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Critique de Henri-l-oiseleur


L'auteur a si mauvaise réputation qu'il n'a même plus d'éditeur, et publie ses textes sur internet et via Amazon, "chez l'auteur". On peut regretter qu'une accusation mensongère d'antisémitisme, qu'un lynchage médiatique annonçant celui de Richard Millet et bien d'autres, et qu'un ostracisme absolu, l'aient mis au ban de la société lettrée, investie, il faut bien le reconnaître, par une idéologie tyrannique qui lui est contraire (et qui s'accommode très bien de l'antisémitisme, d'ailleurs, quand il se déguise en grandes causes).

Ce premier volume du Dictionnaire des délicatesses du français contemporain, pas plus que le second, j'imagine, n'est pas un livre de grammaire pure. L'auteur recense bien sûr les plus criantes fautes de français, les solécismes, barbarismes et délires dont notre langue est victime. Mais bien souvent, les expressions les plus sottes, les plus vulgaires et les plus laides sont impeccables au plan de la syntaxe et parfaitement correctes. Trop parfois, trop politiquement correctes, trop dans l'air du temps, pour qu'on leur fasse confiance. Recenser cette langue médiatique et publicitaire, c'est faire l'histoire des idées contemporaines dans leur rôle de propagande en faveur de la "diversité", de la "communication", contre le "complotisme", la "haine", etc ... Ce dictionnaire est donc éminemment politique : qu'on se rappelle seulement la parole malheureuse de cette politicienne sur "l'islamo-gauchisme" et le tollé qui a suivi. Un chroniqueur avisé signala en passant que ce qui avait tellement déplu à la Gauche détenant le monopole du pouvoir culturel, c'est que le mot n'avait pas été inventé par elle pour dissimuler une réalité à dénier. Ce mot venait d'en face, il était donc faux : le front du langage est donc bien politique.

Ce dictionnaire est précieux parce qu'il accroît et affine en nous la méfiance envers la langue des médias et de la publicité (c'est la même, Philippe Muray l'avait bien vu), et donc, du même coup, la méfiance envers nous-mêmes, qui sommes imprégnés et abreuvés à toute heure du jour de cette parlure. Ce dictionnaire permet de revoir d'un oeil critique ce que nous écrivons, à l'affût du moindre cliché, de la moindre concession à la langue des barbares, qui apparaîtraient sous notre plume. Il s'agit moins d'être correct, que d'être sobre, et libéré des oripeaux de l'époque. Cet effort sur nous-même, par lequel chacun tente de s'améliorer, de se hausser à un niveau supérieur (non pas supérieur à celui des autres, mais à ce qu'il est spontanément, naturellement), s'appelle "culture". C'est un travail de tous les instants, exaltant, car il ne finit jamais.
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