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Citations sur Dictionnaire des mots parfaits (17)

ÉPHÉMÈRE - Valérie Zenatti -

(...) j’ai su ce jour qui devait être proche de mes dix ans que je venais de vivre mon premier coup de foudre avec un mot, qu’il contenait de quoi m’accompagner, me réconforter, car si l’on pouvait dire une joie éphémère, il était possible de dire également une douleur éphémère, et la beauté sonore de l’adjectif adoucissait déjà cette douleur.
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SAPERLIPOPETTE - Jerôme Meimoz -

Quelle perfection sonore, quelle subtile acrobatie de consonnes et de voyelles ! Quel joyeux vocable qui évoque la liberté des tréteaux, les bagarres de Guignol, la stupéfaction rieuse devant un imprévu. Ce mot vous met en joie, rien qu’à le dire ou à l’entendre, il dédramatise toute embrouille, ensoleille tout échange. La langue s’y donne comme un jeu d’enfant.
Saperlipopette !
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AIR - Didier Pourquery -

Sans air on meurt. Sans airs, j’étouffe. Il me faut de l’air dans les poumons et des airs plein la tête. De l’air, des airs. Mon grand-père roulait les R. Les airs ? Sa voix chantait comme l’air dans les pins et les airs de veillées de Gascogne. L’air est double. Le mot est aussi une lettre. L’air s’envole, l’R le retient. Je retiens l’air, je l’ai en mémoire, il flotte comme un souffle. L’air est toujours musical, c’est l’aria, la mélodie, harmonie qui vient de l’inspiration et part dans les cintres, projetée par le souffle.
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ÉTERNITÉ - Frédérique Deghelt -

Coincée dans le dictionnaire entre Étendre et Éternuer, elle repousse même les frontières des mots qui l’encadrent. Mais il faut bien l’avouer, être ce mot flamboyant qui n’a ni début ni fin ... quel rêve absolu, surtout quand on est l’anagramme de l’étreinte.
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CORNICHON - Frédérique Deghelt -

(...) son espace sonore en fait un mot parfaitement subtil. Il a une existence acoustique hors norme. Il est une déclaration insolite avant que d’être le fiancé des viandes froides. Qui aurait pu à la fois être fruit, se déguster dans l’aigritude du vinaigre et se déclarer corps et nichon ? Il évoque la chair douce alors même que sa saveur convoque un rictus (...)
A l’âge où lire n’existe pas encore, les mots sont d’abord une oralité tandis qu’on vous apprend ce que nommer les choses veut dire. Cornichon était donc un mot pour rire alors que le déguster faisait plutôt grimacer. J’aimais qu’il soit double, qu’il parle d’autre chose que ce que l’on mangeait. Je m’appliquais à bien le prononcer pour que les adultes entendent son ambiguïté. Mais ça n’avait pas l’air de fonctionner. Ils connaissaient l’orthographe, leurs oreilles s’étaient désormais bouchées.
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CHOSE - Alain Leygonie -

Chose ... En voilà un mot, un bon mot ! Mot élastique, extensible à souhait, polysémique comme pas deux (comme pas cent). S’étire, cultive le flou dans des expressions comme « quelque chose, pas grand-chose, peu de chose, bien des choses (bien des choses à madame), de choses et d’autres, chaque chose en son temps, chose promise, chose due, les choses humaines, les choses de la vie, leçon de choses, se sentir tout chose, prendre les choses du bon côté (par le bon bout), aller au fond des choses, les choses étant ce qu’elles sont ... »
Bien dit, bien trouvé. Les choses sont précisément ce qu’elles sont, c’est là leur plus grand mérite.
(...)
Pris isolément, le mot chose n’est peut-être pas le plus musical qui soit, de ce point de vue on fait mieux (papillon, alouette, cauchemar), mais il résonne comme aucun dans les expressions comme : « les choses de la vie », « les choses humaines » (Aragon : « j’ai tout appris de toi sur les choses humaines ») ou encore « aller au fond des choses », une expression qui fait sens. Qui vient nous rappeler que les choses ont du fond, sont profondes. Une plume qui tombe a une profondeur, un poids métaphysique considérable. Une essence tombée du ciel.
C’est en cela que le mot « chose » est parfait.
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CHAGRIN - Nathalie Azoulai -

Le chagrin sonne à nos oreilles comme un refrain de comptine où il n’est question que de petit lapin, de sauts et de jardins, alors qu’il mériterait plus de considération. (...)
Le chagrin est par définition ce dont on se remet toujours et jamais, une peine intrinsèquement itérative qui égratigne, entaille, écorche la peau à coups de lignes et de stries, y gravant à force le cadastre de nos récidives les plus intimes.
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VIE - Jean-Pierre Martin -

(...) un mot comme « la vie » (...) malmené, blessé, trituré, malaxé, banalisé, fatigué, mal famé, cuisiné, vieilli, manipulé, avili, dévitalisé ... exposé à la routine, au train-train, à une usure paléolithique ... battant le pavé, courant les champs, empruntant étourdiment tous les chemins qui bifurquent, distribuant ses increvables clichés : c’est la vie, c’est pas une vie, on a qu’une vie ... eh bien malgré toutes ces épreuves, elle ne cesse de renaître sous nos yeux, la vie. Presque intacte. Énigme entière. Mannequin de haute couture qui change de vêtement avec professionnalisme : spirituelle, matérielle, animale, végétale, humaine, toujours à l’aise, toujours à son rythme, surpassant par son énergie tout adjectif qui prétendrait la circonscrire.
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BOUQUINISTE - François Bordes -

(...) le mot bouquiniste allume tous ses feux éclaire des pans d’ombres - mot parfait car il dit le combat pour la vie silencieuse muette active et hasardeuse des livres qui passent de mains en mains, bouquins riches de temps sans autre valeur que leurs poids d’expériences, d’espérances et de rêves.
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La langue allemande dispose d’un joli terme, « Lieblingswörten », pour désigner les mots favoris, les mots « aimés ». Tintement de clochettes dans ce vocable qui sent l’enfance, et sans doute n’est-ce pas un hasard si souvent les écrivains évoquant leurs « Lieblingswörten » les rapportent à la période enfantine. (...)
Car restituer aux mots leur « scientillement d’écume », retrouver en eux ce qu’ils eurent et gardent pour nous d’emotion, de charme, de beauté et de justesse (« de perfection »), peut renvoyer à l’idée d’une langue des origines telle que l’imaginait Jean-Jacques Rousseau : « On nous fait du langage des premiers hommes des langues de géomètres, et nous voyons que ce furent des langues de poètes », car, nées des affects, « les premières langues furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodique ».
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