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Un tirage moyen

Inspiré par ses traductions de Roland furieux et sa fréquentation de l'Oulipo, Calvino se laisse mener par le bout des tarots pour mettre cartes sur tables les récits de deux recueils, le château et La taverne (des destins croisés), composés à partir des tirages de deux jeux différents, un rare, l'autre plus commun (Tarot de Marseille).

J'avoue que je ne me suis pas vraiment intéressé aux arcanes de la mécanique du hasard, et si les historiettes sont tressées avec élégance et intelligence, elles ne m'ont pas plus passionné.
Tout ça pour ça ?

Dans son introduction de 1973, Calvino, explique publier La Taverne pour se libérer du jeu littéraire dans lequel il s'est embringué et auquel il échoue à trouver l'issue parfaite...
Il dit aussi avoir eu pour projet de joindre aux Château et Taverne un Motel (des destins croisés), et reconnaît : « Je ne suis pas allé plus loin que la formulation de l'idée telle que je viens de l'exposer. Il était temps de passer à autre chose. »

Je suis allé au bout du diptyque, je lui donne cependant raison : oui il était temps de passer à autre chose !

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Des destins qui se croisent au hasard (ou pas) d'un jeu de tarot posé sur la table d'une taverne.
Un roman absolument original et surprenant complètement quillé (les lecteurs du sud de la France comprendront) dont Italo Calvino a le secret.
J'aime cet absurde à rebours et cette littérature mise à l'épreuve de l'imagination sans limite de l'écrivain.
Une lecture plaisir qui est bien plus profonde que ce qu'elle paraît de prime abord.
Voilà un auteur dont je souhaite poursuivre la découverte à travers ses romans farfelus qui respirent le génie qui s'ignore.
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L'écriture de ce livre ne fut pas facile pour Italo Calvino. Une écriture qui prend et bas la mesure de la grande iconographie universelle. Toutes les cartes sont là. Sur la table du château : « un jeu de tarots peints par Bonifacio Bembo pour les ducs de Milan vers le milieu du XVe siècle », sur la table de la taverne un jeu de tarots dit de Marseille de Nicolas Conver imprimé en 1761. Bientôt : entre les mains de chacun.
La combinaison de soi, de l'autre, et du nombre.
Les arcanes du monde à la table d'un homme. «  une iconographie imaginaire ». La narration combinatoire.
C'est une grandiose entreprise, un immense échafaudage, un montage, un démontage, un remontage des images. Car l'ordre des images contient le secret de chacun.
Les cartes se présentent et nous les disposons. Par quel chemin nous revient cette communauté d'images anciennes? Ces images que nous partageons, auxquelles nous ne cessons pas de vouloir donner un sens particulier et qui pourtant nous sont éternellement perpendiculairement, parallèlement, communes.
Italo Calvino tente, propose, échafaude sa théorie. Est il possible que toutes les histoires humaines se croisent et s'entrecroisent continuellement ? Une grande cruci-verbie de toutes nos vies à travers le temps.
Quels moyens reste-t- il à l'homme pour exprimer aux autres et ainsi pouvoir soi même comprendre les chemins de son destin, si ce n'est le jeu des cartes qu'il se doit de saisir entre ses mains? Composer un ordre serait ce tenter de trouver le sens ?
Italo Calvini cherche, explore, s'interroge, élabore. C'est comme s'il avait tenté de trouver l' « intelligence du récit ».
Multivers humains exponentiels qui ressemblent à l'odyssée d'un univers commun.
Chacun se presse d'écrire son histoire, saisit ses cartes, prestement, frénétiquement, quite à les dérober à son voisin, et plus les histoires s'écrivent, plus les scenari se multiplient, plus le jeu remplit la surface de la table, plus se dessine le plan.
Toutes les images, toutes les cartes, s'articulent entre elles et semblent avoir inconsciemment définit le centre de leur jeu : un vide règne en leur centre.
Le vide semble être la clé de voûte de l'ensemble.
Un espace autour duquel gravite le mouvement incessant du vivant.
Théorie philosophique, vision taoïste, magnifique poésie.
Qu'on y adhère ou pas, la beauté de l'architecture établie par Maître Italo Calvino est en tout cas étonnante et mystérieusement jamais déroutante.
« Dans cette sphère aride part tout discours et tout poème ; et chaque voyage à travers forêts batailles trésors banquets alcôves nous ramène ici : au centre vide de tout horizon. »

