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sur 260 notes
Paru en 1973, et récemment ré-édité aux éditions Gallimard, « le dernier été en ville » incarne le versant mélancolique de la Dolce Vita, cette époque bénie de la fin des années soixante, que nous avons tous l'impression d'avoir touchée du doigt, en visionnant le film éponyme de Federico Fellini.

Léo Gazzarra, milanais d'origine, dérive dans la douceur romaine, vit d'expédients, de petits boulots pour des revues, et profite de la générosité de la bourgeoisie romaine qu'il fréquente assidûment. Il a presque trente ans mais reste un éternel adolescent qui passe l'essentiel de ses journées à lire en terrasse, à aller au cinéma ou à la mer toute proche. Mélancolique et cultivé, il a intégré le cercle huppé de la capitale alanguie par la touffeur d'un été de plomb. La nuit, Léo boit trop, se laisse entraîner dans une nouvelle tournée des grands ducs par son ami alcoolique Graziano, ou fréquente les soirées mondaines, où il multiplie les conquêtes d'un soir.

La nuit de ses trente ans, lors d'une soirée raffinée où l'ont convié des amis, Léo fait la rencontre d'Arianna, beauté aussi irradiante qu'exubérante, femme-enfant parfaitement consciente de son immense pouvoir de séduction. Entre la jeune femme radieuse et le trentenaire désenchanté c'est le coup de foudre, qui fera basculer l'équilibre précaire de la vie du narrateur.

Les deux amoureux ne se quittent plus, passent leurs journées à la mer, et tandis qu'Arianna ne parvient pas à sortir du rôle qu'elle s'est attribuée, Léo est hypnotisé, et peine à se remettre de la violence de la collision avec la Beauté. Les corps se frôlent mais ne s'entremêlent pas tout à fait, Arianna disparaît puis revient, Léo trouve un travail de journaliste à la petite semaine, suit Graziano dans d'interminables virées nocturnes, et se perd peu à peu dans la chaleur romaine.

« Le dernier été en ville » est un roman doux-amer, teinté de mélancolie malgré l'apparente légèreté de la Dolce Vita qui plane sur la cité romaine. Son héros aussi attachant que désemparé, n'est pas dupe du jeu social qui régit la conduite des happy few romains. Et pourtant, le lecteur assiste impuissant à la lente désagrégation de son univers vacillant au gré de ses retrouvailles avec l'impénétrable Arianna.

Le livre de Gianfranco Calligarich est une plongée dans une certaine bourgeoisie intellectuelle et terriblement mondaine de la fin des années soixante. Derrière la beauté, l'opulence, les sourires, les coupes de champagne, la douceur d'un été sans fin, la disparition de l'astre doré dans la Méditerranée, se dissimule un entre-soi froid et sans pitié. Et le destin de Léo, en réalité étranger aux cercles aisés de Rome, envouté par la beauté qui s'est assise un soir sur ses genoux, évoque inéluctablement Icare se brûlant les ailes pour avoir tenté d'approcher de trop près le soleil.
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Comment qualifier ce livre? .
Paru en 1973, Roman d'une époque , peinture d'une ville : Rome l'été, fin des années 60 , roman d'amour et de désespérance ? .

Léo Gazzara, vient de fêter ses trente ans , installé depuis quelques années dans la capitale il écrit des articles «  très réfléchis et mal payés » pour des revues et des journaux , il tentera , sans succès ou……sans volonté de faire son entrée à la télévision avant qu'un ami Renzo marié à Viola , le fasse entrer au Corriere Dello Sport, il y retape des dépêches aux accents tragiques .
Il se tait , s'adapte à toutes les situations ,se laisse aller , en manque total d'ambition, un vide lancinant remplit sa tête.

Malheureusement , il voulait se soûler ,voulait la «  cuite mortelle la plus massive qu'il puisse échafauder » .

Car il avait rencontré une très belle oisive , fragile et séductrice, aux longs cheveux noirs, Arianna, ,soeur d'Eva , étudiante en architecture , un peu perdue, incapable d'exprimer ses véritables sentiments , rencontre un peu magique , au début d'une lutte amoureuse vaine aussi silencieuse qu'une vraie , douleur …..

«  La beauté douloureuse » de cette jeune fille énigmatique lui rappelait sa jeunesse finie et son total manque d'ambition .

