Citations sur Le Château des destins croisés (25)
Qui descend dans l'abîme de la Mort et monte ensuite à l'Arbre de la Vie (...) arrive dans la Cité du Possible, d'où on contemple le Tout et où se décident les Choix.
De cette sphère aride part tout discours et tout poème; et chaque voyage à travers forêts, batailles, trésors, banquets, alcôves nous ramène ici : au centre vide de tout horizon.
J'ai beau secouer et presser, mon âme est un encrier sec. Quel "Diable" voudra la prendre en paiement et m'assurer la réussite de mon œuvre ?
Le "Diable" devrait être la carte que dans mon métier on rencontre le plus souvent : la matière première de l'écriture n'est-elle pas toute dans la remontée au jour de griffes velues, crocs canins, cornes caprines, violences interdites qui pataugent dans le noir ?
La ville qu'il a bâtie est taillée à facettes comme un diamant ou comme l'As de Coupe, elle est aussi ajourée qu'une râpe à fromage par les fenêtres de ses gratte-ciel, verticalement parcourue d'ascenseurs en montée-descente, ceinturée très haut de périphériques, riche en parkings, creusée par une fourmilière lumineuse de voies souterraines, c'est une ville dont les flèches dominent les nuages et qui ensevelit les ailes sombres de ses miasmes dans les viscères du sol, où ils n'offusqueront pas la vue imprenable des grandes vitres ni l'éclat des structures chromées.
« Comment faire pour raconter maintenant que j'ai perdu la parole, et les mots, peut être la mémoire aussi, comment me rappeler ce qu’il y avait dehors, et si j'y parviens comment trouver les mots pour le dire, et les mots comment les prononcer, nous sommes tous là à chercher à faire comprendre quelque chose aux autres par des gestes, par des grimaces, comme des singes. » La taverne des destins croisés.
Il est une façon coupable d'habiter la ville: accepter les conditions de la bête féroce en lui donnant à manger ses propres enfants. Il est une façon coupable d'habiter la
solitude ; se croire tranquille parce que la bête féroce est rendue inoffensive par une épine dans le pied. Le héros de l'histoire est celui qui dans la ville pointe la ance dans la gorge du dragon, et,dans la solitude,garde avec lui le lion au mieux de ses forces, l'acceptant comme gardien et génie domestique,mais sans se cacher sa nature sauvage.
Tous à la fois, nous avançons les mains, vers les cartes, l'une des figures quand on la range auprès de plusieurs autres me fait revenir en mémoire l'histoire qui m'a amené ici, j'essaie de reconnaître ce qui m'est arrivé et de le montrer aux autres, qui pendant ce temps s'y recherchent aussi, dans ces cartes, et ils me montrent du doigt un tarot ou un autre, et rien ne va plus, et nous nous arrachons les cartes des mains, et nous les éparpillons sur la table.
« Le moment est peut-être arrivé d’admettre que le tarot numéro un est le seul à représenter honnêtement ce que j’ai réussi à être : un prestidigitateur ou illusionniste qui dispose sur son étalage de foire un certain nombre de figures et qui, les déplaçant, les réunissant, les échangeant, obtient un certain nombre d’effets. »
« Laissez moi comme ça.J'ai fait le tour et j'ai compris. Le monde se lit à l'envers voilà. Le château des destins croisés. »
On commence à reconnaitre ce qui nous regarde, avec des cartes qui semble-t-il n’appartiennent qu’à nous, et tout d’un coup la conclusion se précipite en chevauchant celle d’autres histoires à travers les mêmes figures catastrophiques.