Astrid Shriqui Garain

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Le Château des destins croisés 


Tout choix a un revers, c'est-à-dire un renoncement », observe le narrateur de « le château des destins croisés », un roman tardif d'Italo Calvino. Si cet homme a raison — et il semble sage, s'il est souvent parcouru d'étranges turbulences —, alors nous lui infligeons constamment une violence de nature métaphysique. Nous passons nos vies à étouffer les possibilités et à poignarder les alternatives, sabrant le tissu de la réalité elle-même. de métier, nous dit le narrateur, il est écrivain de fiction ; il comprend ce que signifie imposer sa volonté. On l'imagine en train de tuer des versions médiocres de ses personnages, jonchant les fourches de son récit de cadavres. Son énergie décalée, que partage le roman lui-même, est-ce un frisson de réticence ou un frisson de plaisir ?

Le Calvino du Château des destins croisés  est familier, le réalisme magique avec une approche ludique de la relation auteur-narrateur-lecteur. Mais le livre capture également l'une de ses qualités les plus épineuses : son aura de danger. Il aime ouvrir les choses, souvent de manière inconfortable; le Château des destins croisés  rassemble des personnages qui ne peuvent communiquer que par le biais de cartes de tarot et se termine lorsque le jeu se disperse, ainsi que leurs identités. C'est de la violence formelle, l'histoire s'envole comme une main agitée, mais un analogue corporel n'est jamais loin : un homme décrit avoir été démembré, comment « des lames tranchantes. . . l'ont mis en pièces. » Et pourtant, parce qu'une grande partie de la cruauté de Calvino est abstraite, elle semble exempte de malice, ce qui la rend d'autant plus magnétique. Avant même de se désintégrer, les personnages du Château des destins croisés sont soumis à d'étranges rigueurs structurelles : tirés de la forêt, dépouillés de leurs voix, coupés de leur passé. Lorsque la brutalité se produit au niveau de la forme, clignotant dans chaque choix (ou «renonciation»), elle peut faire apparaître à quel point le récit n'est pas seulement un acte de création mais - pour l'alternative invisible et non écrite - une condamnation à mort.

On lira Calvino dans une gare où l'on arrive un soir d'hiver, tel un voyageur égaré...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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relecture, trente et quelques années après, de ce livre pour lequel j'avais un petit souvenir tendre, en attente de plaisir renoué, avec une légère déception au premier abord – impression de schématisme, de contrainte trop apparente.
Et puis retrouver, assez vite, le goût de ces jeux, de ce ton, ou plutôt les puisque la taverne et les tarots de Marseille correspondent à un autre univers, en contrepoint entre "le château" et les élégants tarots dessinés par Bonifacio Bembo pour les ducs de Milan, et les récits de la taverne des destins croisés d'après la version la plus commune des tarots de Marseille.
La maîtrise, le tableau rigoureux dessiné par les cartes pour le château, le foisonnement plus exubérant de la taverne et la réflexion sur l'écriture.
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Calvino est allé très loin dans sa réflexion sur la littérature combinatoire.Il a utilisé ici les combinaisons offertes par les lames d'un jeu de tarot comme support d'histoires complètement gratuites. le personnage qui distribue et interprète les cartes est la métaphore de l'écrivain que Calvino voulait être et dont l'art consiste à la fois à proposer ces figures et à tenter de les interpréter.
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Très intéressant petit bouquin. Pas tellement pour le style un peu lourd mais parce qu'il fait bien comprendre à quel point le tarot de Marseille peut se lire comme un BD et raconter son histoire. L'écrivain ne connait pas grand chose aux arcanes mineurs qu'il utilise toujours de la même façon, sinon il aurait pu écrire quelque chose de bien plus passionnant et complet mais ce livre peut être un déclic pour les personnes qui utilise le tarot de Marseille avec toujours le même type de tirage ( en croix la plupart du temps et au mieux la phrase de trois cartes ). le tarot est un roman, le tarot est vivant, il est la vie et il est l'être humain, il n'a pas besoin de méthode de tirage, il suffit d'être conscient de la façon dont on va parler avec lui. Si on lui dit " raconte moi une histoire " ou " raconte moi mon histoire " il va vous la raconter.Si vous avez besoin de comprendre pourquoi telle histoire a été vécue par vous de telle façon, demandez lui, il va vous expliquer. Parce que le tarot c'est vous et que tout au fond de vous, vous le savez très bien.
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Italo Calvino a conçu les deux nouvelles de ce recueil à partir de l'idée que le croisement des destins de personnes réunies en un même lieu pourrait se raconter par le croisement des lignes et colonnes d'un jeu de tarot dont les cartes seraient posées successivement côte à côte par les convives. Après avoir également rendu muet les personnages pour corser l'exercice, et décidé de se focaliser sur les dessins du jeu en faisant abstraction de toute interprétation ésotérique, il s'est retrouvé en face d'un exercice de style des plus difficiles à accoucher tel qu'il le raconte lui-même en préambule.

