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Citations sur Ouvrez le feu ! (12)

Je suis né d’une erreur du vent et de la mer
C’est pourquoi j’ai vécu au rythme des marées
Entre les hommes et dieu je n’ai pas pu choisir
Poisson-lune égaré sur un trottoir vitreux

Je n’ai fait que passer sans pouvoir respirer

Un enfant replié s’est pris dans ma mémoire
qui m’empêche d’atteindre le pays d’où je viens
Quand trouverai-je enfin de quoi crever mes yeux
sur le plancher glissant d’une barque fantôme

Si je viens à mourir qu’on me jette à la mer
dans l’aube bleue des sables je trouverai ma route

J’arriverai enfin à cette grande fête
où mon corps fait surface
à l’intérieur du sel
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Ce sont des enfants seuls
attelés à leurs cris
qui avancent de face
sur des chemins possibles

ils nous jettent des mots
simples comme les pierres
leur royaume visible
est une route droite

ils entrent par effraction
dans nos yeux éboulés
et suivent des aurores
qui toujours se rassemblent

ils creusent leurs demeures
dans les charpentes mortes
pour apporter aux évidences
le démenti formel
d'un battement de cœur
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Requiem (en souvenir d’Anna Akhmatova)



Si je meurs seul
s’il n’y a personne
pour me conduire en mer
ou me coucher dans les genêts d’Aigoual
s’il faut que j’aille au cimetière
je voudrais que ce soit dans celui d’Arcachon
sur une dune ensoleillée
près de la Ville d’Hiver
je voudrais qu’on m’habille avec ce velours noir
que je garde en lieu sûr
d’une chemise blanche avec un foulard rouge
qu’on mette dans ma poche une pipe d’Irlande
avec du tabac blond
un petit miroir doré
le Rimbaud bleu de poche 498
sans oublier un sac marin, une paire de rames, une bouée
de sauvetage et un bouquet d’immortelles
J’attends la Vague immense qui m’ouvrira les yeux…
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PRAGUE



Extrait 3

sous chaque pont ma tête a heurté des éclats
car j'appartiens depuis au long cheminement
des barques sur le fleuve…

c'est l'heure où j'ai joué à simuler la mort
la tête traversée d'orages ensevelis
je déchirais mes poings sur des chargeurs
  impassibles
les étrangers sur les tourelles nous fixaient en
silence…

j'ai aussi partagé d'incroyables demeures
où la table est dressée à chaque heure du jour


                  Prague — août 1968.
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.../...
plus personne n’arrive à Ellis Island…

Je suis plein d’un vieux sang arménien
ou bulgare
et j’ai vu à Brooklyn un certain marchand d’ombres
qu’on appelait Bontchek
qui calculait la nuit
tout le temps qui restait
avant la venue du Messie
Je suis le voyageur des mémoires manquées

mais Ellis Island est fermé pour toujours…
.../...

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PRAGUE



Extrait 5

quelqu'un jouait dans l'ombre un air étrange
  et beau
je l'écoutais en m'éloignant
un cortège passait portant les premiers morts
des femmes se signaient devant St Venceslas
j'allais de groupe en groupe les yeux criblés
  de terre
au milieu d'une place je veillais le grand corps
d'un étudiant moldave…

et j'ai vécu ainsi caché dans les carcasses
à mi-corps sous un char j'attirais les oiseaux
derrière une fenêtre on entendait crier
et des barques fleuries se croisaient en silence

mon corps était désert si longuement cherché
et pour me joindre au défilé des survivants
j'avais mis des soleils dans mes yeux
  uniformes…

                  Prague — août 1968.
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PRAGUE



Extrait 4

j'ai rompu le feu des pierres et du pain
  noir
j'étais vivant je n'avais que des frères
j'étais cloué au bois dont on fait les poteaux…

ainsi j'étais sans arme j'affrontais
  mes blessures
dans la complicité des buveurs de vodka
et de la chair aussi difficile à porter
n'ai-je pas été sage d'étendre au loin la mort
qui creusait dans mes gestes des passages
  fertiles ?

ainsi étais-je à Prague engagé sans limite
la nuit je m'enroulais dans des habits de
  morts
je mourais par instants à l'insu de mon corps
et puis je m'enterrais dans les yeux
  des épaves…
j'allais sans savoir où je marchais à l'envers
et j'offrais aux enfants de grands bouquets de
  neige


                  Prague — août 1968.
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Parole d’Agur


   à Yannis K1TSOS prisonnier du fascisme grec

avec des bouts d’avion je me ferai des ailes
et avec du napalm je changerai mon sang
je bourrerai ma tête de grenades au phosphore
et par une nuit claire je tomberai en feu
sur les villes accroupies dans leurs charniers
immenses
je détruirai enfin tout ce qui nous ressemble
je brûlerai partout jusqu’à notre mémoire
et puis je sauterai au milieu de la mer…
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PRAGUE



Extrait 2

je me souvins aussi de ces églises en feu
pleines d'enfants brûlés suspendus aux vitraux
j'y entrais sans issue en quête de mémoire
l'enfant Jésus dormait d'un vieux sommeil de
  pierre
un lourd parfum d'encens oblique
  et monotone
s'illuminait en moi…

à chaque instant tourné du côté où mourir
j'avançais grand ouvert au-devant des tueurs
au bord de la Moldau mon visage recule
des rafales vivantes ont couché dans mes yeux
des groupes d'enfants tristes accrochés aux
  blindages
et je buvais sans m'arrêter


                  Prague — août 1968.
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PRAGUE



Extrait 1

une feuille de sang recouvrait les fontaines
la nuit était si claire qu'elle ne pouvait passer
j'écoutais sur le fleuve descendre un chant
  funèbre
qui parlait de deux sœurs disparues sous les
  eaux

à Prague je me souviens d'avoir offert des
  des fleurs
sur le quai d'une gare
à des soldats muets
derrière la synagogue j'avais planté une tombe
car la présence aussi est la grande douleur
je remontais sans fin vers le ghetto
quand j'apprenais par cœur tous les nombres
  sacrés
qui renvoyaient au fond de mes paroles
  blanches
l'écho agenouillé des cantiques de Sion…

                  Prague — août 1968.
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