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Critique de MissMarty


Comme vous pouvez le voir, je n'ai pas mis de note à ce livre pour éviter que ma critique soit déjà rangée dans la catégorie « j'aime » ou « je n'aime pas ce livre ». Je préfère garder un effet de surprise... c'est plus amusant... enfin je crois.

Donc pour vous raconter un peu ma vie, j'ai acheté ce livre durant ma période de fort intérêt pour les romans historiques en gardant en tête des livres particulièrement passionnants comme Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, ce genre de livre où vous lisez une histoire romancée mais tellement bien ancrée dans le contexte historique que, lorsque vous refermez le livre – à regret – après la dernière ligne, vous en ressortez plus instruit et vous vous couchez moins bêta tout en ayant passé un agréable moment de lecture. Et, comme je suis une inconditionnelle de fantasy, j'ai été séduite par l'idée d'un roman fantastico-historique !

Un roman écrit avec une belle plume, un roman historique marié à la fantasy, des références à la légende arthurienne... tout était censé me plaire.

Commençons alors le débriefing (si vous voulez me pardonner ce petit anglicisme employé.)

Alors déjà il y a le résumé... ah ! le résumé ! Il est beau ! Qu'il est beau, splendide et attirant, ce résumé ! Il en met plein la vue avec ses références au grand Merlin, ses intrigues politiques, cette idée de quête initiatique pour une apprenti magicienne, ces histoires de complots et toutes ces choses qui vous mettent des arcs-en-ciel plein les yeux et qui vous font rêver !

Et vous avez la lecture du roman.

Pour commencer, c'est l'histoire de Loanna de Grimwald, la jeune, curieuse, maigrichonne et légèrement inutile fille d'une magicienne descendante de Merlin. L'histoire commence agréablement et semble combler mes espoirs : la jeune fille, malgré son âge veut absolument faire ses preuves, Henry II Plantagenêt voit le jour grâce à Guenièvre, la mère de Loanna et cette dernière commence ses premières pratiques magiques. Des références à L Histoire, un récit dynamique, un début de magie, bref, un incipit aussi délicieux qu'un muffin au chocolat couronné d'une onctueuse crème chantilly agrémentée de copeaux de chocolat (oui encore du chocolat) ! Cet incipit est comme une drogue : elle vous rend heureux et vous emporte sur un petit nuage mais après vous avez... la descente ! Ne vous inquiétez pas, je n'ai jamais essayé... je ne parle que de théorie. Mais si je vous assure !

Pour commencer, le deuxième chapitre traite d'une relation ambiguë entre Aliénor et son jeune oncle ; une relation incestueuse s'ensuit. Mais si cette relation est historiquement prouvée, je ne vois aucun inconvénient au fait que cela soit raconté. Aucun détail glauque n'étant précisé, ce chapitre passe comme une lettre à la poste.

Puis Loanna, âgée de seize ans, tout comme Aliénor, devient la demoiselle de compagnie de cette dernière afin que celle-ci épouse le prince Henry II Plantagenêt qui s'avère bien plus jeune qu'elle. Mais cette mission doit rester secrète.
Mais (imaginez ces deux dernières phrases avec une voix grave derrière une musique dramatique) en raison d'un complot malsain, Aliénor s'avère promise au futur-roi Henry VII le Jeune, le triste et terne fils du roi Louis VI le Gros. L'avenir de la dynastie de l'Angleterre est entre les mains de Loanna de Grimwald, descendante du grand Merlin !
Cela en jette non ?
Donc pour le moment, l'histoire s'avère attrayante.

Jusque là, l'histoire se déroule bien mais tout ceci n'est en fait qu'une petite partie du reste de l'histoire ! le reste est... autre chose...

Je m'explique : pour commencer, les pouvoirs de Loanna ne servent à RIEN mais vraiment à RIEN ! Eh bien non puisque ses pouvoirs doivent rester secrets et ne servent qu'à stériliser un bon bout de temps Aliénor pour éviter qu'elle donne un héritier à son époux... et rien de plus !
Durant tout le roman, malgré nos fervents espoirs, on n'aperçoit absolument aucune progression dans les pouvoirs de Loanna et toute idée de fantasy tombe aux toilettes !
Pour résumer, n'importe quelle petite bonniche plutôt mignonne et du goût d'Aliénor (pour cela on va y revenir) ferait l'affaire dans cette histoire !

Or, concernant la légende Arthurienne et ses diverses adaptations, Merlin possédait des pouvoirs magiques qu'il met au service du roi Arthur et se mêle habilement aux intrigues politiques...
De même, il se passe beaucoup de choses concernant Loanna car elle doit être une grande conseillère pour Aliénor et se démène corps et âme pour éviter le mariage d'Aliénor avec le futur roi de France et, comme son ancêtre Merlin, se mêle habilement aux intrigues politiques de son époque... c'est beau... mais non je plaisante, au lieu de cela, elle se touche avec Aliénor !

Comment ? Ne me croiriez-vous pas ?

