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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fin d'une grande trilogie enfin publiée en France. Merci, encore, au éditions Au diable vauvert d'avoir ainsi mis à notre disposition Xenogenesis d'Octavia E. Butler, une oeuvre majeure. Et maintenant, l'avertissement habituel : si vous n'avez pas lu L'Aube et L'Initiation, les premiers tomes de cette série, allez à la rigueur lire la conclusion et découvrir que j'ai aimé Imago, mais ne lisez pas cette critique. D'abord, vous risquez de ne pas y comprendre grand-chose et en plus, vous allez peut-être gâcher votre futur possible plaisir de lecture en vous privant de la découverte d'informations grappillées dans les premiers volumes. Si vous êtes à jour, je vous attends un peu plus bas.

Comme nous l'avons vu dans les premières lignes consacrées à ce roman, Octavie E. Butler ne perd pas de temps. Elle plonge directement son lecteurice dans l'essentiel du texte : la métamorphose, qui sera le centre du roman. « J'entamai ma première métamorphose si discrètement que personne ne la remarqua. » On est de suite intrigué par le contenu. Pas totalement, car on a lu les tomes précédents, L'Aube et L'Initiation. Et l'on sait que les personnages, humains comme extraterrestres, subissent des mutations, volontaires ou non. Et que ces êtres qui ont sauvé une partie de l'humanité, quand ils grandissent, se métamorphosent au fur et à mesure de leur évolution, de leur passage à l'âge adulte.

Mais ici, comme chez Kafka, quelque chose ne va pas. Jodahs, dont nous suivons les pensées tout au long du récit, semble se diriger vers une forme qui lui était interdite. Car, il faut le rappeler, les métamorphoses sont encadrées, en quelque sorte, par les Ooloi. Ils gèrent tout le côté génétique avec une maîtrise exceptionnelle. Or, la métamorphose de Jodahs surprend. Nikanj, l'Ooloi de la famille, finit par comprendre que c'est dû à une négligence de sa part : il s'est relâché et son affection pour l'enfant qu'était Jodahs a créé ce rapprochement. Mais les conséquences peuvent être dramatiques. Les Oankali avaient déjà régulé les Humains afin d'éviter des mâles, au début, afin d'éviter qu'ils ne reproduisent le Conflit, cette tendance qui a conduit l'humanité à sa perte. Ils font la même chose pour les Ooloi : ces êtres sont extrêmement puissants, puisqu'ils peuvent jouer avec les gênes. Ils sont la mémoire des espèces rencontrées, car ils stockent dans une poche interne spéciale des échantillons de chaque plante, animal croisés. Ils peuvent également soigner, mais aussi blesser, voire tuer. On ne peut donc les laisser se promener seuls sans être absolument certains qu'ils sont stables et maîtres de leur corps et de leur pensée. Or, Jodahs va être le premier Ooloi façonné. S'il veut vivre librement, il va lui falloir convaincre tout le monde de son innocuité.

À la différence des deux romans précédents où l'autrice utilisait le pronom « elle » ou « il » pour les personnages centraux, dans Imago, elle a choisi le pronom « je ». Nous, lecteurices, sommes Jodahs. Nous ne découvrons le monde qu'à travers ses sens ; nous ne comprenons les autres qu'à travers ses pensées, ses sentiments. Et donc, nous sommes confrontés de l'intérieur à ses interrogations, ses inquiétudes. Ne serait-ce que son choix de sexe. Il (car il se mâle au début, mais je devrais dire « iel » car cela correspond mieux à ce flou quand au genre qui caractérise Jodahs), iel évolue selon les besoins de ceux qui l'entourent. Iel veut plaire aux humains qu'il convoite et donc, s'adapte à leurs désirs. Afin de les conquérir plus facilement et parce qu'il en ressent la nécessité.

Cependant, un point m'a gêné : les humains rencontrés ne semblent pas choisis pour leurs qualités, mais pour le simple fait qu'ils sont humains et que les Oankali en ont besoin. Un peu comme des animaux de compagnie, certes aimés, chéris, mais interchangeables. Quand Aaor, l'adelphe de Jodahs, en manque de compagnie humaine sent la présence d'individus près de lui, il n'hésite pas une seconde, ne cherche pas à les examiner. Il fonce et les prend sous sa coupe. Toutes ces relations entre Humains et Oankali sont assez éloignées de notre idée de l'amour. C'est davantage une question de besoin épaulé par des substances chimiques sécrétées par les Ooloi, qui leur permettent de se rendre attirants pour les hommes et les femmes désirés. Même si, parfois, l'autrice explique que cette « drogue » libère en fait les individus de leurs blocages, les désinhibent, cela ressemble quand même trop à des viols. Dérangeant, je le disais. Et vivifiant, car cela interroge fortement sur les relations entre personnes, dont certaines avec ascendant sur les autres. La force de cette autrice qui appuie là où ça gratte et nous oblige à nous interroger.

