Avant la Révolution française, les corporations ouvrières imposaient les règles aménageant de longues périodes durant lesquelles le travail salarié était proscrit : absence le dimanche et le lundi suivant la paie, nombreuses pauses quotidiennes, travail à temps partiel durant les récoltes, restriction du travail des enfants, etc. Il y avait ainsi 164 jours par an chômés en France au XVIIe siècle. Les lois d'Allarde et Le Chapelier, votées en 1791, ont supprimé les corporations et permis aux employeurs de fixer la durée du travail. Le temps de présence des ouvriers sur leur lieu de travail a alors augmenté considérablement pour atteindre 4 500 heures par an au début du XIXe siècle, alors que les agriculteurs travaillaient entre 1800 et 2000 heures par an deux siècles auparavant.
Chaque entreprise est une alchimie complexe, façonnée par le temps, de savoir-faire technique, d'imbrications de liens personnels ou collectifs pas toujours explicites, d'organisation du travail ayant ses règles et ses coutumes, de manière de prendre des décisions, etc. Cet amalgame est en grande partie propre à chaque entreprise et il ne fonctionne bien qu'au sein de cette entité particulière. Une entreprise ressemble plus à un système composé de liaisons irréversibles entre certains de ses éléments qu'à une collection d'individus indifférenciés et de machines que l'on pourrait remodeler à l'envi. Lorsque survient une innovation technologique ou lorsque les conditions de la concurrence se modifient, certaines entreprises ou certaines unités d'une même entreprise ne sont pas capables de s'y adapter, car le degré de spécificité des relations internes est trop fort. Elles disparaissent, en partie ou totalité, et en même temps des entreprises ou des établissements plus adaptés apparaissent.