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EAN : 9781534317000
72 pages
Image Comics (13/01/2020)
4/5   1 notes
Résumé :
Vienna, 1889: Dracula's brides nail him to the bottom of his coffin. Los Angeles, 1974: an ageing starlet decides to raise the stakes. Crime scene photographer Quincy Harker is the only man who knows it happened, but will anyone believe him before he gets his own chalk outline? And are Dracula's three brides there to help him... or use him as bait? A pulpy, pulse-pounding graphic novel of California psych-horror from acclaimed creators ALEX DE CAMPI and ERICA HENDER... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, initialement parue en 2020, sans prépublication préalable. Elle a été réalisée par Alex de Campi (scénario), Erica Henderson (dessins et couleurs). Il se termine avec 2 pages présentant les études graphiques des principaux personnages, un texte de 3 pages de l'artiste commentant son processus de conception des pages, et un texte de 3 pages de la scénariste évoquant son attrait pour les fiancées de Dracula.

À Vienne en 1889, la fête bat son plein dans les maisons et au château, avec des excès à la saveur morbide. C'est la fin d'une époque, surtout pour un individu. Tout a une fin : les empires, les règnes, et les mariages. Cette nuit-là, Marishka, Aleera et Verona plantent enfin un pieu dans le coeur du comte Dracula et referme le couvercle de son cercueil. En 1974, à Los Angeles, la ville se nourrit de l'énergie des jeunes. À une soirée, Bebe Beauland quitte la pièce principale, et répond à une question, qu'elle va chercher des quaaludes. Il s'agit d'une actrice qui commence à prendre l'âge et qui comprend bien qu'elle aura bientôt dépassé la date de péremption pour attirer l'attention. Elle passe effectivement dans une autre pièce de la spacieuse demeure, et arrive devant un cercueil fermé, éclairé par des chandeliers sur pied. Elle décide de retirer le pieu fiché dans le cadavre. Son copain Ricky finit par s'inquiéter de son absence et pénètre à son tour dans la pièce aux chandelles. Cette même nuit, Quincy Harker a passé un coup de fil à l'inspecteur de service dans le commissariat. Il lui demande s'il y a un nouveau cadavre à photographier. L'inspecteur lui répond qu'il lui suffit d'être un peu patient et que la nuit portera ses fruits. Effectivement, il lui refile un tuyau peu de temps après sur un massacre commis dans une villa. Harker se rend sur place rapidement, et les policiers sur place se demandent comment il a pu faire aussi vite. Ils le laissent pénétrer dans la villa et prendre les photographies.

Quincy Harker se faufile partout et parvient même à photographique un cadavre qui n'a pas encore été recensé par les policiers. Il reconnaît immédiatement Bebe Beauland et sait qu'il pourra vendre ces photographies à un bon prix. Il rentre chez lui le plus vite possible et passe dans la pièce noire pour développer sa pellicule. Tout en faisant tremper les clichés dans les bains de révélateur, il appelle son éditeur pour les monnayer. Il a du mal à croire la réponse : Bebe Beauland va faire une déclaration à la presse l'après-midi même à 15h00, et par respect pour elle le journal préfère ne pas diffuser ces photographies. Il se rabat sur un journal de moindre envergure, et moins regardant sur ses relations avec les stars, mais qui paye nettement moins bien. Harker n'a pas trop le choix : il remonte dans sa voiture et va faire le tour de ses informateurs en leur glissant un petit billet pour entretenir les relations, s'assurer qu'ils ne l'oublient pas, et qu'ils l'avertissent le plus vite possible. Finalement, une prostituée attendant le client lui indique que le cadavre d'une jeune femme a été retrouvé près de la rivière. Il s'y rend : la police est déjà sur place. Il prend quelques clichés, et remercie les policiers de l'avoir laissé faire. Il s'éloigne pour regagner sa voiture. Il est interpellé par une jeune femme qui lui intime de monter dans sa voiture à elle. Il refuse. Elle se moque en ironisant sur le fait qu'il ne veut pas monter dans une belle carrosserie avec une femme étrange. Il sent le regard de la femme peser sur lui, jusqu'à éprouver la sensation de perdre le contrôle de ses pensées. Il monte dans la voiture.

