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Critique de oran



L'association « les Rencontres méditerranéennes Albert Camus » a, notamment, pour vocation de promouvoir une meilleure connaissance de l'oeuvre de Camus, de sa pensée et de son action.
Chaque année, à Lourmarin est organisée une exposition estivale suivie, en octobre, de deux jours de communications sur un thème, chaque fois différent. Cette année se sera "Albert Camus et ses correspondants"
J'avais, jusqu'à présent, fait l'impasse sur la correspondance Camus/Ponge - 1941/1957- , publiée en 2013. Une cinquantaine de lettres retenues dans cet ouvrage , témoignent d'une amitié éclose pendant les années d'occupation , (1) enthousiaste ,fécondée par leurs différences, complicité renforcée, un temps, par leur engagement dans la Résistance (2), soucieux de l'avenir de leur pays, pourtant cette affection va rapidement s'estomper sans vraiment se réactiver . On note, au fil du temps, le passage du voussoiement au tutoiement.
Voilà une occasion pour réparer ce manquement impardonnable et ainsi mieux me préparer au colloque de cet automne !

Lire une correspondance, c'est pénétrer dans l'intimité de ceux qui échangent qu'ils soient anonymes ou célèbres. On peut le faire comme un voyeur qui s'immisce dans leur vie et c'est plutôt malséant, même si, quelques fois ( hélas ! ), ces lettres sont caviardées , des détails polémiques sont censurés par la famille ou les ayants- droits.
On peut, aussi, prendre un peu plus de recul et le faire en tant qu'admirateur de l'un ou l'autre des correspondants, pourquoi pas des deux, à la fois . La lecture de ces conversations épistolières permet alors de mieux connaitre les personnages concernés. D'ailleurs les biographes puisent allègrement moult détails dans ce terreau nourricier . C'est ainsi que j'ai retrouvé, après bien des recherches restées vaines jusqu'ici, une anecdote touchante qui m'avait particulièrement émue quand j'avais lu la biographie rédigée par Herbert Lottman(3).
Cela permet aussi de mieux appréhender l'oeuvre des auteurs concernés , parce que ces missives font partie intégrante de leur oeuvre, elles reflètent leur style, leur engagement littéraire, le courant de leur pensée… C'est éminemment le cas pour toutes les correspondances échangées et publiées entre Camus et ses multiples correspondants Char, Malraux, Guilloux, Sénac, Roger Martin du Gard, Grenier…
Ce qu'il faut retenir , selon les propos recueillis auprès des uns ou des autres par Jean-Marie Gleize qui présente et annote cette publication c'est que cette correspondance constitue " un moment essentiel pour la réflexion de Ponge sur son propre travail et lui permet de mieux penser ce qu'il pense , tandis que pour Camus, elle constitue une magnifique occasion de lutter contre les circonstances négatives et de reprendre des forces dans la chaleur d'une amitié nouvelle, dans les plaisirs de l'échange, et de la confrontation intellectuelle".

(1) le dimanche 17 janvier 1943, Albert Camus et Francis Ponge se rencontrent pour la première fois à Lyon en compagnie de Pascal Pia.
(2) Réseau Combat pour Camus, Front National Communiste pour Ponge,
(3) Il s'agit de la chienne Cigarette (un nom choisi au hasard ? !)


Ponge à Camus 14/04/43

« Quelles bonnes journées passées avec vous (et Cigarette)…
Camus à Ponge 28/04/43
« Cigarette et moi avons continué à nous promener… »
Camus à Ponge 11/07/43
« Cigarette est très malade, une infection qui a touché les centres nerveux : des convulsions, sourde et aveugle. Je l'ai porté sur mon dos pendant 8 kilomètres pour la mener au vétérinaire. Je la soigne tous les jours, mais je ne pense pas la sauver."
Quand Camus parcourt ce long chemin chargé de la chienne, il souffre d'hémoptysie.

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