Il s'en ouvre auprès de son ami Graziano marié à la riche américaine Sandie.
El il boit , un peu trop et il le sait .
Entre peinture lumineuse de Rome ,solaire et magnétique : «  le silence des chaudes soirées, les escaliers éblouissants, les fontaines tapageuses ,les temples en ruine et le silence nocturne des dieux révoqués » et aussi «  Les coupoles , les ponts , des vieilles maisons imbibées de lumière » ….où l'on croise des aristocrates déchus ,des parvenus ,des arrivistes sans le sou ..et un portrait tout aussi saisissant des saisons et de leurs couleurs » .
«    Crépuscule rouge sillonné par des centaines d'hirondelles » Soleil assassin d'août et rues vides » ou encore :
Le quotidien bouleversant et mélancolique d'un Léo dont Arianna qui ne cesse de disparaître et d'apparaître , ne le sauvera pas de sa lente et inexorable descente aux enfers ….

Une histoire d'amour , tragique , d'incandescence , une quête vide de sens , intemporelle .

Le récit crépusculaire , fulgurant, traversé par l'amertume, le désenchantement, le silence des chaudes soirées à Rome intimement lié à la lente dérive poignante d'un jeune journaliste milanais —- couplé au portrait de l'après - guerre en Italie —— un renoncement tranquille, douloureux , ironique qui laisse un sentiment éperdu de perte , à l'écriture magnifique .
Cela fait penser à La Dolce Vita de Federico Fellini .

«  La mer qui accueille tout., tous les êtres qui n'ont jamais réussi à naître et ceux qui sont morts pour toujours.
Je pense au jour où le ciel s'ouvrira et où , pour la première fois ou encore une fois , ils retrouveront leur légitimité » .

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Rome, années 60.

Léo est un jeune homme originaire de Milan, arrivé à Rome pour essayer de donner un sens à sa vie, et vit de petits boulots à droite à gauche. Il va de bar en bar, rencontre un couple qui décide de partir en Amérique du Sud et récupère dès lors leur appartement, il goûte aux plaisirs de l'alcool et de la dolce Vita sans vraiment trouver sa place.

Le soir de ses 30 ans, il rencontre la belle et mystérieuse Arianna. Commence alors une idylle pleine de rebondissements, où chacun cherche l'autre mais sans jamais réussir à être simplement ensemble. Il faut dire qu'Arianna est fragile – elle a fait un séjour en clinique – et souvent évanescente et que les deux personnages se retrouvent seuls face à leur désarroi intime.
Quant à notre Léo il peine à s'insérer dans la vie : devenu pigiste au Corriere dello Sport, il erre la nuit imbibé d'alcool et ne voit pas d'issue à ses questions.

Mais le personnage principal de ce roman c'est Rome. Fontaine de Trevi, Place Navone, Villa Borghese … on retrouve tous les lieux qui font aujourd'hui le bonheur des touristes … sans le tourisme de masse. On pense à Fellini bien sûr, et à tous les réalisateurs italiens de cette époque désormais révolue.

