— Tu as frappé à la porte de la salle de bains, l’informa-t-elle. Tu… tu m’as demandé si j’étais ta mère.
— Sérieux ? Désolé… Tu as dû flipper… Tu es beaucoup plus petite que ma mère.
— Sale gosse, lâcha-t-elle dans un éclat de rire qui la prit au dépourvu.
— On ne parle pas comme ça à un vampire.
— Sale gosse buveur de sang.
— Mieux.
— Tu es armée ?
Jetant un coup d’œil à son sac à dos, elle rétorqua :
— Non.
— Mens-moi encore et je te dépose au prochain feu.
La gorge nouée, Claire répliqua :
— Euh, oui, je suis armée. de flèches… et un pistolet à eau rempli de nitrate d’argent.
— Quoi, pas de grenades ? Très bien, je vais prendre ton arbalète. Privilégie les méthodes non létales, si tu veux bien. Il y a eu assez de catastrophes dans cette ville récemment. Et puis je suppose que tu conserves une certaine affection pour Myrnin, au fond.
— Je ne le tuerai pas. Mais je me défendrai s’il tente de me blesser.
— Excellente stratégie à un détail près : si tu le blesses, il te tuera à coup sûr. Laisse-moi me charger de Myrnin.
— Euh… Frankenstein .
— C’est un roman de Mary, oui. Le Dr Polidori s’est fait connaître pour une œuvre de fiction aussi sombre… sur un vampire. Bref, Ada était bien plus perspicace que ce qu’on aurait pu attendre d’une femme de son époque. Et très obstinée. Il n’a pas fallu longtemps pour que…
Il s’interrompit brusquement, jeta un regard dur à Claire et conclut :
— Pour que nous devenions des amis proches.
— Je n’ai plus cinq ans.
— Très bien, appelle ça comme tu veux. Nous sommes devenus intimes, et cette conversation est à présent terminée.
Claire avait raison, et Eve le savait. Morganville reposait sur l’équilibre précaire entre la paranoïa violente des vampires et celle tout aussi violente des humains qui les dépassaient en nombre. Juste là, à l’aplomb entre les deux, ils pouvaient coexister. Mais il n’en fallait pas beaucoup pour faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Et le jour où cela se produirait, Morganville partirait en fumée.