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Critique de Ahoi242


En 1925, séparé de Lili Brik et ne traînant plus à l'arrière des taxis, Vladimir Maïakovski entreprend enfin un voyage aux États-Unis via le Mexique et Cuba. de ce voyage, il en reviendra entre autres avec un Ma découverte de l'Amérique. Longtemps partiellement traduit en français, Ma découverte de l'Amérique a été intégralement publié en 2017 par Les éditions du Sonneur avec une préface de Colum McCann.

Lettres d'Angleterre est l'équivalent pour Karel Čapek de Ma découverte de l'Amérique pour Maïakovski.

Aussi, il est dommage que les éditions de la Baconnière - c'est le troisième livre de l'écrivain tchèque qu'elles publient - n'aient pas jugé bon d'introduire le texte de Čapek par une préface comme Les éditions du Sonneur l'avaient fait pour Ma découverte de l'Amérique.

Le quatrième de couverture apprend simplement au lecteur que le voyage a été entrepris en 1924, qu'il s'agissait d'une invitation dans le cadre du congrès national du PEN Club* et de la British Empire Exhibition**. C'est un peu court dans la mesure où, en 2017, Karel Čapek est désormais un inconnu notoire. Inconnu parce que peu de personnes savent qui est Karel Čapek ; notoire car c'est lui qui a introduit le mot robot - inventé par son frère - dans sa pièce de théâtre R.U.R. de 1921. Il eut été bien de le rappeler au lecteur d'autant que ce quatrième de couverture indique que Karel Čapek est « Critique face au Progrès ».

Cette précision faite, ces Lettres d'Angleterre est un récit de voyage en Angleterre, dans une moindre mesure en Écosse, et dans une très moindre mesure en Galles septentrionale et en Irlande - cette dernière destination lui est d'ailleurs déconseillé par toutes les personnes qu'il rencontre. Dans un récit, « [accompagné], pour mieux montrer les choses, de dessins de l'auteur », tantôt grave - sur l'extrême misère de l'East End, sur le colonialisme lors de sa visite de la British Empire Exhibition, ... - tantôt drôle - sur la cuisine anglaise, sur les clubs anglais, sur l'art anglais, sur les dimanches anglais et écossais, … et sur lui-même -, Karel Čapek partage avec le lecteur sa découverte des différentes facettes du Royaume-Uni. Tantôt admiratif, tantôt critique de la perfide Albion, le texte de Karel Čapek reste sur certains points résolument moderne et d'actualité comme il est coutume de le dire désormais.

En comparaison du récit de Maïakovski, ce récit de lecture très agréable et plus drôle reste plus léger (par exemple, sa critique du progrès et des machines n'est pas très profonde, ni systémique), moins « épiphanique » en quelque sorte et parfait pour être lu à l'arrière des taxis.

* Association d'écrivains internationale fondée en 1921 par Catherine Amy Dawson Scott, le PEN club international a pour but de « rassembler des écrivains de tous pays attachés aux valeurs de paix, de tolérance et de liberté sans lesquelles la création devient impossible ».
** La British Empire Exhibition est une exposition coloniale qui s'est tenue en 1924 et 1925.
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