Très agréable à lire, plutôt sombre dans son récit, Gianfranco Calligarich raconte une histoire d'amour sans espoir, sur fond de nostalgie pour une société qu'on ne reverra plus. Une belle réussite.
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En lisant ce roman, on ne peut s'empêcher de penser à « La Dolce Vita » ou à « La Grande Bellezza », ces chefs d'oeuvres dans lesquels la mélancolie et la mélodie d'un bonheur retrouvé se confondent au hasard des rencontres et des égarements. Comme dans ces deux films, l'héroïne, c'est Rome, capable de vous rendre insignifiant devant l'Histoire ou de vous donner des ailes. Dans les deux cas, il n'y a pas d'échappatoire possible, parce que le soleil assomme dans la ville éternelle et que vos ailes seront celles d'Icare.
Leo n'a pas beaucoup de certitude, peut-être croit-il à la beauté « c'est même mieux que la richesse, parce que la beauté ne pue jamais la souffrance et la conquête ». Incapable de la reconnaître sous les traits d'Arianna, il traîne son spleen entre Piazza Navona et les bourgades balnéaires « Pendant les cent premiers kilomètres, aucun de nous parla. C'est à cette occasion que je découvris que deux personnes produisent plus de silence qu'une seule ».
Parler d'une errance sans tomber dans le néant relève de l'exploit. Plus d'un auteur s'y est cassé les dents pensant qu'un verre de gin et trois bons mots suffiraient à résumer la singularité de leur abysse, alors qu'ils révélaient seulement un narcissisme pathologique. Pour relever ce défi, il faut du panache, de l'élégance, le sens de la formule (« Il avait la tête de quelqu'un qui a déjà rencontré son ange et lui a donné la réponse qu'il méritait ») et le génie des métaphores (« Je vais comme un chat qui a une longue queue dans une usine de chaises à bascule »).
Un roman sur la peur du vide qui, paradoxalement, a quelque chose de réjouissant et d'éblouissant.
Bilan : 🌹🌹
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Désoeuvrés, les héros de Gianfranco Calligarich se cherchent, errant dans les rues de Rome, sous le soleil ou sous la lune. Oiseaux de nuit, ils aiment pourtant se nourrir de la chaleur italienne, de son ambre douce bientôt brûlante alors qu'août arrive. Ils flottent, souvent soûls, dissimulant une mélancolie latente et irrémédiable, un mal de vivre incurable que le tourbillon mondain accentue, induisant une torpeur étourdissante et écoeurante (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/06/29/le-dernier-ete-en-ville-gianfranco-calligarich/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Dolce Avventura ?
Un livre qui m'a laissé particulièrement perplexe. de belles qualités d'écriture et une ambiance romaine plaisante. Une littérature en partie éthylique qui n'est pas sans références, d'Hemingway à Bukowski...Ici on en a une version italienne. C'est à la fois un peu froid, peu "psychologisant", on lit tout cela avec plaisir, mais pour ma part sans passion.
La faute à une traduction vieillotte ? Les renseignements autour du livre et de sa traduction sont bien flous dans l'édition folio. A tel point que l'on ne sait pas si l'on a une vieille traduction ou au contraire une traduction récente volontairement vintage. Par exemple je connaissais le mot "branque "comme dans "espèce de braque" mais pas "brancard" utilisé dans ce même sens à de multiples reprises. Bizarre.
Ensuite l'intrigue fait vraiment penser à la fois au film d'Antonioni cité dans mon titre, en ce sens que l'intrigue on s'en fiche un peu, elle semble disparaitre derrière autre chose. Reste à savoir quoi. Et ces déambulations nocturnes et bien arrosées dans Rome rappellent un peu quelque chose. A tel point que livre paraît parfois une sorte d'hommage à ces films dans un climat à la Hemingway ( l'alcool coule à flot, c'est froid, tout comme la cuvette des WC sur laquelle les personnes sont amenés à se pencher parfois après de trop riches agapes...).
Un curieux livre.
Voilà du moins ce que j'écrivais 40 pages avant la fin, persuadé d'avoir fait le tour de la question. Erreur stupide, la fin est magnifique et relativise tous les reproches adressés plus hauts. du coup je le relis, persuadé d'avoir un peu raté quelque chose....
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Rome, années 1960. Leo, la trentaine, quitte Milan pour Rome dans le but de devenir journaliste. Arrivé dans la capitale, la vie n'est pas aussi simple. Rome est une ville dynamique. Il y a du monde. Tout est en effervescence. A Rome, on sort, on danse, on bouge, la ville de dort jamais. Il faut suivre le mouvement, sinon on s'y perd. Leo enchaîne les petits boulots en attendant de trouver ce qu'il cherche. Il se fait des amis, côtoie le milieu intellectuel mais il peine à trouver sa place. Il ne se sent pas bien malgré tous ce efforts. Alors, le soir, il oublie tout dans l'alcool. Il connaît les bars et y rencontre Arianna, une femme mystérieuse.
"Du reste, c'est toujours pareil. On se démène pour rester à l'écart et puis un beau jour, sans savoir comment, on se retrouve embarqué dans une histoire qui nous conduit tout droit à la fin."
"Un dernier été en ville" est un roman qui prend du temps. L'accent est mis sur le temps qui passe, la longueur et la moiteur de ces longues soirées d'été à Rome, ville qui attire la jeunesse italienne. Leo est un personnage qui se cherche. Il passe ses soirées à réfléchir, à observer, à s'intégrer mais il en ressort beaucoup de mélancolie.

Cette mélancolie est palpable dans le quotidien de Leo. Que ce soit dans son travail ou dans ses relations, il ne semble pas s'épanouir. Il reste rêveur et dis aimer partir le weekend pour lire un roman en bord de mer. Il y a beaucoup d'amertume dans ses mots.

Le personnage d'Arianna m'a fortement agacé. Je l'ai trouvé ennuyante et insignifiante. Elle n'apporte pas grand chose dans la vie de Leo. On a envie de l'a brusquer pour qu'elle s'ouvre et s'affirme. C'est peut-être le but recherché par l'auteur.