Et pourtant, durant de nombreuses pages, on aperçoit de coquettes scènes racontant la liaison qu'Aliénor entretient avec Loanna. Mais pourquoi, Ô grand pourquoi a-t-on créé une telle relation ? Elle n'a pas lieu d'être car elle ne sert absolument à rien dans cette histoire ! Personne n'a jamais historiquement prouvé qu'Aliénor avait eu des relations libres avec ses courtisans ou courtisanes ? Il faut avoir au moins un minimum de vérité historique, que diable !
Le plus dramatique dans l'histoire est que ce roman s'intéresse plus à la découverte de la sexualité de Loanna que l'histoire si attrayante dont ce sale menteur illusionniste de résumé nous vantait car tout ce qu'il mettait en lumière n'est que moindre par rapport aux aventures et mésaventures amoureuses de cette ennuyeuse Loanna !

De plus, on apprend que cette chère Loanna est la bâtarde du grand-père d'Aliénor. Loanna est donc la tante d'Aliénor ! Alors notre inutile magicienne l'apprend, a quelques petits remords et... – devinez la suite – recouche avec Aliénor, pardi ! Et voilà, l'histoire tourne à nouveau autour de l'inceste et pour couronner le tout, un inceste qui n'a jamais eu lieu réellement ! Mais bon sang, il s'agit d'un roman tournant autour de l'histoire d'Aliénor d'Aquitaine et non d'une sorte de réécriture tirée par les cheveux du mythe d'Oedipe !

Certains vont peut-être me trouver puriste alors sachez que je n'ai rien contre certaines scènes sexuelles du moment qu'elles restent suggérées mais une ou deux suffit, pas plus. Point trop n'en faut ! Mais quand ce genre de scènes reviennent sans cesse, bouffant tous vos chapitres jusqu'à bouffer l'histoire entière, il y a quand même un petit problème, ne trouvez-vous pas ?
Et allez, c'est la fiesta en Aquitaine, Loanna découvre sa sexualité avec Aliénor, puis couche avec Jaufré, l'amour de sa vie, recouche avec Aliénor jusqu'à lui présenter un amant qui est son nouveau meilleur ami, recouche avec Jaufré etc. On baise et on rebaise car les histoires d'amour et de sexe, il n'y a que cela de vrai, le reste, on s'en balance, non ?

Sérieusement, croyez-vous vraiment que les romans, les films et autres adaptations basées sur la légende Arthurienne se sont focalisés sur les différentes périodes de la vie sexuelle de Merlin ?!

...Bon... bon d'accord... et le contexte historique, qu'est-ce qu'on en fait ?

Ah oui ! J'oubliais de vous dire, si vous avez encore de la place aux toilettes après avoir vomi votre déception et jeté tout espoir de trouver un minimum de fantasy, balancez-y L Histoire avec un grand H car elle ne sert à rien non plus ! Ce n'est qu'une figuration ! Les références à L Histoire sont déjà plus que discutables et l'on apprend absolument rien, rien, rien et encore rien sur l'histoire médiévale ! Non, l'auteur à préféré retranscrire tous ses fantasmes sexuels, cacher prétentieusement derrière le titre de « roman historique », un roman à l'eau de rose. Eh oui, car on va passer beaucoup de temps à s'intéresser à l'histoire d'amour de Loanna et de son troubadour de Jaufré. Mais qu'est-ce qu'on en a à faire, on voulait de la magie et de l'Histoire, sacrebleu, pas la version médiévale d'un livre Harlequin !

Alors autant j'avais apprécié Lady Pirate parce qu'il y avait beaucoup d'actions et d'intrigues captivantes malgré certains détails que je n'ai pas vraiment apprécié mais je déteste le Lit d'Aliénor parce qu'il n'y a finalement rien... cette histoire est vide, envahi par des longueurs à l'eau de rose qui ne sert absolument à rien ! Cela dit, ce livre porte bien son nom car tout se passe dans le plumard d'Aliénor... ou celui de Loanna, surtout celui de Loanna.

Malgré cela, Mireille Calmel a une plume très fluide et très agréable... mais un peu trop moderne par rapport à son époque. Bien entendu, il serait stupide d'écrire en ancien français pour faire plus vrai mais s'adapter au personnage de l'époque médiévale aurait été logique ! On est en 1137 pas en mai 68, saperlipopette ! (Diantre, je vais finir par être à court d'expression désuète.)
À moins d'être une visiteuse du futur venue en Doloreane ou en Peugeot 206, une jeune fille n'écrirait pas de manière si aisée sa sexualité et ses séances de masturbation à deux et de pénétration sexuelle intense, si vous voulez bien me passer l'expression. Dans ce cas, il aurait fallu écrire à la troisième personne et non la première personne afin que l'histoire déjà bien endommagée soit un minimum cohérente.

Bref, ce roman ne correspondait tellement pas à mes attentes et s'était tellement focalisé sur des longueurs et des futilités qui n'apportent rien à l'histoire que je n'ai même pas pu le finir complètement.

Allez je tire la chasse d'eau une bonne fois pour toutes et je note : une étoile sur cinq. Oui au plus une étoile parce qu'il y a au moins la présence d'une belle plume.
Pardonnez ma critique plutôt cinglante mais il s'agit l'effet d'une grande déception et d'un avis comme tout autre d'une simple lectrice.

Allez, je vais me consoler avec Les Rois Maudits, peut-être pas dans l'immédiat mais durant mes vacances.

Maintenant, comptez le nombre de fois où j'ai dit le mot « rien » dans cette critique et vous aurez un résumé du roman de Mireille Calmel.
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