Imago achève en beauté la trilogie. Ce roman, le plus court des trois, se montre pourtant d'une grande densité dans les questions et les réponses qu'il apporte. Et tout cela dans un récit qui ne connaît pratiquement aucun temps mort et immerge ses lecteurices du début à la fin dans une quête identitaire passionnante. Lire Xenogenesis est une expérience déstabilisante et nécessaire.


Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Dernier tome de la trilogie qui nous plonge directement dans un autre cas d'hybridation humain-extraterrestre dans la personne de Jodah, premier ooloi de sa génération. La découverte de l'essence même de cet être nouveau qui développe peu à peu les fonctionnalités sensorielles extraterrestres tout en conservant sa curiosité vers son humanité. La peur et la méfiance envers Jodah reviens à présent aux extraterrestres qui le jugent défaillant.
Je n'en dévoilerai pas plus car l' histoire de ce troisième tome suit la lignée des autres tomes dénonçant toujours la hiérarchie, l'intolérance et l'oppression comme les moteurs de la répétitivité des actes de violence quel qu'ils soient.

De la SF pure, avec une évolution maîtrisée, un oeuvre complexe pleine d'humanité et d'espoir

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Après L'Aube et L'Initiation, voici la fin de la trilogie Xenogenis d'Octavia E.Butler. Comme pour l'épisode précédent, si vous n'avez pas encore lu les deux premiers tomes, faites immédiatement demi-tour et revenez une fois que vous aurez achevé votre lecture.


Ça y est ? Vous êtes à jour ? Bien. Imago se situe environ cinquante ans après la fin de L'Initiation et comme dans le précédent livre, nous suivons ici la destinée d'un autre enfant de Lilith, Jodahs, le premier ooloï façonné, c'est-à-dire le premier hybride humain/extra-terrestre du troisième genre propre aux êtres venus d'ailleurs. Avant lui, ce qu'il reste de l'Humanité, rendue stérile pour éliminer ses tendances « hiérarchiques » autodestructrices n'a que deux choix : s'hybrider avec les extra-terrestres et fonder de nouvelles familles ou s'exiler sur Mars dans une colonie strictement humaine – et fertile, mais sur une planète en cours de terraformation. Pourtant une fois de plus, Octavia E. Butler nous raconte une intrigue au ras du sol, quelque part dans les tropiques et à l'échelle de quelques individus. Et qui plus est, elle nous le raconte uniquement du point de vue de Jodahs. Celui-ci quitte l'enfance et apprend à devenir adulte en se débattant, comme son frère Akin avant lui, entre ses parts humaines et extra-terrestres, mais également avec son rôle d'ooloï. Troisième genre, ni mâle ni femelle, mais également le syncrétisme des deux, l'ooloï est à la fois le guérisseur, l'ingénieur en chef des modifications des membres de la famille et le catalyseur du foyer. Mémoire génétique vivante à la fois du passé des extra-terrestres et de celui de la planète Terre où il est né, mais également adolescent tiraillé par les pulsions de la puberté, l'envie d'indépendance et un besoin d'intégration forcené, Jodahs va être l'agent de liaison idéal. Il va réparer les failles au sein de ses propres familles (celle dont il est issu et celle qu'il va construire) et pour offrir une nouvelle voie d'intégration aux façonnés et à la population terrienne dans son ensemble.
Conclusion de la trilogie, Imago est le plus court des trois romans. Et pourtant c'est également l'un des plus denses et une fin amplement satisfaisante à cette exploration. C'est celui qui a le protagoniste le plus éloigné de l'humanité telle que nous la connaissons, mais également par rapport à son frère Akin, celui dont les tourments et les solutions sont les plus « humaines ». Et une fois de plus, Octavia E. Butler va surprendre par son invention et la façon dont elle explique les capacités particulières des ooloïs… Si vous souhaitez découvrir Octavia E. Butler et ses thématiques, tout en vous plongeant dans une pure histoire de science-fiction à l'ancienne, cette saga, Xenogenesis, est l'endroit parfait pour commencer.
Lien : https://www.outrelivres.fr/i..
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𝙃𝙖𝙙 𝙄 𝙚𝙫𝙚𝙧 𝙬𝙖𝙣𝙩𝙚𝙙 𝙩𝙤 𝙗𝙚 𝙢𝙖𝙡𝙚? 𝙄 𝙟𝙪𝙨𝙩 𝙖𝙨𝙨𝙪𝙢𝙚𝙙 𝙄 𝙬𝙖𝙨 𝙢𝙖𝙡𝙚, 𝙖𝙣𝙙 𝙬𝙤𝙪𝙡𝙙 𝙝𝙖𝙫𝙚 𝙣𝙤 𝙘𝙝𝙤𝙞𝙘𝙚 𝙞𝙣 𝙩𝙝𝙚 𝙢𝙖𝙩𝙩𝙚𝙧.

