qu’on me donne un fusil je me ferai un corps
qu’on me dresse vivant dans les villages en feu
et qu’on plante ma voix au-dessus des collines
puis je veux qu’on me couche dans les bras d’un enfant
car j’ai besoin de naître après chaque massacre
pour être plus nombreux que les avions d’Irak
j’ai besoin de bras grands comme des lance-flammes
et d’un pays taillé dans le bois dur des crosses
pour voir enfin s’ouvrir dans les plaines incendiées
le regard barbelé des premiers enfants libres…
je graverai leurs noms sur les tables de Yazd
et le jour grandira à l’ombre de nos armes
ce jour c’en sera fait de tous les chants funèbres
je porterai la guerre au-delà de mon sang
je porterai le nom de tous mes frères morts
et le feu s’étendra par-delà nos montagnes
alors du lac de Van aux plateaux de l’Iran
il n’y aura qu’un peuple dressé comme un poing nu
lors je parlerai la chair du Kurdistan !
Bagdad, 1969
Proverbe
il y a trois choses qui sont au-dessus de moi
et même quatre que je ne comprends pas
le chemin de l’oiseau dans le ciel
le chemin du serpent sur la pierre
le chemin du bateau sur la mer
et le chemin de l’homme dans la jeune femme
mais je veux te comprendre
comme la corde comprend la main
comme la terre comprend la pluie
comme le sable comprend la mer
comme le bois comprend le feu