'elle a de tourner et peut-être de réussir à percer si le film a du succès…. Malgré tout, ce n'est pas simple pour elle de communiquer avec les autres actrices, leurs vies habituelles sont très différentes, elles ne viennent pas du même monde.
Une place importante est donnée à la musique, notamment à la création de nouveaux morceaux. Chaque fois qu'un titre est évoqué, je l'ai écouté pour encore mieux m'imprégner de l'atmosphère de ce recueil. On découvre comment les musiciens, les artistes communiquent, ce qui est important ou pas pour eux. L'univers du cinéma subit des influences, Estelle-Sarah Bulle nous le rappelle, il faut négocier et pas seulement pour avoir un budget. Il n'est pas aisé de faire accepter des artistes métis ou de couleur, ça dérange et que dire si la CIA ou les hommes politiques s'en mêlent, en sous-main, l'air de rien, en utilisant les sympathies des uns et des autres pour avoir des informations ?
J'ai trouvé qu'Estelle-Sarah Bulle savait trouver les mots justes pour évoquer toutes ces « différences », ces choses qui s'opposent et les émotions et réactions de chacun face aux faits. Les blasés du luxe, ceux qui sont émus de la moindre paillette, ceux qui ont peur, ceux qui souffrent…. Il y a également le contexte historique, un pays qui se cherche, une politique fragile, et la nécessité pour chacun de trouver sa juste place.
J'ai beaucoup apprécié cette histoire. J'ai eu le besoin de vérifier (notamment sur le jury de Cannes, sur les autres films) pour savoir la part qui était imagée. L'écriture de l'auteur est un régal. Elle a écrit un texte complet, riche (on sent qu'elle a dû faire beaucoup de recherches), qui, au-delà de l'histoire du film, offre un regard acéré sur les hommes et les femmes qui se côtoient dans cet opus.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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« Nos étoiles les plus filantes » est le récit imaginaire du célèbre film « Orfeu negro » de Marcel Camus, de son tournage en 1958 à sa consécration avec la Palme d'or du festival de Cannes en 1959. Réécriture du mythe d'Orphée et d'Eurydice, le film a pour cadre une favela de Rio de Janeiro où joie et tragédie vont cohabiter. Au-delà de l'histoire personnelle et des attentes des différents comédiens amateurs noirs qui constituent le casting du tournage, le projet va susciter les attentions et l'intérêt des autorités aussi bien brésiliennes que françaises et américaines.

« Nos étoiles les plus filantes » est un superbe roman qui immerge totalement le lecteur dans tout le processus de création du film. Il en suit les étapes successives au travers des regards de ses différents protagonistes : comédiens mais aussi musiciens ainsi que tous ceux qui ont pu graviter, de près ou de loin autour du tournage. La multiplication des points de vue ne nuit pas du tout à l'intrigue, bien au contraire. En effet, Estelle-Sarah Bulle parvient parfaitement à faire exister chaque personnage. Ainsi, le lecteur va découvrir le parcours de chacun mais également ses sentiments ainsi que ses attentes liées au film. L'ensemble sonne particulièrement juste et parvient à l'emporter avec lui. le livre illustre tout un pan de l'histoire du Brésil avec sa parenthèse démocratique et son désir de construction d'une nation menacée par l'influence néfaste et grandissante des militaires et des pressions extérieures. En parallèle, le lecteur assiste à la naissance et l'essor de la Bossa Nova mais également sa récupération commerciale par les Etats-Unis. Mais surtout en filigrane transparaissent le racisme et la ségrégation, présents dans toutes les sphères. Ainsi les autorités brésiliennes sont plus soucieuses de renvoyer une image de carte postale du pays, quitte pour cela à tenter de gommer la présence des favelas et des populations qui les habitent. La situation n'est pas meilleure dans le cinéma, aussi bien français qu'américain, où être une femme noire semble condamner votre carrière à se heurter à un plafond de verre. Car comme le dit le journaliste François Chalais à l'actrice principale, métis, du film : « Évidemment, vous ne pourrez jamais interpréter la Dame aux Camélias ».

Pour tous ses protagonistes, le film a constitué une sorte de parenthèse dans une période de bouillonnement artistique tant du point de vue cinématographique que musical. Et leurs espoirs d'ascension ne dépasseront pas, face aux réalités sociologiques et politiques de leur époque, le stade des étoiles filantes figurant au titre du livre. Un livre à ne pas rater lors de cette rentrée littéraire.

Lien : https://mangeurdelivres.word..
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Rio, 1958. le réalisateur Aurèle Marquant tourne difficilement son premier film avec un casting inédit pour le cinéma français : les acteurs sont tous noirs et, pour la plupart, non professionnels. Mais derrière le scénario du film, une histoire d'amour dans une favela de conte de fée, se nouent des rivalités, tromperies et intrigues politiques dans un Brésil en pleine transformation.
En imaginant librement le tournage d'Orfeu Negro, film culte qui recevra la Palme d'Or à Cannes en 1959, Estelle-Sarah Bulle nous plonge avec délice dans un Rio fantasmé, à une époque où la bossa nova émergente n'adoucit pas tout à fait la lutte des classes et des races. Elle y mélange avec habileté souffle romanesque et intrigue policière. le livre est aussi un très beau portrait de femmes à travers les personnages des trois actrices du film. D'horizons opposés, rivales mais liées fondamentalement par leur condition de femmes noires, elles donnent au récit toute sa profondeur et sa modernité.
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Un roman choral sur le tournage du film "Orfeu negro", succès mondial au tout début des années 1960 après avoir obtenu la Palme d'Or au Festival de Cannes au grand dam des tenants de la "Nouvelle Vague" (Chabrol, Truffaut, Godard…). Un film où la quasi-totalité des acteurs étaient de parfaits inconnus, recrutés pour leur beauté, leur sensualité et leur sens de la danse, accompagnés par une des plus célèbres écoles de samba de Rio de Janeiro. Un film haut en couleurs (cinémascope oblige), aujourd'hui injustement oublié mais qui fit connaître au monde entier la "bossa nova", ce genre musical tout nouveau à l'époque. L'auteure nous plonge dans l'univers du cinéma, les succès et les revers, les jalousies entre acteurs, la recherche effrénée des financements de la part des metteurs en scène et des producteurs, ses petits secrets aussi lorsqu'interviennent des enjeux géopolitiques n'ayant rien à voir avec l'art. Comme dans son premier roman, "Là où les chiens aboient par la queue", Estelle-Sarah Bulle sait nous enchanter avec ses histoires qui, l'air de rien, nous font réfléchir sur la condition humaine. Qu'il s'agisse du racisme, des relations homme-femme ou des clivages sociaux, elle sait poser un regard juste et appuyer là où ça fait mal, en dénonçant l'hypocrisie au coeur des plus nobles idéaux.
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