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Critique de Mermed



Le Château des destins croisés 


Tout choix a un revers, c'est-à-dire un renoncement », observe le narrateur de « le château des destins croisés », un roman tardif d'Italo Calvino. Si cet homme a raison — et il semble sage, s'il est souvent parcouru d'étranges turbulences —, alors nous lui infligeons constamment une violence de nature métaphysique. Nous passons nos vies à étouffer les possibilités et à poignarder les alternatives, sabrant le tissu de la réalité elle-même. de métier, nous dit le narrateur, il est écrivain de fiction ; il comprend ce que signifie imposer sa volonté. On l'imagine en train de tuer des versions médiocres de ses personnages, jonchant les fourches de son récit de cadavres. Son énergie décalée, que partage le roman lui-même, est-ce un frisson de réticence ou un frisson de plaisir ?

Le Calvino du Château des destins croisés  est familier, le réalisme magique avec une approche ludique de la relation auteur-narrateur-lecteur. Mais le livre capture également l'une de ses qualités les plus épineuses : son aura de danger. Il aime ouvrir les choses, souvent de manière inconfortable; le Château des destins croisés  rassemble des personnages qui ne peuvent communiquer que par le biais de cartes de tarot et se termine lorsque le jeu se disperse, ainsi que leurs identités. C'est de la violence formelle, l'histoire s'envole comme une main agitée, mais un analogue corporel n'est jamais loin : un homme décrit avoir été démembré, comment « des lames tranchantes. . . l'ont mis en pièces. » Et pourtant, parce qu'une grande partie de la cruauté de Calvino est abstraite, elle semble exempte de malice, ce qui la rend d'autant plus magnétique. Avant même de se désintégrer, les personnages du Château des destins croisés sont soumis à d'étranges rigueurs structurelles : tirés de la forêt, dépouillés de leurs voix, coupés de leur passé. Lorsque la brutalité se produit au niveau de la forme, clignotant dans chaque choix (ou «renonciation»), elle peut faire apparaître à quel point le récit n'est pas seulement un acte de création mais - pour l'alternative invisible et non écrite - une condamnation à mort.

On lira Calvino dans une gare où l'on arrive un soir d'hiver, tel un voyageur égaré...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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