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Critique de MademoiselleMaeve


Il y a quelques années, jamais je n'aurais lu J'avais 15 ans d'Élie Buzyn. Jamais. J'évitais tous les livres, tous les films qui parlaient de la Seconde Guerre mondiale. Je ne voulais pas mettre des mots et des images sur des histoires familiales. Et puis… Et puis, on change.

J'ai découvert que certaines histoires devaient être racontées et que c'était important de les écouter. Et que certains témoignages, aussi durs soient-ils, semblaient touchés par la grâce.

Élie Buzyn est arrivé à Auschwitz à 15 ans en 1944, mais son cauchemar a commencé bien plus jeune. En mars 1940, son frère a été abattu devant lui pour servir d'exemple. Quatre ans de travail forcé, puis la séparation avec sa famille et l'envoi à Auschwitz. Il est l'un des rares adolescents à sortir vivant de cet enfer. Durant des années, il ne dira rien. Il entreprendra des études de médecine pour soigner ceux que les nazis ont tenté d'éliminer : témoins de Jehova, malades psychiatriques, personnes âgées. Mais de son histoire, il ne dira rien. Jusqu'à un voyage à Auschwitz avec son fils. Il réalisera alors qu'il doit témoigner, afin de transmettre la mémoire des victimes de la Shoah.

Son livre, J'avais 15 ans, raconte Auschwitz, mais aussi l'après. La manière dont il a tenté de se reconstruire après avoir vécu de telles atrocités. Élie Buzyn a failli mourir mille fois. Il a tenu parce qu'il a fait une promesse à sa mère : « tu dois tout faire pour rester en vie, essayer de retrouver mes frères à Paris et leur raconter ce qui nous est arrivé ».

Il a décidé de soigner les autres, mais surtout les plus faibles, une revanche à prendre sur les nazis, une dette à payer pour des soins apportés par un médecin dans le camp.

Si vous espérez un témoignage très émouvant et larmoyant, vous serez dans doute déçu. Élie Buzyn est pudique. Les passages les plus éprouvants sont les mots de ses proches. Ceux qui racontent Élie. Je pense notamment à son ami Roland Amiach qui raconte pourquoi il dormait si peu. Dormir c'était risquer de ne jamais se réveiller. de se prendre une balle dans la tête. Certains réflexes restent.

Les éditions Alisio ont sorti un complément à J'avais 15 ans, il s'agit de Ce que je voulais transmettre, une interview d'Élie Buzyn qui permet d'aller plus loin, de répondre aux questions que l'on peut tous se poser sur la reconstruction, la foi, la famille.

Ces témoignages, celui d'Elie, mais celui de tous les autres survivants – je pense aussi à Charlotte Delbo, Élie Wiesel, Primo Levy, sont profondément marquants. Ils permettent de ne pas oublier ce que les hommes sont capables de faire, quand ils abandonnent leur humanité. Alors, même si c'est dur, même si cela manque de légèreté, même si on ne s'évade pas lors de certaines lectures, on se construit, on grandit. Et c'est cela aussi la force de la littérature.
Lien : https://mademoisellemaeve.wo..
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