C'est un récit assez court de 58 pages, réalisé par une scénariste et une dessinatrice ayant collaboré de manière étroite. Fidèle à elle-même, Alex de Campi explique qu'elle a fait en sorte de développer son récit dans plusieurs directions de l'horreur. Il y a bien sûr une dimension féminine, sans être féministe, de mettre en avant ces trois personnages souvent inféodées à Dracula, et les voir s'émanciper et prendre le dessus. Cela constitue un commentaire sur la domination mâle que le prince des ténèbres exerce sur elles, mais le récit ne tourne pas au pamphlet. Il s'agit plus d'un récit de revanche, de femmes ayant été maltraitées par un homme et qui peuvent enfin renverser le rapport de force en leur faveur. En cela, le lecteur retrouve un peu ce qu'Elaine Lee développait dans Vamps: The Complete Collection avec William Simpson. En cohérence avec cette intention, ces dames se font attendre afin d'aiguiser la curiosité du lecteur. Elles ont chacune une silhouette élancée, et une apparence physique différente, sans que Henderson ne joue sur leur plastique, ne mette en avant ne leurs courbes, ne les réduise à un objet de désir sexuel. En fait quand leur visage est représenté en gros plan, le lecteur peut voir leur voracité, leur férocité, une forme de bestialité générée par la faim, sans pour autant qu'elles n'en deviennent grimaçantes. Elles sont une présence sauvage avec une volonté bien arrêtée, manipulant Harker pour atteindre leur but.

De Campi voulait également faire en sorte de donner une version de Dracula personnelle, sans tomber dans les clichés moyenâgeux habituels, ou les clichés scintillants plus récents, ou les gothiques entre deux. La solution graphique choisie est originale et convaincante. Il n'est pas représenté comme un individu avec une forme humaine, mais comme une présence avec des attributs monstrueux. Il devient ainsi une métaphore de la brutalité agressive et dominatrice, une force oppressive à combattre et à anéantir. Avec des formes simples, et des aplats de couleurs, Henderson parvient à lui donner une dimension mythologique, un monstre à la forme insaisissable et à la présence dérangeante, immonde et inhumaine. Elle a bien sûr conservé les canines acérées pour conserver cette sensation de dévoration, d'atteinte à l'intégrité physique de sa victime. Ce n'est donc pas une horreur gore, mais plus une horreur entre sensation et concept, à laquelle le lecteur sera plus ou moins sensible en fonction de ce qu'il est venu chercher dans cette histoire. L'association des représentations de la dessinatrice avec les idées de la scénariste aboutit effectivement à une vision personnelle et assez originale.

En une petite soixantaine de pages, l'intrigue est assez simple et facile à suivre. le pauvre photographe de cadavres se retrouve impliqué contre son gré dans une vengeance qui le dépasse complètement. La scénariste a l'art et la manière d'intégrer de manière organique plusieurs particularités qui donnent une saveur unique au récit : Vienne en 1889, l'ambiance très particulière de Los Angeles en 1974, la profession assez morbide de Quincy Harker (chasseur de cadavres frais pour les photographier et vendre ses clichés), l'existence d'une fiancée de Dracula plus fraîche que les trois initiales. le lecteur se laisse donc bien volontiers entraîner dans cette intrigue linéaire et rapide, sans beaucoup de doute sur son issue. Il met un peu plus de temps à mettre le doigt sur ce qui fait la spécificité de la narration visuelle. Erica Henderson dessine dans un registre représentatif, avec un degré de détails très variable d'une planche à l'autre, d'une case à l'autre, souvent peu élevé, avec un trait de détourage qui n'est ni régulier ni lissé, et une mise en couleurs souvent expressionniste.

Dans la postface, l'artiste explique qu'elle a apprécié de pouvoir penser sa mise en page à l'échelle des doubles pages, car l'absence de prépublication lui permettait d'avoir l'assurance de savoir quelle page ferait face à quelle page, sans risque de voir une page de publicité s'y intercaler. Elle a donc conçu chaque page en vis-à-vis comme la moitié d'un tout. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a que des dessins en double page (il y en a quelques-uns), ni qu'il n'y ait des cases à cheval sur les deux pages (il n'y en a pas). En revanche, elle a pensé la mise en couleurs sur le tout formé par les deux pages, se répondant parfois de l'une à l'autre pour opposer de blocs de cases de l'une à l'autre. Cela aboutit effectivement à une sensation de lecture un peu différente de d'habitude, avec une étrangeté renforcée par l'utilisation des couleurs dans un mode plus expressionniste que naturaliste. Ainsi le lecteur est frappé par plusieurs visuels : Marishka, Aleera et Verona transperçant le corps de Dracula avec des lances, le rouge de la chambre noire qui répond aux rouges des gyrophares de la police, les traînées lumineuses des phares de voiture sur la roue en bordure de mer de nuit, la forme quasi géométrique des yeux dans les ténèbres de la nuit, les dents effilées et pointues dans des bouches immenses quasiment sans visage, l'attaque des louves.

Les deux autrices tiennent leur promesse exprimée dans les postfaces : proposer une histoire de vampires dans laquelle l'horreur soit un peu différente. Elles ne renouvellent pas le mythe de Dracula, ni ne réalisent un récit à charge contre la domination masculine. Elles racontent avant toute chose une histoire de vengeance, dans laquelle se retrouve impliqué un être humain totalement dépassé par les forces en présence. Elles ont travaillé pour proposer une narration visuelle originale sans être rebutante. le lecteur prend plaisir à lire le tout, tout en regrettant qu'elles n'aient pas souhaité développer plus les personnages ou les thèmes.
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