Il faut tout donner, sans réserve et continûment, dans le désir. Ne pas compter, ne pas s'économiser, ne pas frustrer, même légèrement. (...)
Ne jamais craindre la profusion, la générosité des mots et des gestes, l'abondance des déclarations - dire et offrir sans frein. Abonder.
Jouer avec le plaisir de l'autre, le faire douter s'il est partagé avec la même intensité - mauvais calcul. Cette sorte de manque ne vaut rien au désir. Il le rabaisse, le ramène vers l'émotion très ordinaire de l'inquiétude, le transforme jusqu'à changer sa nature: au lieu d'un grand rire lancé contre la mort, cette plainte chétive - m'aimes-tu? me désires-tu? Au lieu de la splendide exaltation du corps-esprit, les petites misères de la détresse affective.
Quand tout interdit aura disparu, restera notre tremblement émerveillé devant la nudité.
41.
Tu aimes, chez Beloizo, qu'il veuille comme toi interpréter toute la gamme de l'érotisme et, glissant ou syncopant, que vous passiez au gré des instants de la crudité la plus crue à la douceur, l'obscénité, l'humour, la violence et jusqu'aux minuties de la tendresse. Sur vos longs claviers amoureux (mots, gestes et postures), vous exploitez sans relâche toutes les octaves imaginables, et jusqu'aux accords les plus dissonants.
Saint Augustin: celui qui se perd dans la passion est moins perdu que celui qui perd sa passion".
Il te désire. Alors tu retrouves cet état bienheureux de l'enfance, quand tu croyais sans avoir besoin de le dire que tu étais l'enfant la plus merveilleuse du monde, car c'est ainsi que te regardaient tes parents.
Ne jamais craindre la profusion, la générosité des mots et des gestes, l'abondance des déclarations - dire et offrir sans frein. Abonder.
44.
Agenouillée sur le lit, tu contemples son bel argument, légèrement arqué, dressé vers son nombril. A cette vue se lève en toi, irrépressible, l'envie d'y porter la bouche, et tu te penches vers le gland soyeux, tes lèvres frôlent la peau tendue, tu l'embouches et le lâches, tu le lèches, ici et là, autour, partout, puis plus méthodiquement tu enlèvres la verge et l'avales, souffle coupé. Allées et venues. Tu ne sais pas comment tu sais, d'un très intime et sûr savoir, ce qui fait plaisir à l'homme nu, ni pourquoi l'emboucher te rend source vive, sucs inondant ta vulve.
Refus de la merveille : de même que l’esprit poétique n’est pas donné à tous, qu’on peut passer devant ce bouquet, ce mur d’un gris fascinant, cette haie, cette atmosphère de gare désaffectée, ce ciel nocturne orange qui éclaire si étrangement les immeubles, de même qu’on peut regarder et ne rien voir, on peut ne pas saisir la beauté du désir et son énigme renouvelée.
221.
La joie rend désirable.
116.