J'ai trouvé ce roman un peu long, même s'il ne fait pas beaucoup de pages. Il ne s'y passe pas grand chose. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages. Les seuls passages que j'ai aimé sont ceux qui dépeignent la ville de Rome avec ses ruelles animées, l'accent de l'Italie, les odeurs des restaurants, le son des vespas.

Ecrit en 1973, ce livre a connu un beau succès lors de sa sortie en Italie. C'est bien écrit et l'histoire m'a fait penser aux vieux films italiens des années 1960.

A lire au soleil accompagné d'un Prosecco pour être dans l'ambiance !
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Un livre au charme désuet dont les pages se tournent au rythme des saisons à Rome.
Une langue légère, désinvolte qui nous fait côtoyer tout autant la touchante superficialité de personnages hauts en couleur que la dérive existentielle d'un homme condamné à une terrible solitude intérieure.
Beau et mélancolique à la fois.

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Un livre étrange, une errance, une désespérance, une impuissance. Étrange aussi par ce mot qui n'existe pas dans la langue française et que l'on retrouve aux quatre coins du récit : « brancal ». Simplement « bancal » avec une petite faute de frappe ou quelque chose de plus complexe, de plus habité que le lecteur comprend confusément. Brancal, une manière d'osciller, de ne pas trouver sa route, d'être quelque peu contrefait, d'être voué à l'anéantissement… Tel est le destin de Léo Gazzarra dans ce Dernier été en ville. Une ville qui est Rome, qui le coeur du récit, son personnage essentiel. Une Rome de la Dolce Vita pour un univers à la Fitzgerald. Léo, présenté par d'autres comme « malin comme un singe » n'est qu'un homme perdu, tant dans l'alcool, tantôt dans l'abstinence, toujours dans l'incapacité de vivre jusqu'au bout ses désirs et ses impulsions intimes avec quelques scènes d'anthologie comme ce moment où rentrant chez lui à Milan pour Noël, Léo voit sa mère, à la fenêtre, faire un geste de la main à son père qui va faire chauffer son moteur et ne voulant pas troubler ce calme, cette sérénité, cette vie simple qui existe sans lui, fait aussitôt demi-tour et retourne à Rome. Rome où il vit son amour contrarié, fait d'impuissance et d'impossibilités avec Arianna, un amour qui n'est rien d'autre que la métaphore de son propre destin. Avec une apothéose des corps qui se trouvent enfin pleinement après un après-midi où, dans une explosion consommatrice, ils achètent tout jusqu'à un teckel de race, teckel qui sert finalement à payer leur thé dans un salon de thé où l'on refuse les chèques. le dernier été en ville nous parle d'un temps qui n'est plus, où même la désespérance était moins sombre. Un récit que l'on eut imaginé filmé en noir et blanc par Antonioni plus encore que par Fellini. Un livre sur la vacuité, sur le rien de la vie, sur sa vanité fondamentale et qui pourtant laisse une trace, comme un sillon dans une plage, allant vers une mer absolue, qui engloutit tout.
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« Pourquoi n'essayez-vous pas de prier? dit le moine.
- Je ne prie pas, dis-je. Au mieux, je demande s'il vous plaît. »
Des dialogues incisifs comme celui-ci, il en pleut dans ce roman délicieusement suranné d'un auteur que je n'ai découvert que récemment et ce, grâce à Babelio.
Leo Gazzarra, un trentenaire à la dérive, alcoolo en rémission, tombe sous le charme d'une étudiante en architecture un peu névrosée, Arianna. Au début, tous deux semblent éviter de s'amouracher « Ne va pas croire que je t'aime, hein? », mais, tels deux aimants, l'un arrive toujours à croiser le chemin de l'autre. Dans les rues de la Ville éternelle, autour des places publiques et des fontaines, dans les bars enfumés, Leo et Arianna tracent une histoire d'amour pas banale.
J'ai lu ce roman fiévreusement, tout à mon bonheur de me retrouver à Rome au siècle dernier (pas si lointain) et de savourer cette plume facétieuse à souhait. Ce Leo, souvent « au bout du rouleau », « malin comme un singe » et qui, sur un coup de tête, n'hésite pas à « mettre les voiles » s'avère être un des personnages forts de la littérature romanesque contemporaine. Un véritable coup de coeur auquel j'accorde cinq étoiles!
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