J'ai encore pris énormément de plaisir à lire ce tome même si je suis un peu triste de quitter cet univers.

Dans ce tome, nous découvrons la naissance du premier hybride humain-Oankali ooloi, c'est à dire le premier à n'être ni mâle, ni femelle. Je m'attendais donc à ce que la thématique du genre soit d'autant plus développée dans ce tome et ça n'a finalement pas tant été le cas, en tout cas pas autant que ce que j'imaginais (un peu déçu par ça en vrai).

Il est vrai que les ooloi sont communément acceptés, et même célébrés, dans la culture Oankali, mais Jodahs étant le premier hybride ooloi, sa naissance éveille forcément une certaine méfiance puisqu'on a peur qu'il soit « imparfait » et surtout instable (notamment à cause de sa part d'humanité).

Découvrir la manière dont Jodahs va appréhender ces différents changements est passionnante : d'abord les changements internes quand iel comprend qu'iel n'est pas mâle malgré ce qu'iel a pensé les 29 premières années de sa vie, puis les changements physiques lors de ses deux métamorphoses. On a d'ailleurs une partie intéressante où on voit l'expression de son genre (mais pas seulement) fluctuer en fonction de qui l'entoure et de leurs « désirs ».

Mais pour moi, on a un vrai virement dans l'histoire lorsque Jodahs rencontre Tomás et Jesusa qui vont immédiatement appeler tout son être. A la fois j'ai trouvé leur relation très touchante mais elle m'a aussi gêné pour une raison simple. Pour la première fois, j'ai eu l'impression dans ce tome que les Oankalis pouvaient s'attacher à n'importe quel humain, que l'individualité des uns et des autres n'a finalement aucune importance dans le « couple » Oankali (à ce stade on est plutôt sur du trouple ou du quintouple mais passons).

Mis à part ça, on aborde encore pas mal de thématiques très intéressantes dans ce tome, comme la solitude et le désespoir (très bien exploités dans ce tome), ou la fragilité de l'ego masculin.

Cette trilogie, qui encore une fois ne pourra pas plaire à tout le monde tant elle est particulière, aura vraiment été une superbe découverte. L'écriture est très efficace et les thématiques passionnantes. J'ai vraiment du mal à imaginer comment cette série a pu être perçue à l'époque de sa sortie tant Octavia Butler était en avance sur son temps dans ses idées. Hâte de découvrir le reste de sa bibliographie !
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Et voilà, troisième et dernier tome de Xenogenesis terminé. Je craignais d'être déçue tant Lilith, à laquelle je m'étais attachée, passe au second plan. Mais non. Johdas, premier oankali "façonné" s'avère fascinant, touchant dans son effort démesuré pour concilier les deux cultures et trouver et défendre sa propre identité. Pionnier, premier, de sa réussite dépend le devenir de tous ceux qui vont le suivre.
J'ai été un peu déçue par la conclusion du livre. Parce qu'on reste en permanence en compagnie de Johdas, parce que l'on traverse toute l'histoire avec son regard et son ressenti, les humains abordés sont réduits à leur plus simple expression. Dénués de libre arbitre, séduits par des phéromones, et hop, le tour est joué.
Sans doute est-ce volontaire de la part de l'auteur. Nous faire toucher du doigt ce rapport de domination où le dominant se présente en sauveur et séducteur. Plus lisible, la question aussi du métissage, de l'appartenance à deux cultures, et de sa propre identité à s'approprier.
Bref, un récit qui, derrière son aspect de science-fiction pose des questions morales, philosophiques et éthiques sans autre réponse que celle que chacun peut y apporter, dans le secret de son âme et conscience.
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J'en aurai voulu plus mais c'est une conclusion qui me satisfait pour une série qui m'a portée sans s'essouffler.

J'aurai vraiment été challengée avec ces trois volumes et plus particulièrement les deux derniers qui développent plus frontalement des sujets tabous et dérangeants. Je n'ai pas toujours été dans mes petits souliers et c'était pour mon plus grand plaisir puisque Octavia E. Butler a le talent de faire passer les questionnement difficiles avec souplesse et doigté.

J'ai conscience que c'est une série qui divise et divisera par certaines de ses thématiques mais je recommande chaudement.

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