Les cartes pourtant se sont placées au fur et à mesure de son travail, et ont fini par raconter une sorte de purgatoire dans lequel se retrouvent des âmes en peine qui se reconnaissent dans l'une des figures avant de faire se dérouler leur vie à travers une part du reste du jeu.
J'ai eu le sentiment de bien reconnaitre l'esprit du maître Calvino dans ce récit improbable et imposé par les méandres de son esprit plus que par l'exercice d'écriture lui-même. le tout est intéressant pour ses aficionados (dont je suis), rien que pour le nouveau jeu intellectuel qu'il nous propose, comme à chacun de ses livres.
Je ne le conseillerais tout de même pas pour découvrir l'auteur tant le jeu est cette fois alambiqué, mais le défis qu'il s'est posé était en soit particulièrement élevé.
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J'apprécie vraiment toute forme d'intelligence "supérieure" ou en tout cas (ou, par définition) : qui m'échappe, dont je me sens parfaitement incapable. Italo Calvino en représente une. Et ce livre bizarre, conceptuel, aussi.
Malheureusement, si intellectuellement je me sens dépassé et donc y ressens une forme de plaisir, mes tripes elles se sont ennuyées et n'ont en rien été touchées. Ni estomac, ni coeur, ni aucun organe intérieur ne frissonnent, ni ne frisent. Ennui tripal.
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Avant lecture, je savais qu'Italo Calvino était membre de l'Oulipo et qu'il s'agissait ici d'une expérience d'écriture avec la contrainte d'écrire avec des cartes de tarots.

D'ailleurs l'écrivain nous parle de son processus d'écriture dans l'avant-propos et des difficultés qu'il a eu avec cette contrainte. Et bien je dois dire qu'à la lecture on ressent bien qu'il a écrit tout ça dans la difficulté, c'est assez laborieux et pénible à lire. L'expérience littéraire manque de fluidité dans la narration et on se perd assez facilement dans les phrases alambiquées de l'auteur. Celui-ci passe son temps à nous décrire les images de tarots et leurs emplacements au sein des récits qu'il construit. C'est donc très lourd dans le style et la construction des phrases. L'auteur laisse bien apparente sa contrainte d'écriture, et il ne nous aide pas non plus à avoir une lecture fluide puisque jamais aucun personnage ne porte de nom.

Pour en revenir à l'histoire (ou plutôt aux histoires), le livre est découpé en deux oeuvres : "Le château des destins croisés" écrit avec un tarot italien du XVe siècle (le Visconti-Sforza) et "La taverne des destins croisés" écrit avec un tarot De Marseille. Dans les deux cas le narrateur se trouve dans une auberge/château où les convives ne peuvent plus parler, ils se retrouvent donc à devoir tous raconter leurs aventures à l'aide des cartes, faisant ainsi se croiser les récits des différentes personnes sur la table. le narrateur à chaque fois, fait des suppositions sur les histoires, étant donné que personne ne peut parler. Toutes ces histoires sont très archétypales dans leur narration, mais les tarots sont en eux-même des archétypes. Dans les différents récits, Italo Calvino fait plusieurs références littéraires, imaginant les destins de ces personnages fictifs ou historiques sous le prisme des tarots (références à "Hamlet", "Justine et les Malheurs de la vertu" De Sade, la mythologie grecque, etc.)

Ce livre est court, mais il a été laborieux de le finir, dû à la concentration qu'il faut faire preuve pour ne pas se perdre dans le dédale des histoires et des phrases au style lourd.

Bref, ce n'est pas une lecture que je recommande, à moins que vous soyez curieux comme moi, de voir comment un auteur écrit avec une contrainte aussi stricte.
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