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Critique de HordeDuContrevent


La faute à Eric (@Eric76) si j'ai lu ce livre, oui c'est à cause de sa si convaincante critique que je l'ai ouvert par curiosité, ai lu les premières pages sans pouvoir ensuite le poser. Parce que le thème, franchement…voilà je suis gênée de vous dire que « Celle qui a tous les dons » de l'anglais Mike Carey est un livre de zombies…et encore plus de vous avouer que j'ai beaucoup aimé. La faute à Eric, je n'y suis pour rien dans cette faute de gout qui va venir entacher ma page Babelio jusqu'ici impeccable (quoique la SF pour certaines et certains ne serait pas de la « vraie » littérature – si j'en crois certains messages privés - donc le terme d'impeccable est à relativiser dans mon cas).

Allez, je me dois d'être franche : j'ai dévoré ce livre. Telle une affam(ée)…Est-ce le fait de n'avoir jamais lu ce genre de récit qui mélange le post-apo et le thriller, (et les zombies donc) ? Serais-je ainsi une éponge, une lectrice aux shakras bien ouverts facilement « émerveillable » ? Ou les amateurs du genre vont-ils eux aussi trouver ce récit bon et haletant ? Je ne sais pas du tout. Je demande l'aide d'une ou d'un ami, je téléphone à @NicolaK : si tu le lis, tu pourras me dire ce que tu en penses, toi l'amoureuse des thrillers ?

J'ai haleté, frissonné, grimacé…j'ai tourné les pages, avec effroi et dégout, parfois en sautant les mots ou en fermant les yeux…et ce livre m'a donné l'impression d'un livre en forme de ciseau : un début (assez épais, à peu près un bon quart du livre) formidable, une fin surprenante et un milieu de course poursuite de facture plus classique, un road trip post-apocalyptique aux questions darwiniennes. La 4ème de couverture parle d'un mélange de Kazuo Ishiguro et The Walking Dead. Pas faux…le début à la Kazuo Ishiguro : nous sommes dans les pensées de Mélanie et j'avais l'impression de reconnaitre le style singulier du livre « Klara et le soleil » d'Ishiguro, la fin magistrale un peu dans le même style et le milieu du livre est clairement du walking dead. Première partie et fin surprenante et milieu plus classique. Ce mélange fonctionne bien.

C'est une petite fille bien sage qui s'appelle Mélanie. Drôle de prénom pour cette petite fille toute pâle, Mélanie voulant dire « noire » mais quand elle est arrivée là, au centre militaire, on en était au M. Comme pour les chiens. Elle aurait préféré s'appeler Pandore, prénom qui signifie « celle qui a tous les dons », référence à la mythologie qu'elle aime tant. Elle va à l'école avec d'autres enfants qu'elle n'a jamais vu…oui car ils sont tous attachés, pieds, mains, et cous solidement sanglés à des fauteuils roulants. Plusieurs militaires amènent chaque enfant ainsi de leurs cellules à la salle de classe. Parfois certains disparaissent et ne reviennent jamais…devenus fruits d'expériences scientifiques. La seule touche de couleur, d'espoir est Mlle Justineau, une des enseignantes. Seule elle les voit comme des enfants alors que pour tous les autres ils sont juste des sujets et l'espoir d'en connaitre davantage sur ce qui a décimé les humains lors de la Cassure provoquée par un champignons infectieux il y a une vingtaine d'années. Regardez plutôt ce que ça donne sur des fourmis et imaginez :

« La voix aux intonations de miel du célèbre documentariste, évocatrice de douce campagne anglaise aux jardins parfaits, décrivait avec une tendresse incongrue la façon dont les spores d'Ophiocordyceps reposent inertes sur le sol, dans des environnements humides tels que ceux de la forêt tropicale sud-américaine. Collantes, elles se fixent sur d'innocentes fourmis cherchant leur nourriture en adhérant à la partie inférieure de leur thorax ou de leur abdomen. Une fois en place, elles étirent des filaments de mycélium qui pénètrent dans le corps de l'insecte, puis s'attaquent à son système nerveux. Les fungi court-circuitent les fourmis ».

Le fungus se répand à travers le corps de la fourmi pour finir par exploser hors de sa tête…il a fini par « sauté la barrière des espèces, puis celles des genres, des familles, des ordres et enfin des classes. Il s'est hissé jusqu'au sommet de l'arbre de l'évolution, si l'on admet une seconde que l'évolution est un arbre, qui possède un sommet ».

L'homme infecté n'est plus que l'ombre de lui-même (physiquement il ressemble aux zombies dans le clip de Mickael Jackson, vous voyez bien, j'en suis certaine) : complètement apathique, statique sauf lorsqu'il sent des phéromones, une source de chaleur humaine, qu'il désire impulsivement dévorer (et par le même coup il transmet la maladie). Ils sont appelés des affams. Mélanie est-elle une affam ? Si oui pourquoi pense-t-elle ? a-t-elle toujours des réflexions et des sentiments ? « Ces enfants ont beau être infectés depuis des années, ils parviennent toujours à penser et à parler. Et même à apprendre ». Cette immunité partielle justifie les expériences scientifiques dont ils font l'objet.

« C'est ainsi qu'il se propage – par la salive, essentiellement. La morsure sert à la fois à procurer un aliment à l'hôte et à diffuser la contamination. D'où l'extrême prudence dont nous faisons preuve dans le maniement des sujets d'expérience. Et d'où également – (soupir) – la nécessité de la présente mise en garde ».

Le début du livre met en valeur la vie et les interrogations de Mélanie…puis le rythme s'accélère et nous sommes dans un monde d'horreurs. J'avais l'impression d'une succession de cauchemars ponctués de scènes de toute beauté…mélange fascinant. Une lutte pour survivre dans des conditions horribles.

Pas du tout habituée à ce genre de littérature, j'ai été happée et bluffée par ce livre. Je ne connais pas les codes des livres de zombies et sans doute comporte-t-il des défauts que je n'ai pas su voir, si ce n'est, j'imagine, les éléments classiques de la course poursuite semée de moments de tension extrême. Je l'ai dévoré et ai trouvé l'écriture assez bonne, parfois même franchement excellente. Les interrogations sont riches. Oui, faire un pas de côté fait du bien de temps en temps ! Un grand merci Eric !! Et comme lui je vous conseille ce livre même si les zombies ne sont pas votre tasse de thé !
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